Baudelaire, les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, "La vie antérieure" : peut-on considérer cette vie comme l'incarnation de l'idéal dont rêve le poète ?
Fiche : Baudelaire, les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, "La vie antérieure" : peut-on considérer cette vie comme l'incarnation de l'idéal dont rêve le poète ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mitsurich • 12 Juin 2023 • Fiche • 1 348 Mots (6 Pages) • 239 Vues
Introduction
Pour la présentation de l’auteur et de son œuvre, reportez-vous à l’introduction de
la 1ère explication linéaire, celle consacrée au « Vin des chiffonniers »
Présentation du poème
« La vie antérieure » est un sonnet qui fait partie de la section « Spleen et idéal ».
Baudelaire, peut-être inspiré par la croyance en la réincarnation des âmes1, y évoque
une vie rêvée, vécue dans une précédente existence. On peut aussi penser que cette
évocation doit quelque chose à la découverte par le poète, alors âgé de vingt ans, du
paysage exotique de l’île de La Réunion.
Problématique
Peut-on pour autant considérer cette vie comme l’incarnation de l’idéal dont rêve le
poète ?
Proposition de découpage
1er mouvement (quatrains) : Un cadre de vie idéal
2ème mouvement (tercets) : Un bonheur miné par un mal mystérieux
1er mouvement
Un cadre de vie majestueux (1er quatrain)
1. Ce cadre de vie – B. nous le précise d’emblée – appartient à un passé révolu : cf.
emploi du passé composé « ai habité », tps qui exprime le fait que l’action
d’habiter est terminée, accomplie au moment de l’énonciation du poème par le
protagoniste de cette vie, le poète désigné par le pronom de 1ère pers.
1ère touche mélancolique, liée au caractère révolu de cette vie, compensée en
partie par ce qu’exprime l’adv. « longtemps », à savoir un temps assez long pour
que cette vie ait pu être suffisamment appréciée.
2. D’autre part, le verbe « ai habité » par son sens (« occuper habituellement un
lieu ») conduit de façon logique à la description du cadre de vie.
Qu’est-ce qui le caractérise ?
3. Sa grandeur architecturale qu’exprime le GN « sous de vastes portiques »
amplifiée par le pluriel. Le « portique » valorise ce cadre par son lien avec un
passé prestigieux, celui de l’Antiquité grecque. Une grandeur réaffirmée et
exaltée par tous les mots du vers 3 : adj. et nom.
4. Majesté du lieu suggérée enfin par l’ampleur de la phrase qui se déploie, par
enjambements successifs sur l’ensemble du quatrain.
5. Cadre également magnifié :
ü d’une part par la lumière du soleil, à l’intensité irréelle, fantastique : GN
« mille feux », adj. numéral hyperbolique « mille »
ü d’autre part par l’obscurité du crépuscule (« le soir »), qui métamorphose
(cf. comparaison) une construction humaine en un espace naturel.
Changement sans doute vécu comme une féérie par le poète qui en est le
spectateur.
Remarque
Si le poème doit être relu à la lumière de sa chute (v.14), peut-être alors faut-il tenir
compte ici de potentielles connotations négatives, celle mélancolique liée au moment
évoqué (« le soir ») et celle inquiétante liée au lieu : « grottes basaltiques » (dureté,
couleur noire, lien entre « grotte » et vie primitive, liée aux profondeurs terrestres).
Un cadre de vie harmonieux (2nd quatrain)
6. Harmonie liée au pouvoir des éléments naturels (« houles », « cieux »,
« couchant ») de s’unir, de s’interpénétrer : cf. verbe « Mêlaient » comme rejeté
au début du vers 6 et donc mis en valeur. + gérondif « en roulant ».
7. Interpénétration valorisée par les adj. du CC de manière « d’une façon solennelle
et mystique » comme si elle conférait au spectacle naturel une dimension sacrée,
divine (cf. autres termes de ce lexique : « cieux » et « tout-puissants »). Sans
doute parce que cette union suggère l’unité, l’harmonie du monde (entre le
profane2 et le sacré) à laquelle aspire le poète (cf. le sonnet IV
« Correspondances ») et qui se réalise dans son cadre de vie.
8. Harmonie que B. suggère aussi par la répétition (à surligner dans le quatrain) de
certains sons : assonances en [ou], en [i], allitérations en [l], [k] ou [ch] et par
l’enjambement et l’absence de pause au sein du quatrain.
9. Harmonie perceptible également au niveau sensoriel, celui de l’ouïe et de la vue
dans ce quatrain : « accords » et « musique » / « couleurs », « couchant ».
1 Également appelée métempsychose. 2 Profane : ce qui est devant le temple, comme le « portique »
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