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Histoire du droit HGGPSP

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Par   •  3 Octobre 2021  •  Cours  •  1 572 Mots (7 Pages)  •  278 Vues

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M.L

HGGPSP

« Définir al-Qaida » est un article paru dans Courrier International en 2010, écrit par Jean-Pierre Filiu (professeur associé à Sciences Po, Paris (chaire Moyen-Orient) et chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales). Ses travaux portent actuellement sur l’Islam dans la mondialisation. Cet article revient sur le phénomène Al-Qaïda et sur les graves problèmes de compréhension et d'interprétation.

Depuis le 11 septembre 2001, Al-Qaïda a produit une importante production éditoriale. Cependant, les milliers d'ouvrages, d'écrits et de recherches consacrés à ce phénomène, perçu comme radicalement nouveau, sont pour la plupart d'une qualité très douteuse. La nature floue de cette organisation clandestine s'occupant du terrorisme de masse a encouragé la conduite d'enquêtes journalistiques d'une qualité indéniable. En effet, cette organisation se distingue des autres formations islamistes par sa dimension jihadiste salafiste, mais aussi et surtout par sa vocation globale, qui contraste avec la tradition séculaire de l'islam.

Un salafisme jihadiste à vocation global

               Le concept de « salafisme » est de plus en plus populaire dans les études contemporaines des mouvements islamiques. Contrairement à la terminologie autrefois populaire d‘« orthodoxissime », le concept de « salafisme » ne semble pas avoir été importé de machines construites pour l’observation des monothéismes juifs et chrétiens. Au contraire, les acteurs impliqués prétendent suivre la voie tracée par leurs pieux prédécesseurs, le Compagnon du Prophète et les deux premières générations de l'Islam.

Al-Qaida dans la mouvance salafiste

              La revendication d'orthodoxie, constitutive du salafisme, s'étend bien au-delà de l'école hanbalite (l’une des quatre écoles de pensée formant le droit musulman du courant sunnite) et de son avatar wahhabite, auxquels se réclament les puissances de l'Arabie saoudite et du Qatar. La diversité de la famille salafiste est volatile, car il est vrai que l'approche salafiste est basée sur la nostalgie de l'âge d'or plutôt que sur une lecture critique du présent, qui est vécu comme inachevé ou injuste. Les manières d'invoquer les « pieux ancêtres » nous renseignent moins sur eux qu'elles ne nous éclairent sur les sources de pouvoir qui travaillent à capter cette légitimité dérivée du Prophète et de ses compagnons. Pour décrire un domaine particulièrement dense, Bernard Rougier a proposé une typologie très instructive, distinguant les salafismes réformistes, littéraires et jihadistes. Le salafisme réformiste trouve ses racines dans la lutte contre le panislamisme, qui à la fin du XIXe siècle a été promu par le persan Jamaleddine al-Afghani et l'égyptien Mohammed Abdou pour résister à l'agression coloniale et à l'impérialisme européen. Le projet de renouveau interne de l'islam se démarque donc du strict retour aux ressources, car il doit soutenir une véritable renaissance islamique face à l'intrusion matérialiste. La même tentative de saut civilisationnel a relancé l'Égyptien Hassan al-Banna lors de la fondation des Frères musulmans en 1928.

La vision d’un jihad global

             Al-Qaida émergea dans l’espace jihadiste d’un champ salafiste que la crise de l’été 1990 et le traumatisme du recours saoudien aux armées « infidèles » avaient durablement divisé : le salafisme littéraliste fut en effet coopté aux commandes des réseaux wahhabites de légitimation intérieure et de prosélytisme extérieur, tandis que le salafisme réformiste animait la contestation politique des régimes en place, dont celui de l’Arabie Saoudite. Toutefois, au sein même du salafisme jihadiste, Al-Qaida occupa très tôt une place à part, combinant un militarisme d’inspiration panislamique et un projet social révolutionnaire. Cette combinaison correspond aux parcours parallèles du tandem dirigeant de l’organisation : celui de Ben Laden s’inscrivait dans le prolongement d’un militantisme panislamique, longtemps encouragé par les autorités saoudiennes, tandis que Zawahiri, emprisonné et torturé après l’assassinat du Président Sadate en 1981, prônait une guerre totale contre les pouvoirs « apostats ». Pourtant, c’est la définition même d’un jihad à vocation globale qui fonde l’originalité d’Al-Qaida.


La formalisation de la doctrine classique du jihad remonte au Moyen-Âge musulman et repose sur la distinction fondamentale entre jihad offensif, de propagation armée de la foi, et jihad défensif, de protection des fidèles et de leur territoire. Seul le calife ou ses mandataires ont autorité pour proclamer le jihad, avec l’aval des docteurs de la loi. Le jihad est certes une obligation religieuse, mais celle-ci est de nature collective dans le cas de la propagation armée de la foi, où une partie de la communauté peut s’acquitter de cette mission au nom de l’ensemble des croyants. Le jihad ne peut devenir une obligation individuelle que dans le cadre de la protection des fidèles et de leur territoire, mais, là encore, sous réserve de l’avis des oulémas. Les dernières campagnes de jihad offensif furent menées au XVIIIe siècle par l’Empire ottoman en Europe et par l’Empire moghol dans l’Inde dravidienne. Ce fut l’expansion coloniale qui, à partir du XIXe siècle, provoqua des mouvements de résistance populaire, et la trace de ce jihad défensif peut être suivie depuis le soulèvement antifrançais de l’émir Abdelkader en Algérie, de 1832 à 1847, jusqu’au jihad antisoviétique de libération de l’Afghanistan.

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