La raison d'état est-elle la raison du plus fort?
Dissertation : La raison d'état est-elle la raison du plus fort?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Valeria Macarova • 9 Novembre 2017 • Dissertation • 2 954 Mots (12 Pages) • 3 097 Vues
La raison d’état est elle la raison du plus fort ?
On serait tenté d’appliquer à la raison d’Etat ce que Rousseau dit à propos d’un pseudo «droit du plus fort» : un droit «pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe». De prime abord, il semble, en effet, que l’on ne puisse pas employer une telle expression sans un certain paradoxe ou un certain cynisme puisque la raison d’Etat est justement évoquée toutes les fois où l’Etat agit sans donner les raisons de son action. L’Etat est l’ensemble des institutions politiques régissant la vie des citoyens dans une quelconque société, il exerce donc logiquement une forme d’autorité sur la population.
La philosophie repose sur un concept fondamental : la raison, (ou rationalité). C'est sur ce concept que se fonde sa prétention à parvenir à un accord entre les esprits.
En fait de raison, la raison d'État apparaît bien plus comme un déni de toute raison. La raison d’Etat nous renvoie au fait même du pouvoir; un pouvoir qui n’attend pas de donner ses raisons, de se légitimer, pour s’exercer. Comment faut-il donc comprendre la raison d’Etat ? Est-elle une violence légitime ou arbitraire? Est-elle un déni de raison ou l’expression d’une raison supérieure ?
Un simple abus de pouvoir ou la condition de possibilité de tout Etat de droit ? Si la raison d’Etat est un état d’exception, cette exception semble engager la définition de l’Etat lui-même et nous oblige à nous interroger sur les rapports entre le droit et la violence, à penser la spécificité de l’ordre politique. Peut-être que l’Etat est, essentiellement et avant tout, une puissance et une force avant d’être l’expression d’une quelconque raison. Doit-on pour autant comprendre cette puissance comme la simple expression d’une loi du plus fort ?
Comment l’état peut il ne pas donner ses raisons sans renoncer à toute légitimité?
D’après Aristote il ne peut y avoir de société quelconque sans état,fait qui rend la place de l’état essentielle. Mais la raison d’état est elle cependant la raison du plus fort ?
De prime abord nous verrons les aspects qui valident la théorie que la raison d’état peut être considérée comme la raison du plus fort. En second lieu nous discuterons justement cette validité pour nous demander si elle est effectivement juste sur tous les points. Et pour finir nous nous demanderons s’il est en effet légitime qu’il y ai un plus fort et un plus faible dans notre société et s’il ne serait pas plus juste d'être dans une société où l’état n’est pas le “roi”
Oui la raison d’etat peut être considérée comme la raison du plus fort
D’emblée, chacun est conscient de la force et de la puissance des institutions régissant l’état. Celui-ci contrôle les forces de l’ordre qui elles, veillent au bon respect des lois, mais surtout connues pour leur légitimité à user de la violence. L’état, étant le créateur des lois, veille à leur bon fonctionnement et à leur respect par la population. De quoi l’Etat est-il censé être le garant, si ce n’est
justement du droit? La raison d’Etat consiste donc peut-être dans la violation d’une loi particulière mais cette violation se légitimise comme la condition du maintien du droit lui-même. Dès lors, la raison d’Etat n’est que la conséquence de cette raison supérieure : garantir le droit .
Rousseau dans Le contrat social, énonce le fait que les individus, en acceptant d’appartenir à une société quelle qu’elle soit, évitant ainsi d’habiter dans un état de nature, signent un contrat par lequel ils s’engagent à respecter les lois de la société à laquelle ils s’apprêtent à appartenir, ainsi le pouvoir conféré à celle ci semble légitime.Jean Bodin est considéré comme le premier à avoir défini la notion de "souveraineté". Il écrit qu'elle est un attribut essentiel de l'État. Il estime qu'aucun pouvoir n'est supérieur à la puissance souveraine. Il avance que la puissance souveraine n'a aucune limite. Toutefois, elle s'exerce sur le domaine public et non sur le domaine privé.Pour Bodin, la souveraineté ne se partage pas. Elle est aux mains d'un seul législateur. Bodin défend plutôt la monarchie, mais insiste pour que le roi soit soucieux du bien commun et défende les droits et libertés de ses sujets.“La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République.” Même dans une démocratie où le peuple est souverain on peut se demander s’il n’est pas nécessaire qu’un gouvernement tienne secrètes certaines actions de son seul ressort afin de protéger l’état et sa pérennité. C’est ce que Machiavel soutient dans son ouvrage Le prince.
Machiavel n’est pas le défenseur de la tyrannie et n’exige pas du prince une constante cruauté. Ne confondons pas Machiavel et le machiavélisme. Mais si le prince n’as pas à être un monstre sans coeur il ne peut pas non plus être constamment vertueux. La sincérité étant une vertu et en démocratie nous aspirons à avoir des dirigeants le plus vertueux possible. Or que ce soit en démocratie en monarchie ou aristocratie il semble à machiavel que la vertu est parfois préjudiciable au pouvoir. Ainsi un dirigeant parfaitement vertueux serait contraint de divulguer des secrets d’état, reconnaître toutes ses fautes et donner à l’ennemi un avantage considérable. C’est par exemple le problème de la plateforme internet “ wikileaks” qui a communiqué à des régimes violents des informations diplomatiques et militaires compromettantes. L'argument le plus couramment donné par les adversaires de Dreyfus était que la révision du procès jetterait le discrédit sur le personnel gouvernemental et militaire de l'époque.Les services secrets, sont aujourd’hui ce que machiavel appelle “ l’usage du renard”. Les actions clandestines secrètes de l’état, notamment dans le domaine politique et militaire, jugées” pour le bien de tous” pourraient choquer les individus et provoquer des crises dans la société. C’est pourquoi Machiavel legitimise l’usage du mensonge pour l’état. “ Leprince est souvent obligé, pour maintenir l’état, d’agir contre l’humanité, contre la charité, contre la religion même”, disait il. L’exercice du pouvoir justifierait donc peut être l’usage exclusif et secret de moyens exceptionnels
Dès lors, d’après Hobbes la raison d’Etat n’est pas un «accident malheureux» du pouvoir ; elle nous renvoie au contrat tacite qui fonde l’autorité étatique : si l’Etat peut
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