Faut-il rechercher la vérité à tout prix?
Dissertation : Faut-il rechercher la vérité à tout prix?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar elise-lve • 16 Décembre 2016 • Dissertation • 2 842 Mots (12 Pages) • 7 433 Vues
La vérité est un principe enseigné dès le plus jeune âge, de ce fait, le mensonge est rejeté par la société. Cela signifie que l’on attend d’un individu une fusion parfaite entre les énoncés qu’il avance et la réalité. Cependant cette convention est loin d’être appliquée car nous pouvons aujourd’hui émettre un doute sur n’importe quel énoncé qu’il soit dit « officiel » ou personnel, c’est-à-dire que l’individu peut remettre en question les médias comme les paroles d’une personne qui lui est proche. Ce manque de confiance en notre société pousse les individus à faire le choix de savoir s’ils doivent rechercher la vérité à tout prix, autrement dit la vérité dans toutes circonstances, sans se soucier d’éventuelles conséquences, dans ce cas la vérité devient un but ultime. Cette recherche devient alors une obligation intérieure qui ne mettra aucunement la vie de l’individu en danger mais devient une sorte de nécessité interne, comme une dépendance : l’individu ne peut accepter un énoncé de comme vrai que lorsqu’il estime posséder assez de preuves. Ou alors l’individu a le choix d’accepter de ne pas rechercher la vérité et de ce fait ne pas la connaître afin de privilégier son bonheur, mais dans ce cas vivre dans l’ignorance de la fidèle réalité du monde. Ce dilemme est universel, tout homme est à un moment ou un autre face à cette problématique. Mais la faute étant humaine, ne devons-nous-t-on pas accepter les énoncés tels qu’ils se présentent ? Cependant certains profitent de cette faiblesse humaine pour inspirer leur vocation : la recherche de la vérité leur sera innée. Mais une telle quête de vérité peut-elle espérer aboutir, car finalement la vérité peut-elle être accessible ?
La vérité est, tout d’abord, double sur le point qu’elle se présente sous deux formes qui peuvent dépendre dans un premier cas que de nous-même et dans un second cas la vérité repose sur les autres. Autrement dit, dans la première situation où la vérité dépend de l’individu lui-même, signifie que ce dernier peut choisir s’il veut dire la vérité ou non. A l’inverse, dans le second cas, une personne qui dit déclarer la vérité à une autre, cette dernière ne maitrise rien et de cette manière rien ne dépend d’elle. « La recherche de la vérité » repose sur cette deuxième situation, qui est finalement, beaucoup plus complexe que la première dans l’idée où rien n’est décidé par soi-même et qu’il est ensuite obligatoire de faire le choix de croire ou non à l’énoncé avancé. Bien évidemment, certains énoncés semblent ne pas avoir besoin de vérification, d’autres par contre peuvent être douteux et peuvent en nécessiter une. Mais le fait de vérifier peut devenir rapidement difficile, à cause d’un manque de moyens suivant les situations.
Ce mélange de difficultés a poussé des hommes dès l’Antiquité à créer des courants philosophiques qui rejettent l’idée de devoir se donner tous les moyens possibles pour retrouver cette vérité. C’est le cas du stoïcisme (fondé entre les ans 304 av. J-C et 301 av. J-C) ou du scepticisme, apparu au IVème siècle av. J-C. Ces deux mouvements n’ont pas les mêmes idées sur la façon de vivre en général mais concernant la recherche de la vérité, ils se rejoignent. Le stoïcisme croit en la doctrine de l’acceptation illustrée par la citation d’Marc-Aurèle (121-180 ap. J-C), tirée de Pensées « Laissons la faute d’autrui là où elle est. » Cela signifie que leur volonté est d’accepter ce qui est. Cette acceptation touche tous les domaines en passant des plus sérieux : la perte d’un proche, à une maladie incurable, aux moins importants comme une erreur ou un mensonge. C’est-à-dire que si quelqu’un se trompe ou ment sur l’énoncé qu’il avance, le stoïcien ne cherchera pas à modifier le propos, il acceptera l’information comme elle lui aura été donnée. Cette façon de penser est résumée par la règle qui est extraite de Manuel d’Epictète : « Celles [les actes, les choses] qui ne dépendent pas de nous (…) ne sont pas de notre ouvrage. » ou encore par la maxime : « Supporte et abstiens-toi » Il invite les hommes à ne pas se rebeller contre les choses qui lui arrivent. Ce courant est un eudémonisme : par l’acceptation, le stoïcien a la possibilité de vivre heureux et surtout libre puisqu’en vivant de cette manière, il s’abstient de tous vices ou passions.
Le courant sceptique possède le même principe que l’acceptation stoïque. Il (du grec skeptikos, « qui examine ») repose tout son univers sur l’idée selon laquelle la pensée humaine ne peut pas déterminer la vérité avec certitude, il privilégie alors le doute et dans le but de suspendre son jugement afin d’espérer peut-être un jour accéder à l’ataraxie. Pour les philosophes qui appartiennent à ce courant, la vérité est inaccessible puisqu’ils s’appuient sur le fait que pour justifier une idée, nous devons fournir des preuves, mais celles-ci doivent être justifiées également et à partir de ces dernières, une preuve est encore nécessaire tout cela, ainsi de suite… Il s’agit d’un cercle vicieux. L’individu ne peut alors jamais obtenir de preuve définitive. Il s’agit de l’argument de la régression à l’infini. Comme le mouvement stoïque, cette manière de pensée doit conduire à la liberté, qui est dans ce cas sous forme d’ataraxie : le sage n’est aucunement influencé par ses émotions, ni passions ou ses troubles de l’âme. Pyrrhon d’Elis (360 av. J-C – 270 av. J-C) est un des philosophes qui soutient cette thèse, n’ayant pas laissé d’écrit, c’est le philosophe Aristoclès (IIè siècle) qui retranscrira ses idées et résumera le courant avec l’aide du disciple Timon de Philonte
On peut noter que ces termes, notamment l’adjectif « sceptique » est encore actuellement utilisé : le courant de pensée a donné naissance à un sens commun dont les définitions sont quasi semblables : un désigne une doctrine, l’autre indique une disposition d’esprit.
La recherche de la vérité est donc un problème qui semblait déjà tourmenter certains philosophes dès l’Antiquité. Leur réponse à cette issue était une invitation à accepter l’erreur qui ne nous dépend pas. En d’autres termes, la vérité, qui est une notion qui ne nous appartient pas, ne doit pas être recherchée car si l’homme se lance dans une telle quête, la liberté lui sera impossible dans l’idée que les sentiments se mélangeront à cette recherche. Mais vivre dans l’ignorance de la réalité du monde n’est-il pas délétère,
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