Les Fondamentaux des droits
Analyse sectorielle : Les Fondamentaux des droits. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hercule75 • 27 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 2 599 Mots (11 Pages) • 685 Vues
La principale difficulté du sujet, tel qu’il est formulé, tient à ce qu’il est très difficile de prime abord d’en
définir les termes, tout particulièrement le terme de « fondamentalité ». C’est toute la difficulté du sujet,
mais aussi tout son intérêt : votre réflexion mérite d’insister sur la portée et le sens de ce vocable – sachant
que le droit est fait précisément de mots…
Le terme de « fondamentalité » est extrêmement significatif en lui-même. La fondamentalité désigne
d’abord l’attribut d’une chose en tant que celle-ci est fondamentale, c’est-à-dire en tant qu’elle constitue un
fondement. Mais qu’est-ce qu’un fondement ? C’est d’abord, au sens le plus abstrait, le fond, la base (mais
attention à l’anglicisme « baser » auquel il faut préférer justement « fonder »), la fondation (avec une
connotation architecturale, le terme « fond » étant issu du sanskrit qui signifie le sol), bref : ce sur quoi
repose un ensemble (de connaissance, de valeurs, de phénomènes, etc). Fonder est synonyme d’établir,
construire, bâtir, instituer. L’adjectif « fondamental » désigne donc (toujours sur le plan le plus abstrait) ce
qui constitue la base de quelque chose. On peut donc dire que le fondamental désigne ce sans quoi une
chose n’existerait pas, ou encore ce qui fait qu’une chose existe1
.
Les droits visent ici les droits au sens subjectif du terme, c’est-à-dire les prérogatives attachées aux sujets
de droit en tant que tels, distincts du Droit objectif (sans qu’ils soient nécessairement opposés à ce
dernier). Un droit existe si cinq conditions sont remplies (titularité du droit, contenu, obligations pour les
tiers, opposabilité, possibilité d’une sanction2
). Il ne faut sans doute négliger non plus la porosité des
catégories de droit et de liberté : une liberté est une capacité ou un pouvoir d’autodétermination, elle est
donc moins définie dans son contenu qu’un droit. Tous les droits ne sont pas des libertés (notamment les
droits touchant à l’ordre public, comme le droit à la dignité, ne laissent guère place à la liberté ; ou encore
les droits-créance), certaines libertés ne sont pas des droits (il s’agit alors de simples facultés, offertes mais
non garanties en tant que telles) mais des droits peuvent reconnaître des libertés3
. C’est pourquoi le terme
de « droits » devrait accorder une certaine place aux « libertés ». Il faudra également penser aux « droits de
l’Homme » (cf. corrigé n° 1).
Enfin, le sujet parle de la « fondamentalité des droits » : ce sont bien « les droits » qui font ici l’objet de la
fondamentalité, ce sont eux – dans leur pluralité même – que l’on entend qualifier de fondamentaux (et non
pas, par exemple le Droit en général ou tel droit en particulier).
II - MISE EN ORDRE : QUELQUES REPERES
Si l’on prend au sérieux la difficulté dans laquelle on se trouve à définir précisément la « fondamentalité »,
il apparaît que le sujet lui-même implique une interrogation sur cette difficile définition – sur son sens, ses
raisons, ses limites, ses dépassements éventuels – auquel cas une définition de la fondamenlalité pourra
éventuellement être proposée, non pas au début du devoir, mais à son terme, une fois les difficultés
épuisées et/ou clarifiées.
1°) Parler de « fondamentalité des droits » paraît essentiellement vouloir désigner le fait que les droits sont
au fondement de quelque chose, qu’ils constituent et permettent l’existence de cette chose. S’ils sont
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 1
Pour tous ces points, v° « Fond » et « Fondement » in Alain REY (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert. 2
Le critère de la sanction doit être précisé : l’effectivité d’une sanction n’est pas une condition de l’existence du droit en question, car les faits
ne conditionnent pas la normativité juridique (sinon les faits auraient toujours raison face au droit). Ce n’est pas la sanction qui fait le droit
mais au contraire le droit qui justifie et impose une sanction lorsque c’est nécessaire pour le droit.
3
V° « Droits et libertés (distinction) » par Alexandre VIALA, in Dictionnaire des droits de l’homme, 2008, p. 329.TD de Droit des Libertés Fondamentales
François Brunet - Equipe du Pr. Picard – 2011
fondamentaux, les droits sont au fondement, au principe de cette chose. Mais quelle est cette « chose »
constituée par « les droits » ?
Par ailleurs, parler de « fondamentalité des droits » invite également à s’interroger sur la façon dont « les
droits » sont fondamentaux, ou plus exactement sur cette qualité qu’ils ont en commun d’être (dits)
fondamentaux : quelle est la fondamentalité, quels sont ses attributs, ses caractéristiques ? Est-elle
unitaire, ou multiple ? Duale (il y aurait ce qui est fondamental et ce qui ne l’est pas) et/ou graduée (il y
aurait des degrés de fondamentalité) ?
Enfin
...