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Lecture cursive du roman Gargantua de Rabelais

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Par   •  26 Décembre 2013  •  6 849 Mots (28 Pages)  •  1 650 Vues

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LECTURE CURSIVE – RABELAIS, GARGANTUA, 1534

I – QUI EST FRANCOIS RABELAIS ?

Date de naissance incertaine : 1494 ou peut-être 1483. Né en Touraine, près de Chinon, à La Devinière dans une famille aisée (père avocat). C’est d’ailleurs dans cette région que se situent les pays de Grandgousier et Picrochole.

On suppose qu’il a reçu l’enseignement traditionnel de l’époque fondé sur l’apprentissage par cœur ; qu’il aurait ensuite étudié le droit.

En 1520, il est ordonné prêtre et appartient à l’ordre des Franciscains (ordre caractérisé par son extrême pauvreté). Il est à cette époque animé d’une grande passion pour l’Antiquité grecque et latine, correspond avec Budé (très grand helléniste et humaniste), a appris le grec ce qui est un fait rare à cette époque. En 1523, on lui confisque ses livres ; c’est sans doute ce qui explique qu’il a quitté les Franciscains pour rejoindre l’ordre des Bénédictins (vie consacrée à la recherche de Dieu, conservation et transmission de la culture classique).

Il a de nombreux contacts avec des Humanistes (notamment Erasme) qui travaillent au renouveau des sciences et des lettres par la traduction et l’étude des textes antiques.

Vers 1528, il commencerait des études de médecine et devient prêtre séculier (n’appartient plus à un ordre). C’est un étudiant brillant. En 1532, il donne des cours à la faculté de Montpellier sur la médecine antique et obtient un poste de médecin à l’hôpital de Lyon qui est alors un grand foyer intellectuel français, moins soumis à la Sorbonne.

Il devient médecin officiel du Conseiller de François Ier, le Cardinal du Bellay (oncle du poète Joachim Du Bellay), duquel il obtient une précieuse protection jusqu’à sa mort. Avec lui, il effectue trois séjours très enrichissants à Rome.

En 1537, il est nommé docteur en médecine et pratique des dissections alors formellement proscrites par l’Eglise. Il est aussi régulièrement inquiété pour ses publications. Vers la fin de sa vie, en 1550, il revient en Ile-de-France, sous la protection de du Bellay après s’être réfugié à Metz, et meurt en 1153, un an après la parution du Quart Livre.

On retient la grande diversité et la grande animation qui caractérisent cette vie : c’est le portrait d’un homme plein d’appétit, particulièrement savant et audacieux.

II – CONTEXTE ET PUBLICATION DE GARGANTUA

L’humanisme au XVIème siècle se définit par une confiance entière dans la nature et la bonté de l’homme : avec l’homme, s’il est instruit et guidé par les préceptes divins, tout est possible. Le mot devient synonyme d’érudition et de sagesse morale. Le terme vient du latin humanitas : il s’agit de développer l’humanité de l’homme, par les lettres en premier lieu, comme moyen de formation culturelle.

C’est une révolution : cette conception remplace une vision très pessimiste de la nature humaine conçue comme pervertie. Il s’agit de retrouver la nature bonne de l’homme par l’éduction, la raison et la morale, sous le signe de la mesure.

Evangélisme et Réforme protestante

Ces deux mouvements mettent également en cause les abus de l’Eglise (indulgences, corruption, fainéantise…). Mais, contrairement aux protestants qui ne reconnaissent plus l’autorité du Pape, les Evangélistes restent dans l’église catholique.

Ils partagent le désir d’un retour aux textes originaux de la Bible, dégagés des commentaires des Pères de l’Eglise, de la tutelle de l’institution. En 1530, Lefèvre d’Etaples traduit la Bible en français et inquiète profondément l’Eglise qui perd son contrôle et son autorité spirituelle. Pour les Humanistes, c’est au contraire la garantie de l’exercice de l’esprit critique, d’une méditation approfondie et personnelle.

Les partisans de la Réforme comme Luther et Calvin, sont beaucoup plus radicaux.

Calvin, contrairement aux Evangélistes, a une vision très austère de l’homme et de sa condition : le salut dépend de l’élection divine, c’est-à-dire du choix de Dieu d’accorder ou non sa grâce, et non des mérites de l’homme durant sa vie terrestre. C’est assez logique dans la mesure où l’homme, par principe, n’a pas de valeur puisqu’il est marqué par la corruption et le péché depuis la Chute.

Réception de ces idéologies

Jusqu’en 1534, ces contestations sont plutôt bien accueillies par François Ier dont la sœur, Marguerite de Navarre, est très proche des Humanistes et partage nombre de leurs positions.

Mais, dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534 a lieu l’affaire des Placards : des affiches contre la messe catholique sont placardées dans plusieurs villes de France, et jusque sur la porte de la chambre du Roi. François Ier, scandalisé, réagit et ouvre la voie à une sévère répression contre les hérétiques.

Le texte de Gargantua, publié dans ce contexte-là, relève d’une profonde audace.

La publication

Gargantua a été publié sous le pseudonyme Alcofribas Nasier qui est l’anagramme de François Rabelais.

Première particularité : le récit du fils précède celui du père. En effet, Pantagruel est publié en 1532 alors que Gargantua ne l’est qu’en 1534 ou 35. Il reste difficile de dater l’ouvrage. Il s’agit d’une somme : Pantagruel, Gargantua, Tiers Livre, Quart Livre et Cinquième Livre publié de manière posthume. Le personnage de Gargantua ne reparaît que furtivement dans les récits suivants.

Pantagruel comme Gargantua rencontrent le succès auprès du public populaire mais sont boudés par le public savant que Rabelais vise pourtant. C’est ce qui explique le Prologue de Gargantua dans lequel il justifie l’apparence simple et laide qui cache de sérieuses réflexions « tant sur notre religion que sur l’état de la cité et la gestion des affaires ».

La Sorbonne censure une première fois Rabelais en 1533. En 1542 paraît une nouvelle édition en un volume de Pantagruel et Gargantua corrigée : les cibles y sont beaucoup moins explicitement nommées. Néanmoins, le volume est encore censuré en 1543. Le contexte s’est durci : François Premier d’abord favorable aux Humanistes et à leur conception nouvelle de l’Eglise (évangélisme, réforme) raffermit ses positions et réprime sévèrement les hérétiques suite à l’

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