Toute Croyance Est-elle Contraire à La Raison ?
Note de Recherches : Toute Croyance Est-elle Contraire à La Raison ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar moustique80 • 27 Avril 2015 • 1 877 Mots (8 Pages) • 2 627 Vues
Certains penseurs, tels que Marx, font une critique très dure de la religion : elle ne serait qu'une illusion créée afin de consoler le peuple de la misère du monde réel. Les croyances, qu'elles soient religieuses ou non, sont en effet souvent vues comme des obstacles dressés sur le chemin de la vérité et de la raison. Toutefois, l'homme est bien à la fois un animal religieux et un animal raisonnable. On peut donc s'interroger sur la possibilité de concilier la croyance, qui relève de l'affectif et de ce qui n'est pas démontré ; et la raison, qui relève de la logique et de la vérité.
Étant donné que la raison s'affirme généralement en détruisant la croyance, ces deux facultés humaines ne sont-elles pas opposées ? Peut-on concevoir des croyances qui ne sont pas opposées à la raison et qui en sont même interdépendantes ? En fait, la croyance et la raison ne sont-elles pas compatibles et même complémentaires ?
Nous verrons qu'en apparence, toute croyance est contraire à la raison, d'ailleurs, le triomphe de la raison nécessite la mort des croyances. Toutefois, toute croyance ne s'oppose pas à la raison, car elles peuvent même se reposer l'une sur l'autre. En fait, ces deux facultés peuvent coexister et se complètent pour former la pensée humaine.
IEn apparence, toute croyance est contraire à la raison : le triomphe de la raison nécessite la mort des croyances
AL'opinion et les croyances sont erronées
L'opinion et les croyances sont approximatives et s'opposent à la vérité, qui est le but recherché par la raison. Par exemples, les superstitions et les croyances religieuses ou sectaires sont souvent dénoncées comme des erreurs. Elles relèvent en effet du domaine de l'affectif plutôt que du rationnel, et ne sont pas universelles mais relatives, ce qui n'est pas acceptable pour le rationalisme.
Ainsi, Platon dénonce la doxa (l'opinion) qui est contraire à la raison et à la vérité. Les hommes seraient dans l'illusion complète, car ils croient détenir la vérité alors qu'ils ne possèdent que l'apparence du savoir.
Platon illustre sa position par l'allégorie de la caverne (La République). Il compare le monde sensible à une caverne obscure, où les hommes seraient, depuis leur naissance, enchaînés face à une paroi. En-dehors de la caverne, derrière un muret, se trouve un sentier où passent des hommes portant des figurines d'humains et d'animaux. Les prisonniers voient alors les ombres de ces objets projetées sur la paroi devant eux, et croient que ce sont les objets eux-mêmes. Ces prisonniers représentent les hommes en général, qui croient accéder à la vérité mais sont limités à des apparences, des illusions, des croyances erronées.
BIl faut privilégier la rigueur de la raison
Beaucoup de penseurs affirment ainsi qu'il faut privilégier la raison plutôt que la croyance pour atteindre la vérité. Le rationalisme est une doctrine qui pose la raison comme seule source possible de toute connaissance.
Cette philosophie s'inscrit dans l'héritage de Platon, qui déjà faisait figurer sur le portail de l'Académie, son école, « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ». Il explique en effet qu'il faut atteindre, par la raison, le monde des Idées qui détient les vérités. Seul le philosophe y a accès : il pourra se libérer de la caverne et reviendra pour annoncer la vérité aux autres hommes.
Pour les rationalistes, la rigueur de la raison permet en effet d'accéder à toutes les vérités : il n'y aurait donc pas besoin de croyances.Descartes défend l'idée d'une « mathématique universelle », selon l'idée que le raisonnement logique est un modèle universel d'accès à la vérité et le seul qui soit valable.
CLa raison s'affirme en triomphant sur les croyances
D'ailleurs, on voit bien que la raison s'affirme toujours en triomphant sur les croyances. En effet, les hommes ont tendance à expliquer d'abord le monde par des croyances : les formes du vivant ont longtemps été vues comme issues de la stricte volonté d'un Dieu (thèse du créationnisme). La raison doit alors vaincre ces convictions pour s'affirmer.
Bachelard évoque ainsi les « obstacles épistémologiques » qui ralentissent le développement de la raison. Certains sont internes à la raison mais d'autres sont externes, et en particulier on y trouve les croyances.
Auguste Comte rejoint cette idée par sa loi des trois États : l'humanité aurait traversé trois États, au cours desquels l'explication du monde a beaucoup évolué. Le monde réel fut d'abord expliqué par des intentions divines pendant l'État théologique, puis par une prétendue finalité ou volonté de la nature durant l'État métaphysique. Enfin, l'État positif ou scientifique marque le triomphe de la raison sur les croyances. Par exemple, la théorie de l'évolution de Charles Darwin prend le dessus sur le créationnisme (De l'origine des espèces, 1859).
IIToutefois, toute croyance ne s'oppose pas à la raison : elles peuvent même se reposer l'une sur l'autre
AOn peut croire en la raison
Si la croyance n'est pas toujours opposée à la raison, c'est parce qu'on peut croire en la raison. En effet, les rationalistes affirment que la raison est souveraine et innée. Toutefois, cette conviction n'est pas une évidence : ne relève-t-elle pas justement de la croyance ?
Ainsi, certains auteurs s'opposent à la toute-puissance de la raison. Par exemple, Hume affirme que la raison est soumise aux désirs car elle n'a pas de force propre, comme il le dit dans son Traité de la nature humaine, (1740) : « La raison est, et elle ne peut qu'être l'esclave des passions ; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à les servir et à leur obéir ».
Les rationalistes tels que Descartes ou Platon, qui considèrent la raison comme une évidence, seraient donc paradoxalement dans la croyance.
BLa raison s'appuie sur des croyances
D'autre part, la raison elle-même s'appuierait
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