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Dissertation: Douter est-ce renoncer à la vérité?

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Par   •  6 Mai 2013  •  1 527 Mots (7 Pages)  •  2 193 Vues

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Introduction

Dans la Bible, Jésus accomplit ce miracle de marcher sur les eaux d'un lac, puis invite son disciple Pierre à le suivre. Celui-ci pose un pied sur l'eau, hésite, puis s'enfonce. Jésus lui reproche alors: "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?". Dans cet épisode, le doute est présenté comme une faiblesse digne de blâme. A l'inverse, c'est la foi qui apparaît comme une vertu. Pierre a manqué du courage d'admettre la vérité. Il est vrai que celui qui est incertain et irrésolu avoue ainsi qu'il ne se sent pas capable de connaître la vérité. Mais d'un autre côté, le doute peut apparaître comme une force. Celui qui ne doute pas est peut-être persuadé, lui, de connaître le vrai, mais il renonce ainsi à chercher. Le doute doit-il donc apparaître comme un renoncement, ou au contraire comme la condition de toute connaissance?

I. Le doute sceptique

Certains usages du doute s'apparentent à un renoncement à la recherche de la vérité, même à un refus de la voir. Le doute peut passer à première vue pour une faiblesse, une défaite de la pensée. Douter, c'est reconnaître que l'on ne sait pas et que l'on ne parvient pas à atteindre la vérité. Douter, c'est avouer que l'on ne sait pas. Lorsque le doute prend la forme d'une conclusion, il témoigne alors d'un renoncement. On renonce, devant la difficulté d'un problème, ou parce que l'on ne se sent pas les moyens de le résoudre. Le doute témoigne alors d'une incapacité, d'une impuissance. Les philosophes sceptiques, disciples de Pyrrhon, considèrent justement que l'esprit humain est incapable d'atteindre aucune connaissance certaine. La devise sceptique peut alors se résumer dans la question de Montaigne "que sais-je?", même pas dans l'affirmation "je ne sais rien", parce que ce serait reconnaître que l'on sait au moins une chose. Leur attitude, plus précisément que le doute, est celle de la suspension du jugement: dans l'incertitude, on s'abstient de juger, c'est-à-dire d'affirmer. Ce doute est la conclusion de leur recherche. Après avoir cherché à acquérir le savoir, le sceptique admet qu'il est impossible de parvenir à des conclusions certaines. Son attitude sera donc désormais celle du doute. La démarche du sceptique est bien une tentative qui aboutit à un renoncement. Le doute fait suite à un échec de la connaissance.

Mais le scepticisme absolu, douter de tout, est impossible à mettre en pratique dans la vie courante. On ne peut pas vivre normalement si l'on doute de tout. Certaines certitudes sont indispensables à la vie quotidienne. Pourquoi sortir de son lit si l'on doute sérieusement que le monde existe? Le sceptique pourrait bien être accusé de refuser, en réalité, certaines vérités évidentes.

II. Le doute méthodique

Douter de tout, ce n'est pas renoncer à la vérité, c'est plutôt vouloir affirmer une vérité, à savoir qu'il n'y a pas de vérité. Cette démarche est contradictoire. On renonce à chercher, mais on ne renonce pas totalement à affirmer.

Cependant, un autre usage du doute est possible, lorsque le doute est employé comme méthode, comme moyen, et non considéré comme une fin en soi. Descartes met en œuvre ce doute méthodique dans les Méditations métaphysiques. Son but déclaré est de distinguer, parmi se opinions, lesquelles sont vraies. Il veut identifier les connaissances que l'on peut tenir pour vraies sans aucun risque d'erreur. Dans ce but, il commence par mettre en doute toutes ses connaissances, afin de voir si certaines résistent à toutes les objections imaginables. Il reprend les arguments sceptiques les plus forts, invente d'autres arguments encore plus redoutables. Les opinions qui résisteront à ces arguments-là pourront être considérées comme vraiment indubitables. Le doute cartésien est donc bien différent du doute sceptique. Il est un moyen, et non une fin en soi. Descartes n'est pas comme les sceptiques "qui ne doutent que pour douter". Douter n'est pas le but, c'est au contraire le signe d'un besoin de vérités certaines. C'est un doute provisoire. Tandis que pour le sceptique, le doute prend la forme d'une conclusion définitive, chez Descartes, il n'est qu'un moment de la réflexion au service de la vérité. Le doute n'est donc pas forcément le signe d'un abandon. Au contraire, il est le signe d'un esprit qui cherche, et ne s'endort pas sur ses certitudes. Il n'est pas le signe d'une faiblesse, mais plutôt d'une ferme volonté d'aboutir.

III. Le doute comme travail

Le doute de Descartes est une méthode qui lui permet d'aboutir à des connaissances certaines. D'abord, la première: l'évidence de sa propre existence, "je pense, donc je suis". On pourra

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