Faut-il préférer le bonheur à la vérité?
Dissertation : Faut-il préférer le bonheur à la vérité?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nicolas07102004 • 18 Décembre 2021 • Dissertation • 1 645 Mots (7 Pages) • 438 Vues
Faut-il préférer le bonheur à la vérité?
Introduction
On dit souvent que « la vérité blesse ». Il n’est pas toujours aisé de voir les choses en face. Cela suppose un certain courage. Il semble plus facile de se faire une image idéalisée de soi-même, de rester dans la sphère confortable des évidences apparentes et de ses croyances familières. Croire savoir est plus simple que savoir qu’on croit, c’est-à-dire qu’on ne sait pas vraiment. C’est pourquoi le bonheur semble parfois devoir exclure l’exigence de vérité. Mais vivre dans le mensonge à soi-même ou dans l’ignorance, est-ce véritablement être heureux? Si le bonheur désigne la finalité suprême, le bien qui doit être désiré par dessus tout, n’implique-t-il pas de faire l’épreuve de la réalité? Une vie réussie, accomplie, une vie bonne peut-elle être faite d’illusion et de complaisance? Ainsi, faut-il préférer le bonheur à la vérité, ou bien au contraire un bonheur authentiquement humain ne peut-il résulter que d’une exigence de vérité (à l’égard de soi, des autres et du réel)?
Nous verrons d’abord que le bonheur est au sommet de l’échelle des valeurs et que l’ignorance ou l’insouciance semblent parfois y conduire beaucoup mieux que la vérité. Mais nous serons dans un second moment conduits à mettre cette première affirmation en doute : en effet, il est peu clair qu’une vie plus satisfaisante mais impliquant moins de connaissance et de conscience puisse être appelée plus « heureuse ». Enfin, quand bien même la vérité ne mènerait pas au bonheur, notre devoir moral nous imposerait encore de la préférer à celui-ci : agir moralement suppose de rechercher la vérité (ne serait-ce que sur soi-même) et non le bonheur. Et qui nous dit, d’ailleurs, que cela nous rendra malheureux?
I. Le bonheur étant la valeur suprême, on doit au besoin lui sacrifier la vérité
1. Le bonheur est ce en vue de quoi nous agissons. Il constitue le souverain bien. L’exigence de vérité est donc subordonnée et secondaire.
Concept : le souverain bien (bien qui est désiré pour lui-même et non pour autre chose)
Exemple : le savant a choisi de consacrer sa vie à la vérité, mais c’est justement parce qu’il en va de son propre bonheur. On peut simplement considérer que sa motivation principale est la connaissance.
Référence : Aristote, Éthique à Nicomaque
2. Le bonheur est un sentiment ; en tant que tel, il ne peut être « vrai » ou « faux ».
Concept : L’expérience vécue (ou vécu de conscience) a pour propriété particulière d’être en tant que telle irréfutable (si je ressens le bonheur, personne ne peut nier que je le ressente et me dire que je ne suis pas heureux, cela n’aurait aucun sens).
Référence : Bentham, qui avait en vue de fonder une morale objective sur le principe du plus grand bonheur précisément parce que le bonheur (en tant que vécu de bien-être) ne souffre aucun jugement de valeur.
3. Le plus souvent nous cherchons le divertissement et nous fuyons la vérité. L’homme possède de très bonnes raisons d’éviter les vérités les plus profondes, qui l’affligent : il est promis à la souffrance et à la mort.
Référence : Pascal, Pensées
Concept : le divertissement - par quoi il faut comprendre une diversion, un détournement de l’attention pour éviter la pensée de notre misère et de notre finitude : nous mourrons tous, sans jamais savoir pourquoi nous avons vécu…
4. Il y a des vérités que nous préfèrerions ne jamais avoir découvertes
A. Exemple littéraire : Œdipe Roi, de Sophocle (tragédie antique)
Œdipe, devenu roi de Thèbes après avoir triomphé des énigmes du Sphinx, règne aux côtés de Jocaste, la femme de l’ancien roi Laïos (mort dans des conditions troubles). En enquêtant sur les causes de l’épidémie de peste qui ravage la ville, il découvre la terrifiante vérité.
C’est lui-même qui est la cause de cette épidémie. Jocaste et Laïos avaient été avertis par un oracle que leur fils serait parricide et incestueux. C’est pourquoi ils avaient chargé un serviteur de l’assassiner. Celui-ci, pris de pitié, le confie à un autre qui le remet à Polybe et Mérope qui règnent sur Corinthe (et qu’Œdipe croyait être ses parents). C’est précisément pour éviter le funeste destin que l’Oracle lui avait révéler (à savoir qu’il deviendrait le meurtrier de son père et l’amant de sa mère) qu’Œdipe avait quitté Corinthe, réalisant ainsi son destin à son insu : car sur la route, il a tué un homme sur un charriot escorté de serviteurs après une altercation qui n’était autre que Laïos (son père) pour épouser sa mère, Jocaste, une fois monté sur le trône de Thèbes.
On peut interpréter le fait qu’Œdipe se crève les yeux suite à cette révélation comme le signe qu’il eût préférer ne jamais connaître la vérité.
B. Exemple cinématographique : Old Boy de Park Chan Woo (grand prix du festival de Cannes, 2003)
Dans une lignée Œdipienne, Park Chan Woo a mis en scène une vengeance particulièrement perverse. Oh Dae Su est kidnappé sans relation avec ses ravisseurs dans une chambre sans fenêtre durant 15 ans. Le film retrace le chemin qu’il prend pour comprendre par qui et pourquoi il a été enlevé. Il croise le chemin de Mi-do, avec qui il se lie et a une relation sexuelle. Il apprendra finalement qu’elle est
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