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Dissertation : La contrainte est elle un moyen ou un obstacle à la création poétique?

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Par   •  23 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 295 Mots (6 Pages)  •  2 082 Vues

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DISSERTATION

        « L’art naît de contrainte, vit de lutte, et meurt de liberté ». Cette citation d’André Gide tirée des Nouveaux Prétextes datant de 1929 nous invite à réfléchir sur un élément qui a toujours été perçu différemment selon les poètes : la contrainte.  Elle est utilisée dans la forme d’un poème, mais aussi dans sa thématique, la disposition de ses mots, la construction de ses phrases…                Il est légitime de se demander si cette obligation définie par des règles, entrave à une certaine liberté, est-elle un obstacle à la création poétique ou en est-elle un moyen ?                                                                                                 Nous allons premièrement étudier la contrainte sous sa forme conventionnelle qui limite l’innovation et l’usage de l’art, puis nous l’analyserons comme un choix mûrement réfléchi. Enfin, nous commenterons le fait que la contrainte puisse être un moteur de l’évolution poétique car elle permet d’innover dans une forme fixe.

        La création poétique est une forme d’expression personnelle qui peut être confrontée à des contraintes, ce qui rend plus difficile la créativité et limite le poète dans son écriture.

        En effet, la contrainte  s’applique d’abord sur la forme de la création en elle-même. L’auteur est obligé d’adapter ses mots et ses vers en fonction des règles qu’elle impose. Cela peut être le nombre de syllabes dans le vers ou le nombre de vers dans la strophe. Le sonnet classique est par exemple un poème en alexandrin composé de deux quatrains puis de deux tercets. Dans cette situation, l’auteur a obligation  de créer 14 vers de 12 syllabes. Le poète doit alors choisir, sélectionner ses mots, les arranger, les compter, tout en veillant au sens de son récit ; alors que sans cette contrainte il trouverait surement des mots plus simples, plus expressifs pour transmettre son message. Il pourrait mettre en valeur une idée en la plaçant, par exemple, au milieu de son poème, dans un sizain au milieu de tercets. Dans le sonnet, il devra trouver un autre moyen pour valoriser son idée, ce qui est contraignant. La longueur du poème est, elle aussi, bien souvent imposée par la contrainte. Le poète se voit alors obligé d’organiser son récit en fonction des strophes et du nombre de strophes. Dans ce cas, il doit compléter ses propos par d’autres idées, ce qui peut nuire à la beauté et à la légèreté du récit ; ou il doit compresser ses idées pour qu’elles rentrent toutes dans le poème. Tristan Corbière, à travers son poème « Un sonnet avec la manière de s’en servir » dans son recueil Les Amours Jaunes, se moque de la contrainte en comparant le vers à un soldat qui obéît aux ordres.

        Dans un deuxième temps, la contrainte limite le poète dans l’écriture de son œuvre. Les rimes ont une grande influence dans l’organisation des mots. L’auteur se doit de respecter si la règle impose des rimes riches, moyennes ou pauvres. La disposition des rimes dans la strophe doit elle aussi être prise en compte : le poète doit veiller à l’organisation de ses vers, ce qui demande une grande coordination dans l’écriture, pour obtenir des rimes embrassées, croisées, suivies ou plates.  Il doit aussi faire attention à l’éventuelle alternance des rimes masculines et féminine, comme dans le sonnet français. A l’hémistiche, la césure peut être aussi demandée. Dans ce cas, le rythme est imposé,  il n’est pas choisi par l’auteur et peut donner un tout autre ton au poème. C’est sur le plan thématique que la contrainte s’applique aussi. Certaines forme fixes de poème, comme la ballade, sont destinées à évoquer plutôt des sujets comme l’amour, la philosophie, la religion ou la destinée. Cela enlève une très grande liberté au poète, qui pourrait souhaiter utiliser la ballade pour aborder d’autres sujets. Toujours avec l’exemple de la ballade, on peut parler du refrain qui demande au poète non seulement d’arranger ses vers pour laisser la place au refrain, mais aussi de choisir un vers qui va servir de refrain, ce qui n’est pas forcément évident. Cette forme impose aussi un ton assez chantant et donc un rythme musical que l’artiste devra prendre en compte dans l’écriture.

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