Qui es-tu toi ?

Qui es-tu toi ? Étrange question. Qui la pose ? Il serait bien sûr possible de tenter d’y répondre à l’aide des écrits de Descartes ou d’Héraclites sur « l’être » en philosophie, toutefois l’approche employée ici dans l’optique d’établir une réponse nette et précise à une interrogation si vague sera plus personnelle. Chaque être sur notre Terre est à la fois ce qu’il est par rapport à lui-même, en même temps que ce qu’il est par rapport aux autres.

La question qui fait l’objet de cette étude s’adresse à « toi ». Or, puisque c’est ici à moi qu’elle est adressée, elle ne peut provenir que de deux locuteurs : d’une part « l’autre », un individu quelconque, d’autre part moi-même. En effet, si ce n’est pas « lui » ou « elle » qui m’interroge, ce ne peut être que « moi ».

Ainsi ai-je posé à de nombreuses personnes, allant de la connaissance à l’ami, la question suivante :

« Si tu devais me décrire avec une phrase ou un simple adjectif, que dirais-tu ? »

Avant d’énoncer ce qui m’a été dit, je tiens à préciser que tout ce qui suit est purement et simplement l’opinion d’autrui sur ma personne, ainsi la liste que je m’apprête à vous présenter ne contient-elle aucunement mon avis sur la question : par conséquent se doit-elle d’être lue avec la conscience qu’elle ne saurait être teintée ni d’arrogance, ni de dédain, uniquement d’un désir de retranscrire aussi fidèlement que possible un point de vue extérieur et étranger. Je suis selon certains un sarcastique notable, moqueur de surcroît, quoique drôle, doté d’un grain de folie, mais aussi sociable, sympathique, amical, attentionné, fiable, fidèle, têtu et m’imaginant avoir constamment raison, et ayant cette capacité tantôt avantageuse, tantôt néfaste, toujours utile, de convaincre n’importe qui de n’importe quoi. À cela s’ajoute, selon d’autres, une grande sensibilité, alliée d’une particulière lucidité sur moi-même et d’un désir ardent de connaître jusqu’aux tréfonds de leur âme ceux qui me sont chers. Enfin, d’aucuns ont décrit un garçon exigeant, notamment envers lui-même, tant pour ce qui est de l’apparence que des objectifs moraux.

Cette description, si l’on additionne tous les points qui la composent, est-elle méliorative ? Est-elle péjorative ? Est-elle seulement adaptée ? Je ne pense pas qu’il soit possible de juger l’opinion d’autrui sur notre personne si tant est qu’elle est véridique : tout au plus nous est-il permis de constater les aspects de nous-même sur lesquels portent les critiques, et d’en tenir ou non compte afin de correspondre à l’image que nous souhaitons transmettre. Car en effet, n’est drôle que celui qui fait rire.

J’ai notamment demandé à une amie de longue date qui j’étais, et ce qu’elle m’a répondu m’a beaucoup fait réfléchir : “tu es Edern“. Cette réponse en apparence des plus banales, si elle m’est de prime-abord apparue comme tout à fait inutile, s’est nichée dans un recoin de mon esprit et n’a, dans les jours qui ont suivi, eu de cesse d’habiter mes pensées. Car en effet, comment se décrire et se définir mieux que par son propre nom ? Cette appellation unique, quoique commune, première étiquette qui nous puisse être collée en temps

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