Est il encore possible de préserver le secret ?
Dissertation : Est il encore possible de préserver le secret ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eKo79 • 12 Mars 2022 • Dissertation • 1 876 Mots (8 Pages) • 420 Vues
A la lumière de vos expériences et de vos lectures, pensez-vous encore possible de préserver le secret aujourd'hui ?
Benjamin Griveaux, candidat à la mairie de Paris en vue des dernières élections municipales de 2020, s’est vu obligé de retirer sa candidature, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos à caractères sexuels le concernant. Chaque élection, chaque affrontement entre candidats voit sans cesse ressurgir la question de la place du secret dans nos société contemporaines. Si le secret -qui vient du latin « secretus » signifiant mettre de côté, séparer- est volontairement dissimulé, car il n’y a en effet pas de secret sans découverte et logiquement pas de découverte sans dissimulation. Il trouve cependant de nos jours de moins en moins d’adeptes. C’est avant tout un fait social, qui consiste en l’action de priver volontairement autrui de l’accès à une information qui pourrait ou devrait le concerner, ce qui crée forcément une situation d’inégalité entre celui qui sait et celui qui ne sait pas. Le secret est donc de plus en plus mis en danger par des principes tels que la publicité ou la transparence. Cette dernière apparaît désormais comme la vertu politique du moment, auquel chacun essaie d’adhérer tout en protégeant au maximum ses petits secrets, paradoxalement. Nous nous demanderons aujourd’hui en quoi le secret semble être mis en danger par nos sociétés démocratiques. En premier lieu, nous nous pencherons sur la façon dont le secret est mis en accusation dans nos sociétés actuelles, avant de nous intéresser au rôle important du secret dans le bon fonctionnement de nos régimes démocratiques.
Le secret se trouve dans les sociétés contemporaines mis en accusation, en effet, les politiques contemporaines semblent désormais se construire à l’encontre du principe du secret. De nos jours les secrets sont assimilés à la simulation et au mensonge. Cette vision est héritée du XVIIIe siècle, le « siècle des Lumières ». En effet, à la suite de la Révolution Française, le secret a immédiatement été assimilé aux monarchies de droits divins et aux régimes régaliens, tant détestés et enfin abolis. Héritiers de 1789, nous avons cultivé cette vision du secret jusqu’à aujourd’hui. Désormais, le simple fait de commettre une action en secret, à l’instar du député François de Rugy qui mangeait des homards dans l’enceinte de l’assemblée nationale, est automatiquement réprimandé et bien plus critiqué que si cette action avait été effectuée au regard de tous dès le premier instant. Le secret est donc directement associé à un principe que tout le monde déteste, celui du mensonge. Même si Simmel affirme le contraire, l’imaginaire commun assimile immédiatement les principes de secret et mensonge, et dans une société qui réclame toujours plus de savoir et de transparence, cela pose inévitablement un gros problème. De plus, certains domaines considèrent le secret comme pervers, le monde de la communication en particulier. Dans Une société de communication, Erik Neveu théorise l’idée selon laquelle tous les problèmes seraient liés à un manque de communication, et donc plus largement au secret. Il suffirait selon ses hypothèses, qu’il considère lui-même comme des mythes, de communiquer au maximum pour que tous les problèmes se résolvent.
Cette mise en accusation du secret s’accompagne d’une volonté du peuple d’un droit de savoir.
Les citoyens affichent et demandent sans cesse au gouvernement une plus grande transparence. En effet, le 16e président des Etats-Unis disait : « la démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Ainsi, les citoyens réclament, comme l’expliquait NEVEU, un contrôle sur leurs élus, leurs décisions et leurs finances afin de s’assurer qu’ils agissent selon le mandat qu’ils ont reçu. Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans des sociétés où les citoyens exigent toujours plus de contrôle sur l’éthique des hommes politiques, on demande le retrait d’un homme politiques, la mise sur la touche d’un humoriste ou encore l’interdiction de présence d’un journaliste. Et ces exigences augmentent avec notre entrée depuis une quinzaine d’années dans une ère dite du « numérique » et du fait des avancées technologiques. Le secret apparait comme étroitement lié aux questions du savoir et de l’information, en effet, les informations circulent plus facilement, plus rapidement et donc la soif de savoir et de transparence du peuple est de plus en plus difficile à étancher. Ainsi, la société actuelle se retrouve fondée sur le principe de publicité de KANT, dire ce qu’il faut sans non plus trop en divulguer, communiquer les informations nécessaires à la compréhension de la politique menée par le gouvernement mais sans jamais tout expliquer ou clarifier. Il s’agissait d’une des volontés de Gorbatchev qui, avec sa politique du Glasnost, a tenté à la fin de la guerre froide de mettre en place une politique de libre circulation de l’information en Union Soviétique.
Si la transparence est si fortement réclamée par les citoyens depuis quelques temps, c’est parce qu’elle constitue un pilier inébranlable de nos démocraties contemporaines.
En effet, elle permet de lutter contre une image néfaste du secret, qui apparait désormais comme trop arbitraire en excluant une très voire trop grande partie de la population des prises de décisions. De plus, elle légitime la démocratie, en effet, dans une société transparente, les différents acteurs impliqués dans la vie politiques sont en possession, comme le reste de la population, de toutes les informations nécessaires à la prise de décisions logiques et éclairées. La publication des actes politiques, comme la retransmission télévisée des débats du Sénat sur la chaine gratuite et accessible à tous, public sénat ; permet aux citoyens de s’informer mais également de garder un certain contrôle et d’exercer une surveillance sur leurs élus, afin qu’aucun secret ne perturbe le bon déroulement de la vie politique.
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