Commentaire de texte Hiroshima mon amour
Commentaire de texte : Commentaire de texte Hiroshima mon amour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar r.guimont • 3 Décembre 2023 • Commentaire de texte • 1 381 Mots (6 Pages) • 230 Vues
Introduction :
Le 6 aout 1945, les Etats-Unis ont utilisé l’arme nucléaire pour la première fois sur la ville d’Hiroshima au Japon, tuant des dizaines de milliers de personnes et traumatisant des centaines de milliers d’autres. Le scénario d’Hiroshima mon amour traite de la tragédie ce bombardement à travers un dialogue entre une femme européenne : « elle » et un Japonais : « lui » dont elle est amoureuse. Nous sommes invités à discuter l’idée que ce dialogue n’aurait pas pour fonction première d’exprimer le caractère extrêmement spectaculaire du bombardement de la ville d’Hiroshima. Nous nous attarderons d’abord sur la représentation du bombardement puis sur la réflexion à propos de cette représentation avant de nous interroger sur la difficulté du dialogue.
I La représentation du bombardement
1) L’objectivité des faits
En visiteuse appliquée, la Française n’a omis aucun des lieux de mémoire entretenant le souvenir de l’attaque atomique du 6 août 1945. Cette dernière a ainsi visité le musée dédié au bombardement - « Quatre fois » précise-t-elle même, observer dans les vitrines aussi bien des « reconstitutions » que de saisissantes reliques comme ces « peaux humaines flottantes » ou bien encore ces « chevelures anonymes que les femmes de Hiroshima retrouvaient tout entière tombées le matin, au réveil. » Toujours soucieuse de précisions chiffrées, l’héroïne se rappelle que les victimes ont été exposées à une température de « dix mille degrés », c’est-à-dire « la température du soleil. »
2) L’horreur mise en évidence par le travail de l’écriture
Il est vrai que le dialogue peut avoir comme enjeu la représentation du bombardement atomique d'Hiroshima. Effectivement, le personnage féminin a vu les conséquences désastreuses du bombardement lors de commémorations. On peut le voir notamment avec le parallélisme entre le fer et la pierre : « Le fer brûlé. Le fer brisé, le fer devenu vulnérable comme la chair » ; « Des pierres. Des pierres brûlées. Des pierres éclatées » Le passage du singulier au pluriel accentue la destruction. On peut également relever le parallèle entre la dureté du fer et la fragilité de la « chair » et l’allitération en ère qui souligne la similarité.
Les restes humains sont également un élément qui frappe le lecteur : « des peaux humaines flottantes, survivantes, encore dans la fraîcheur de leurs souffrances », « des chevelures anonymes […] tombées le matin au réveil ».
Le renouveau anormal de la nature est assez inquiétant : « des espèces animales précises ont resurgi des profondeurs de la terre et des cendres », « bleuets et glaieuls, et volubilis et belles-d’un-jour qui renaissaient des cendres avec une extraordinaire vigueur, inconnue jusque-là chez les fleurs » et cela est accentué par la répétition des nombres « premier, deuxième, troisième, quinzième jour » qui est une parodie de la genèse.
Transition : La représentation faite du bombardement par la française est très précise, détaillée et violente. Cependant elle ne l’a pas vécu et le japonais remet en cause ses dires.
II La mise en cause de cette représentation
Opposition violente entre :
1) L’insistance sur la recherche des informations et la fiabilité des sources.
Les sources de l’information sont systématiquement mentionnées : le « musée », les reconstitutions, les films, les actualités, les photos. « Elle » justifie la fiabilité de celles-ci avec un parallélisme de construction et l’emploi d’un superlatif : « Les reconstitutions ont été faites le plus sérieusement possible. Les films ont été faits le plus sérieusement possible ».
Le champ lexical du regard est prééminent avec la répétition de « j’ai regardé » deux fois et de « j’ai vu » sept fois. C’est cette observation qui permet selon elle la connaissance : « Je le sais », « comment l’ignorer ? », « je sais », « je sais tout ». Elle insiste aussi sur le fait que ce qu’elle a vu est proprement « inimaginable » : « J’ai vu des capsules en bouquet : qui y aurait pensé ? » ; « un sort tellement injuste que l’imagination d’habitude pourtant si féconde, devant eux, se ferme ».
Parcourant des espaces, la femme s’est en outre confrontée aux images évoquant la catastrophe : des « photographies », es « actualités » mais aussi « des reconstitutions […] faites le plus sérieusement possible » sources d’une « illusion […] tellement parfaite que les touristes pleurent. » Ne se contentant pas de ces lieux de mémoire - les uns concrets et spatiaux, les autres immatériels et iconographiques -, la femme est enfin allée à la rencontre des « rescapés et ceux qui étaient dans le ventre des femmes de Hiroshima. » Rien de ce qui concerne la tragédie du 6 août ne semblerait donc avoir échappé à la rigoureuse observatrice qu’est la Française, affirmant d’ailleurs au terme de son récit : « Je sais tout. »
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