Qatar : Est-il sérieusement possible de tolérer que des milliers de personnes meurent de chaud ou d’accident uniquement pour que se tienne dans les temps une compétition de football ?

Cette année, la Coupe de monde se déroule au Qatar en novembre et décembre. J’aimerai avec vous parler des conséquences de cette Coupe du monde.

Premièrement, plus de 6.500 ouvriers originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts au Qatar depuis que le pays a obtenu l’organisation de la Coupe du monde 2022, il y a dix ans. Le nombre réel de morts est même supérieur, puisque les données d’autres pays, dont les Philippines ou le Kenya, qui comptent de nombreux ressortissants travaillant au Qatar, n’ont pas été recueillies. La notion de « mort naturelle » est variable. Il y a un lien entre les décès causés par des accidents cardiovasculaires et les effets de l’exposition prolongée des ouvriers aux fortes chaleurs. Le Qatar reçoit une opinion internationale controversée concernant les travaux de préparation de la coupe du monde. Les conditions de travail des ouvriers sont inadmissibles et violent les droits de l’homme. Partout dans le pays, des gigantesques chantiers ont lieu. Le droit du travail n’est pas respecté, les ouvriers sont dans une situation de surexploitation. Est-il sérieusement possible de tolérer que des milliers de personnes meurent de chaud ou d’accident uniquement pour que se tienne dans les temps une compétition de football ? Il y a des morts revenant du Qatar tous les jours. On parle là de milliers de cadavres qui sont entassés sous les yeux du football mondial. Qui veut encore taper le ballon à l’ombre de ces invisibles pyramides de cadavres ?

Ensuite, comme tout bon évènement sportif international, l’accueil d’une coupe du monde est une opportunité économique majeure pour le pays hôte. Tout le monde possède des intérêts financiers conséquents ; les gouvernements, les commerces, le tourisme, les marques et les sponsors. En matière d’argent injecté, le gouvernement Qatari prévoit d’investir plus de 200 milliards de dollars pour financer et préparer la coupe du monde. Le Qatar est même en train de bâtir une nouvelle ville Lusail, capable d’accueillir 250 000 personnes. Le Mondial au Qatar sera le plus cher de l’histoire. Mais serait-il pour autant un succès populaire ? Pas simple de mobiliser les supporteurs en masse à la période de novembre-décembre. Et quelle sera l’attitude de ceux qui suivront la compétition depuis leur pays ? Un Mondial estival coïncide avec une période proche des vacances, propice à la consommation. Cela ne devra pas s’arranger en novembre et décembre 2022. En Europe, dans le froid de l’hiver, les restaurateurs et les bars pourraient faire grise mine. Les supporteurs privilégieront peut-être plus le chocolat chaud chez soi que la bière en terrasse avec des amis…

Par ailleurs, la Coupe du monde à venir a tout d’un scandale écologique. On peut tout d’abord s’interroger sur l’utilité des nombreux stades qui sortent de terre depuis une dizaine d’années dans un pays de 2,7 millions d’habitants. Que fera-t-on des 80 000 places du stade de Lusail une fois la compétition terminée ? Est-ce que cela valait vraiment la peine de construire une telle infrastructure, dans une ville qui n’existait même pas il y a encore quelques années, pour une poignée de rencontres seulement ? L’empreinte écologique de la compétition est elle aussi controversée, d’autant plus avec la problématique écologique auquel le monde fait face jour après jours. La température n’étant pas optimale pour faire du sport même pendant la saison hivernale. Le Qatar a donc prévu de construire des systèmes de climatisation géants pour chacun des stades, apportant encore un peu plus un impact négatif sur le climat avec des émissions massives de Co2. A souligner que le Qatar est le pays qui émet le plus de Co2 par habitant.

...