La mémoire est-elle un obstacle ou un moyen du bonheur ?
Dissertation : La mémoire est-elle un obstacle ou un moyen du bonheur ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tristan1234 • 8 Juin 2018 • Dissertation • 1 877 Mots (8 Pages) • 2 227 Vues
La mémoire est-elle un obstacle ou un moyen au bonheur ?
La mémoire peut être simplement définie comme la conscience du passé. Elle est donc associée indiscutablement au temps. Si la mémoire suppose la conscience et un rapport au temps, elle est peut-être en effet le propre de l’homme. D’ailleurs, la mémoire humaine peut par exemple provoquer divers sentiments tels que la fierté, la honte ou la nostalgie… Elle paraît alors être en mesure de procurer à l’homme des sentiments heureux aussi bien que des sentiments malheureux. Or il semble que le bonheur soit recherché par tout homme. On entend par bonheur un état de satisfaction complète caractérisé par sa stabilité et sa durabilité. En effet, il ne suffit d’éprouver une joie éphémère pour être heureux. Le bonheur suppose la plénitude, et un certain équilibre. L’apport de la mémoire au bonheur semble donc être délicat et à double tranchant. De surcroit, une notion semble s’opposer radicalement à celle de la mémoire : l’oubli. Mais au lieu de retenir la contradiction frappante entre ces deux termes, ne pourrait-on pas y voir une complémentarité ? En effet, le souvenir d’un passé trop lourd peut conférer à l’homme de la tristesse, tandis que l’oubli de ce même passé lui offre la possibilité d’aller de l’avant et lui ouvrir la voie du bonheur. L’oubli peut donc être tout autant indispensable que la mémoire dans la quête du bonheur. On peut donc s’interroger : En quoi la mémoire est-elle à la fois un moyen et un obstacle au bonheur pour l’homme ? Nous observerons d’abord ce qui la rend tant positive pour l’homme, pour ensuite constater le rôle essentiel de l’oubli et finalement soutenir que c’est un équilibre entre ces deux notions qui permet à l’homme d’optimiser sa progression vers l’état durable de satisfaction qu’il recherche tant.
Observons d’abord que l’identité personnelle n’est rien sans la mémoire. C'est ce qu'a bien vu Locke dans ses Essais sur l'entendement humain, plus précisément, dans le chapitre intitulé " Identité et différence ". En ayant conscience dans le présent de nos actes et de nos pensées passés, en les reconnaissant, nous savons qui nous sommes devenu, ce qui nous constitue. Leibniz déclare d’ailleurs qu’un homme qui perdrait la mémoire de son passé serait un autre homme. Elle est la possibilité de se souvenir de ce que nous avons été. Sans elle, nous n’avons pas d’histoire et ainsi pas d’expériences qui nous sont propres. D’ailleurs, dans les régimes totalitaires tel que le régime Nazi, les chefs tentent d’enlever tout individualisme et ainsi toute identité aux populations. Les Nazis déshumanisaient ainsi leurs victimes en remplaçant leur nom (le nom peut retracer toute l’histoire d’un homme) par des numéros.
En même temps que la mémoire paraît être indispensable à l’homme pour savoir qui il est, l’oubli semble être fatal. Platon défend cette idée avec sa théorie sur la réminiscence : pour l’individu doit combattre via sa mémoire et lutter contre les forces de l’oubli apporté par le corps et les passions pour redécouvrir la connaissance car « connaître c’est se ressouvenir ». La mémoire est donc le moyen pour l’homme d’atteindre la sagesse et la vérité.
La culture aussi emploie la mémoire pour former un homme capable de faire des promesses et ainsi de le rendre responsable. Grace aux promesses qu’il fera, l’homme rendre le futur prévisible alors qu’il est par nature imprévisible. De plus, toute promesse soumet l’homme à un engagement et relève ainsi du courage. Etre en capacité de faire une promesse et de la tenir sous-entend donc une qualité chez l’homme. Or cette promesse est permise par la mémoire de la volonté : l’homme devra dans le futur se rappeler de sa promesse et la tenir. La mémoire permet donc à l’homme de s’engager.
A côté de cela, la mémoire a le pouvoir efficace de remémorer à l’homme un plaisir ressenti dans le passé. Epicure reconnaît que dans un moment de désespoir, de tristesse, l’homme peut toujours remonter dans son passé et dans ses souvenirs heureux grâce à sa mémoire. Dès lors ses souvenirs heureux peuvent lui redonner espoir et l’aider à reprendre le dessus sur la situation présente. Ainsi l’homme peut être toujours heureux et plutôt que de s’accrocher aux malheurs du présent, s’accrocher aux plaisirs du passé et les projeter dans son futur. Il y a là une compensation.
La mémoire est donc un moyen bine utile à l’homme pour savoir qui il est mais elle lui permet également de mieux affronter le présent et les malheurs qu’il peut rencontrer. Elle lui permet enfin de se projeter dans le futur et lui confère de l’espoir.
Si la mémoire peut avoir une influence positive sur l’homme, elle peut aussi procurer un effet contraire. Dès lors, l’oubli apparaît tout autant indispensable au bonheur de l’homme.
D’abord, le passé peut s’avérer être un véritable fardeau pour l’homme. Porter le poids de son passé peut s’avérer être un véritable obstacle au bonheur d’un homme. En réalité tout dépend de quoi est constitué son passé. Dans le cas où il comporte trop de souvenirs malheureux et négatifs, le garder en mémoire et se le ressasser peut empêcher l’homme d’être heureux et d’apprécier le présent. Telle une plaie qui reste ouverte, le passé peux handicaper l’homme. L’oubli n’est donc pas simplement une perte, un vide, c’est aussi acte portant en lui une puissance libératrice tel un remède aux maux du passé. Puisqu’il peut permettre à l’homme de se détacher de son malheur et réduire la puissance de nuisance du passé. Dans la mesure où le bonheur est relié au temps, l’oubli est nécessaire à l’homme qui veut être heureux car c’est le moyen pour lui d’effacer ses mauvais souvenirs.
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