Commentaire de texte : Hiroshima, Albert Camus
Commentaire de texte : Commentaire de texte : Hiroshima, Albert Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Colin Demange • 21 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 1 519 Mots (7 Pages) • 6 753 Vues
Commentaire : Hiroshima – Albert Camus
Cet extrait d’article est paru dans Combat, ce journal créé lors de la Seconde Guerre Mondiale fut l'un de ceux à médiatiser le travail de grands écrivains tels Jean-Paul Sartre ou encore Albert Camus. De fait, cet éditorial du 8 août 1945 met en avant la subjectivité de ce dernier, ses sentiments personnels, puisque rédigé directement après les faits. En effet, Camus l’a écrit deux jours après le bombardement d’Hiroshima. Le lendemain, 3 jours après la mort de 140000 personnes, un autre bombardier B-29 Américain ira frapper Nagasaki. 80000 personnes périront sous le feu de ces nouvelles armes infernales. Ces bombardements seront la cause principale de la capitulation du Japon et sonneront le glas de la Guerre du Pacifique.
De quelle façon Camus critique-t-il l’utilisation de cette arme et l’attitude du monde face à celle-ci ? Nous y répondrons en rendant compte de la réaction des médias et du monde devant l’atrocité de cette invention. Par la suite nous étudierons comment l’auteur appelle l’humanité à une prise de conscience.
Tout d’abord, dès la première phrase, Camus expose ce qu’il pense de l’humanité « c’est à dire peu de chose. » cette phrase montre déjà la direction que va prendre le pamphlet de l’auteur. On trouve ensuite une énumération des médias « Des journaux américains, anglais et français », qui nous apprend que cette bombe a fait beaucoup de bruit partout dans le monde, Camus utilise le mot « déclencher » pour parler du « formidable concert » des médias, mais ce verbe fait aussi écho à la bombe atomique, l’auteur nous apprend à la ligne 5 que les commentaires des journalistes sont « enthousiastes » à propos du fait qu’une « ville d’importance moyenne peut être rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football » on ne sait pas si la comparaison avec le ballon de football est due à un manque d’informations (le bombardement à eu lieu deux jours avant la publication) ou à une exagération volontaire de l’auteur, la bombe étant bien plus grosse qu’un ballon de football.
À la ligne 8, Camus tourne en dérision les journalistes « américains, anglais et français » en utilisant l’ironie : « se répandent en dissertation élégantes » et critique par la même occasion les justifications de l’emploi de la bombe atomique « la vocation pacifique et les effets guerriers ».
L’auteur et journaliste va clôturer son paragraphe avec une sentence et l’imposition d’un choix : « la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. » Camus utilise ici des mots très forts en parlant de sauvagerie, c’est là, une animalisation. Nous reviendrons sur le choix qu’impose l’auteur à l’humanité dans le second axe.
Dans le second paragraphe, l’écrivain va exprimer tout son ressentiment à l’égard de cette arme et de ses partisans. En effet, Camus trouve « indécent » de « célébrer ainsi » ce qu’il qualifie comme « la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. ». Il trouve indigne l’utilisation une littérature légère pour encenser l’emploi d’une arme qui a causé la mort de 140000 personnes. Il utilise aussi le champ lexical de la violence et des phrases qui y font écho tout au long de son pamphlet, et particulièrement dans ce paragraphe : « dans un monde livré à tous les déchirements de la violence » ou encore avec « la science se consacre au meurtre organisé » on trouve ici une attaque de la science et de son utilisation, Camus appuie sur le fait que l’homme a toujours consacré ses talents et son inventivité au service de la destruction et du meurtre de son prochain « personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner. ».
Dans le troisième paragraphe, le journaliste va à nouveau attaquer ses confrères en appuyant sur le fait qu’il est intolérable de parler de tels actes avec une « littérature pittoresque ou humoristique » mais il souligne tout de même que « Ces découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu’elles sont » par cette phrase l’écrivain défend le fait que tout le monde doit être informé d’actes aussi graves.
À travers le dernier paragraphe, Camus nous parle d’un monde en guerre, et c’est avec cette première phrase « Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. » que l’on comprend que c’est cette bombe, cette nouvelle machine à tuer qui fait déborder le vase, l’homme de lettre pense que l’humanité arrive à un tournant (nous reviendrons également sur ce point lors du second axe). Camus nous parle à la seconde ligne de ce paragraphe, d’ « angoisse […] qui a toutes les chances d’être définitive. » En effet, cette bombe sera le point d’origine de la Guerre Froide ainsi que de tous les fantasmes de la seconde moitié du XXème siècle. Angoisse qui est encore très présente dans l’imaginaire collectif.
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