Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

PHILOSOPHIE Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

Faut-il = nécessité, besoin ou devoir, obligation morale

Préférer = choix, hiérarchie : élire une chose et rejeter l’autre

Notions :

Bonheur : état de satisfact° global, complet, durable, état de plénitude dans lequel tous nos désirs sont satisfaits. Son étymologie (« bonum augurium » = de bonne augure) rapproche la notion de bonheur, de la chance, du hasard. Le bonheur résulterait d’une circonstance indépendante à notre volonté.

Plaisir : partiel, fragmentaire, éphémère

Joie : global mais éphémère

Vérité : c’est l’adéquat° entre l’esprit et la chose, cad la représentat° conforme au réel. La conformité entre la pensée, le discours et le réel.

Réel : ce que l’on peut toucher, l’ensemble des choses qui existent indépendamment du sujet

« Vrai » « Faux » : qualifient de jugements, représentat°, discours mais pas les choses elles-mêmes

La vérité s’oppose :

Au mensonge : inadéquat° volontaire entre le discours et le réel pour tromper

A l’erreur : inadéquat° involontaire entre le discours et le réel

A l’illusion : c’est se mentir à soi-même, prendre ses désirs pour des réalités. Elles peuvent reposer sur le sens ou l’esprit

Eudémonisme : la doctrine sur laquelle le bonheur est le souverain bien, le but de toutes les actions humaines.

Pascal, Pensées, 17ème s

Le bonheur est l’objet d’une quête universelle. Tous les hommes cherchent à être heureux même s’il diffère sur la manière d’y parvenir. Le bonheur est le but de toutes les actions humaines.

Aristote, Ethique à Nicomaque, Vème s av JC

Distingue le bonheur des autres biens, le bonheur est le souverain bien, cad le bien suprême supérieur à tous les autres biens. Il est la fin ultime recherché par tous les hommes. Au contraire, les autres biens sont des biens secondaires, des moyens qui ne sont pas recherchés uniquement pour eux-mêmes mais en vue de parvenir au bonheur (ex : santé, gloire, richesse…)

Rousseau, Troisième Promenade Des Rêveries du promeneur solitaire, 1777

La vérité semble faire souffrir, elle est sans utilité et intérêt. Mieux vaut l’illusion à la lucidité.

Nietzsche, Considérations inactuelles, 1874

L’homme est un être capable de vérité, de connaissances, de lucidité sur soi et sur le monde. Or cette conscience et cette raison l’éloigne de la possibilité du bonheur car la vérité est souvent blessante et douloureuse (les guerres, les injustices, les inégalités pour l’état du monde ; les défauts et la faiblesse par exemple pour la vérité sur soi et la vérité sur notre condition finie et mortelle). L’ignorance et l’oubli semble la condition du bonheur. Nietzsche distingue le cas de l’animal a celui de l’homme, l’animal connait le bonheur car il est tout entier absorbé dans l’instant présent sans passé ni avenir par conséquent sans remords, sans mélancolie et sans inquiétude. La vie animale est anhistorique = sans histoire. Quant à lui, l’homme dispose d’une conscience temporelle, a la fois mémoire et anticipat°. Il peut donc ressasser le passé, souffrir et être inquiet de l’avenir. La conscience humaine est donc tragique, malheureuse.

Freud, l’Avenir d’une illusion, fin 19ème-début 20ème

Distingue l’illusion/erreur :

Une erreur est l’expression d’une inattention, d’un manque de connaissances, elle engage seulement notre intellect et est donc facilement rectifiable dès lors que l’on nous apporte la preuve de notre erreur.

≠

Une illusion est la croyance en la réalité de l’objet d’un désir, une erreur accompagnée d’un désir de se tromper, nous ne tenons pas compte des rapports de cette croyance a la réalité. Elle est difficilement rectifiable car elle n’engage pas seulement notre intellect mais toute notre vie affective.

Distingue l’illusion/idée délirante :

L’illusion est une croyance qui peut être vrai ou fausse mais qui se refuse à être confirmé par le réel de peur de voir contredit le désir qui la motive, l’illusion n’est pas irréalisable, mon désir peut toujours se réaliser (ex : prince charmant, Christophe Collomb sur la découverte d’une nouvelle route maritime des Indes alors qu’il s’agissait d’un nouveau continent)

≠

L’idée délirante est une contradict° avec la réalité. (L’érotomanie : la convict° délirante d’être aimé)

Pascal, Pensées (la vie humaine comme illusion perpétuelle)

Dire la vérité permet de ne plus vivre dans l’illusion, le mensonge mais elle est douloureuse donc refus de l’entendre, les hommes la haïssent, ils ne veulent pas être mis devant la réalité de leurs défauts (la vérité sur soi est la plus difficile à entendre). La vérité est sans doute utile à celui a qui on l’a dit, car elle lui permet de s’améliorer, mais elle est toujours au désavantage de celui qui la dit, car il prend le risque de se faire haïr par l’autre. La vie sociale repose donc sur l’illusion, le mensonge, l’hypocrisie (à notre égard et à celui des autres). Sans cela peu de relations perdureraient car l’homme préfère vivre dans l’illusion « consolante ». C’est le penchant naturel du cœur humain, l’amour propre, qui caractérise l’Homme, cad la tendance à n’aimer que soi et à vouloir être aimer de tous.

Contradict° entre la nature humaine et la vérité : l’homme caractérisé par l’amour propre, ne recherche pas la vérité, mais préfère se bercer d’illusions.

Pascal, Pensées (le divertissement)

La condit° de l’homme est misérable, tragique, absurde, il est perdu dans l’infinité de l’espace et l’infinité du temps. L’univers reste muet face à ses interrogat° et la science n’a rien à dire qui

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