Lecture linéaire : prologue de Gargantua
Commentaire de texte : Lecture linéaire : prologue de Gargantua. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Wassim Boufellah • 22 Janvier 2025 • Commentaire de texte • 1 588 Mots (7 Pages) • 10 Vues
LL 1 : le Prologue - corrigé
Explication linéaire
1
er mouvement
Lignes 1-2 Adresse aux lecteurs dans laquelle Rabelais justifie son prologue. Cette adresse fait écho à
l’apostrophe familière du début du prologue : « Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux (car c’est à vous,
et à nul autre, que sont dédiés mes écrits) »
Dimension orale de ce texte :
• 2e
personne (pronoms, déterminants : votre / vous => lien entre ses lecteurs et lui : « vous » / « notre invention »
• Phrase interrogative qui implique le lecteur et le met en position active et le force à réfléchir, même sur des sujets
triviaux.
• Rabelais flatte ses lecteurs : « mes bons disciples » + rôle du pédagogue.
• « quelques autres fous qui n'ont rien à faire » = d’éventuels mauvais lecteurs qui ne feraient pas usage de leur
raison et qui prendraient leurs lectures à la lettre et à la légère + « qui n'ont rien à faire » renvoie à l’oisiveté qui est
l’attitude inverse de celle qu’il défend.
Lignes 2-3 Rabelais rappelle les titres de ses précédents écrits apparemment bien connus de son
auditoire :
• Seuls Gargantua et Pantagruel renvoient à des œuvres réellement écrites par Rabelais
• Énumération comique et farcesque => allusions sexuelles et scatologiques du roman : Fessepinte : terme populaire :
ivrogne, celui qui vide des pintes ; La Dignité des braguettes : métonymie (on désigne le sexe par la braguette qui le
cache) + contraste drôle entre « dignité » (sujet élevé) / sujet sexuel, bas. ; Des pois au lard avec un commentaire :
contraste comique et farcesque entre la formulation « Des » d’origine latine qui signifie « à propos de » + « avec un
commentaire » qui ajoute au sérieux ≠ contenu de nature scatologique puisque « les pois au lard » évoquent les
flatulences.
=>On voit ici le goût pour l’énumération dont raffole Rabelais => plaisir des mots et des associations.
Lignes 3-6 Rabelais en arrive au reproche fait au lecteur auquel il reproche de s’arrêter aux apparences. =>
dénonce une façon superficielle de lire : considérer hâtivement que le contenu d’un livre est à l’image de son titre (son
apparence extérieure)
• antithèse « à l’intérieur » ≠ « l’enseigne extérieure »
• Cette lecture est réductrice comme le montre la négation restrictive « ne traitent … que » et elle est dévalorisée par
les expressions : « trop facilement », « si on ne cherche pas plus loin » et « communément » ainsi que par le champ
lexical de la gaieté, du comique : « moqueries », « folâtreries », « joyeux », « dérision » et « rigolade ».
2
ème mouvement
Lignes 6-7 Rabelais poursuit en mettant le lecteur en garde contre les apparences trompeuses :
• Le connecteur d’opposition « mais » + négation = prise de distance avec l’attitude précédemment dénoncée +
énoncé d’une mise en garde générale : présent de vérité générale + formule impersonnelle et injonctive : « il ne faut
pas » ; l’adverbe si légèrement renvoie à trop facilement (l.4) ; la phrase est courte.
• Puis l’auteur s’explique => connecteur de cause « car » qui introduit une argumentation logique + vous-mêmes vous
dites prendre le lecteur à témoin => mieux l’impliquer et le convaincre.
• Rabelais s’appuie sur une maxime populaire « l’habit ne fait pas le moine » développée par deux exemples concrets
tirés de l’expérience. => lui redonne de la force = une démarche humaniste
• Parallélisme de construction et rythme binaire pour les 2 exemples d’imposteurs : le faux moine et le faux Espagnol
+ antithèses pour marquer l’opposition entre l’apparence extérieure (« vêtu d’habits monacaux », « vêtu d’une cape à
l’espagnole ») et l’intérieur (« au-dedans », « dans son cœur »)
Lignes 8-11 Rabelais livre une méthode de lecture qui consiste à dépasser l’apparence pour évaluer le
contenu :
• Le connecteur c’est pourquoi ouvre l’exposé de cette méthode qui sera structurée par d’autres connecteurs
logiques : conséquence (« alors »), et reformulation (« c’est-à-dire que »)
• On retrouve aussi la formule injonctive « il faut », mais à la forme affirmative : il s’agit d’une règle de lecture : valeur
prédictive.
• L’emploi des temps marque également les différentes étapes du raisonnement :
Présent (« il faut ouvrir ») expérience de l’ouverture et de l’examen : « soigneusement peser » suppose un
acte intellectuel, actif et appliqué
Imparfait (« promettait », « prétendait ») apparence, extérieur
Futur (« connaîtrez ») la connaissance comme révélation de mystères précieux = antithèse « matière » (=
intérieur)
...