La raison est-elle un frein au bonheur

La raison est-elle un frein au bonheur ?

Nous avons coutume dans le langage courant d’appeler « raison » ce qui nous favorise malgré que ce mot reste utilisé peut être abusivement dans notre langage actuel. Elle est aussi universellement considérée comme le propre de l’homme, la raison se conforme à la morale. Quant au bonheur, il apparaît comme une quête universelle, souvent représentée comme le but de la vie humaine. La raison et le bonheur sont connotés très positivement mais la raison est aujourd’hui habituellement perçue comme un obstacle au bonheur. Faudrait-il alors devenir un être sans raison pour atteindre le bonheur ?  C’est paradoxal, la raison est une grande vertu chez l’homme, mais celui-ci peut parfois la contourner afin d’arriver à cet état de « bonheur » et qui très souvent ne reste pas stable. Nous pouvons donc nous demander si l’un ne freine pas l’autre. Peut-on affirmer que la raison freine le bonheur ? Mais sans celle-ci serait-on heureux ? C’est alors que l’on peut remettre en question le fait que le bonheur est freiné par la raison.

Tout d’abord, nous allons voir en quoi la raison est communément évoquée comme un frein au bonheur.

 La raison chez l’homme peut entraîner trop de questionnement, trop de psychologie qui nous détourne du bonheur simple. Elle peut créer un manque de spontanéité, car en son sens la raison s’oppose à la folie, à la passion, et c’est par exemple dans des moments de folie avec ses amis, ou une passion amoureuse qui peuvent apporter à l’homme des moments de joies et de bonheur. Les désirs sont rarement raisonnables, et notre raison peut nous priver de ce que l’on veut réellement.        

 Celle-ci peut également freiner le bonheur dans le sens où elle limite notre imagination. Kant pense que « Le bonheur est un idéal de l’imagination et non de la raison ». Selon lui, la raison ne favorise pas le bonheur. Elle freine également l’inconscient, à trop réfléchir cet idéal de bonheur, ce rêve, peut disparaître. Cette raison nous encre dans la réalité, et l’homme a besoin d’un

échappatoire, le rêve lui permet de se retrouver, c’est un bonheur personnel que la raison est en mesure de lui retirer.  

Ainsi, pour être heureux il faudrait être dénué de raison. Mais si nous n’écoutions plus notre raison, serait-on heureux ?

Alain, philosophe contemporain a réfléchi sur la question dans « Propos sur le bonheur ». Selon lui, « l’homme de premier mouvement » qui agit sans raison et donc sans retenue va blesser les personnes qui l’entoure. Ne pas être raisonnable peut entraîner un manque de savoir vivre, et par conséquent une impolitesse et une maladresse. Que ce soit par des actes ou des mots, cet homme va d’une part empiéter sur le bonheur des autres mais aussi s’empêcher d’être heureux.

De plus, un homme qui n’écoute pas sa raison, ne s’impose aucune limite. Il vit dans l’excès, n’écoute que ses désirs et vit au gré de ses passions. Ce comportement ne peut en aucun cas apporter un bonheur stable, puisque cette vie ne l’est pas. Sa vie peut devenir, au premier regard amusante, pétillante et peut faire envier certains. C’est une preuve d’immaturité que de vouloir vivre sans raison.

Alors, non, malgré les limites qu’elle peut nous imposer la raison ne serait pas un frein au bonheur.

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