La rationalité est-elle un obstacle ou un empêchement au sentiment amoureux ?

Monsieur,

Le 17e siècle fut marqué par l’importance du rôle de la raison et de la science. En effet, la première grande révolution scientifique entraîna un renversement de l’ancienne perception géocentrique du monde et l’émergence de la conscience d’un système héliocentrique selon lequel la Terre est une planète parmi d’autres qui gravitent autour du Soleil. Les observations et les expériences de Galilée, notamment le télescope, ont démontré la véracité des principes de l’héliocentrisme et renversé les croyances de l’Église. L’avènement de l’époque moderne fut marqué par la nécessité d’une méthode dans le processus de la connaissance et cette nécessité eut une influence déterminante dans votre philosophie, monsieur Descartes. Vous êtes un philosophe qui s’est inscrit dans la tradition philosophique ayant marqué la pensée occidentale, soit le rationalisme.

Selon vous, la raison «c’est la seule chose qui nous rend homme et nous distingue de bêtes». Votre souhait était de construire un système de pensée aussi fiable que celui des mathématiques. Pour y parvenir vous avez utilisé une méthode rationnelle, soit le doute systématique (évidence, analyse, synthèse et dénombrement). Vous considérez comme fausses toutes les choses dont vous pouvez douter, ce qui élimine les possibilités d’erreurs. En premier lieu, tout comme Platon, vous doutez des perceptions des sens. Pour vous, il est important de douter de nos sens, de toutes nos connaissances acquises et de la réalité extérieure. Votre dualisme cartésien se traduit par une séparation marquée entre la pensée et le corps, celui-ci étant le siège des émotions et de l’affectivité. Après avoir tout remis en question, vous êtes arrivé à une vérité : je ne peux douter que je doute. La pensée est ainsi votre première certitude. L’existence de Dieu comme un être infini et parfait est votre deuxième certitude. Selon vous, il est possible de dissocier l’esprit du corps de façon à ce que ce dernier ne fasse plus partie intégrante de notre identité. Cette coupure entre le corps et l’âme oppose par le fait même la passion et la raison. Selon votre philosophie, la rationalité est un obstacle au sentiment amoureux puisque vous considérez les passions et émotions comme suspectes. Pour vous, celles-ci doivent être maîtrisées par la raison. Ainsi, la rationalité serait un obstacle au sentiment amoureux.

À mon avis, la rationalité n’est pas un obstacle ou un empêchement au sentiment amoureux, car l’esprit et le corps sont deux substances indissociables. En ce sens, il est impossible de séparer le corps de l’esprit, les émotions de la raison. Les sensations du corps ont de l’influence sur la pensée et les pensées agissent sur le corps. Vous comprendrez que ma façon de pensée s’oppose donc à la vôtre. Je partage davantage l’avis des penseurs Freud et Nietzsche qui affirment la primauté des passions et du corps, notamment du sentiment de l’amour. Ainsi, selon moi, la rationalité n’empêche pas le sentiment amoureux. Au contraire, je pense que la capacité de ressentir des émotions comme l’amour affecte la faculté de raisonner.

Au plaisir de pouvoir m’entretenir avec vous de nouveau,

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