Bonheur et devoir sont-ils irréconciliables ?

Axe 3 Bonheur et devoir sont-ils irréconciliables ?

Les régimes d’obligations sont multiples. Cherchez des exemples d’obligations professionnelles, morales, familiales etc.

Que signifie « Avoir des devoirs à l’égard de quelqu’un ou de soi-même » ?

Au sens strict, le devoir désigne un régime spécifique d’obligation morale qui s’impose de manière absolue, inconditionnée et surclasse toute autre considération (plaisir/bienséance/bonheur personnel etc.). Donnez un exemple d’obligation morale.

Or, bien souvent notre sens du devoir entre en conflit avec notre désir d’être heureux. Nous semblons pris dans un dilemme entre recherche du bonheur et accomplissement du devoir d’où l’expression « drame ou choix cornélien ».  

Cette expression vient du poète dramatique français du XVIIe siècle Pierre Corneille et plus précisément de sa tragédie la plus célèbre, Le Cid, écrite en 1636. Quelle est l’intrigue ? Don Rodrigue, le Cid, aime Chimène et souhaite l’épouser. Mais, le père de Rodrigue a été offensé par Don Gomès, père de Chimène. Que faire ?  Le conflit intérieur qui agite le jeune Rodrigue est décrit avec précision dans ces célèbres vers de l'acte I :

« Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,

Ou de vivre en infâme,

Des deux côtés mon mal est infini.

Ô Dieu, l'étrange peine !

Faut-il laisser un affront impuni ?

Faut-il punir le père de Chimène ? »

Quels sont les termes du dilemme dans ce texte ?

Pour Rodrigue, choisir rime avec souffrir – et c’est ce qui donne au héros son caractère tragique.  Le héros de Corneille ne choisit pas l'amour mais le devoir, il tue le père de Chimène. Le destin donne à Rodrigue l'occasion de s'illustrer par des faits d'armes et de sauver son pays - si bien qu’il finit, quand même, par épouser sa Chimène.

De manière plus générale, nous serions pris dans un dilemme moral si bien que nous ne pourrions être heureux et faire notre devoir.

        - Soit je renonce au devoir au nom du bonheur :

        - Soit je renonce à la vie heureuse au nom du devoir :

Fil conducteur : Sommes-nous enfermés dans ce dilemme entre le bonheur et le sens du devoir tout au long de la vie ? L’enjeu est bien de savoir si l’on peut et dans quelle mesure être heureux tout en accomplissant son devoir. Nous proposons d’explorer deux options qui cherchent à sortir du dilemme.

Soit la situation suivante : j’ai fait une promesse à un ami. Cherchez ce qui peut nous motiver à tenir notre promesse.

        Option A Une approche utilitariste de la morale avec Mill : nous avons tout intérêt à faire notre devoir pour assurer notre bien-être.

En quoi avons-nous intérêt à faire notre devoir pour garantir notre bien-être ?

Est-il contraire à la morale de faire son devoir pour garantir son bonheur ?

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        Option B Une approche déontologique de la morale avec Kant : Faire son devoir rend digne d’être heureux

Nous avons à tenir nos promesses parce que nous le devons et non pas parce ce nous calculons que leur transgression peut mettre en péril notre bonheur. Pourquoi ?

Or, cet impératif « tu dois tenir tes promesses » s’impose précisément comme catégorique, sans clause ou condition, sans aucune fin étrangère à l’accomplissement même de cette loi morale.

        Cependant, tenir nos engagements moraux nous procure un contentement intérieur. Pourquoi ?  

« en tant que je suis conscient de cette indépendance (indépendance de ma volonté) dans l’exécution de mes maximes morales, elle est l’unique source d’un contentement immuable, nécessairement lié avec elle, ne reposant sur aucun sentiment particulier, et qui peut s’appeler intellectuel. » Critique de la raison pratique, LI, chap. II.

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