TD Vie Politique Mondiale

TD. Vie Politique Mondiale                                      

Séance 5 : Quelle lecture du monde après la fin de la guerre froide ?

1/ Quelle est la thèse de Huntington ? (doc. 1)

        A la fin de la guerre froide, le monde bipolaire n’était plus et le monde avait besoin d’une nouvelle lecture du monde et des conflits. C’est dans ce contexte que Samuel Huntington écrivit dans un premier temps dans le Foreign Affaire en 1993, un article du nom de The Clash of Civilisation qui donna lieu à un livre du même titre publié en 1996. La thèse de Huntington expose l’idée selon laquelle après la guerre froide, le monde se serait réparti en 9 grandes civilisations : occidentale, orthodoxe, latino-américaine, africaine, islamique, hindoue, chinoise, bouddhiste, japonaise. Pour Huntington, depuis la fin de la guerre froide, ce sont les identités, la culture et donc les civilisations qui engendrent les nouveaux conflits ou les nouvelles alliances. Cette thèse se base sur l’idée qu’il faut absolument avoir des ennemis désignés, savoir contre qui ont se bat. Il propose donc avec cette thèse une nouvelle grille de lecture des relations internationales afin de mieux comprendre les conflits et de leur trouver des explications. Si cette thèse se nomme le choc des civilisations c’est bien parce que selon Huntington les nouveaux ennemis sont les autres civilisations car l’après guerre froide donne lieu à un monde multicivilisationnel. Pour lui, la civilisation représente l’entité culturelle la plus large à savoir la langue, la religion, les habitudes… L’état et la civilisation n’ont donc pas forcément à voir. Par ailleurs, la thèse de Huntington expose 3 questions : celle de l’originalité, celle de la cohérence et celle du schème du devenir. C’est ainsi que Huntington construit sa thèse.

2/ Quels sont les reproches de l’auteur à la thèse de Huntington ? (doc. 1 et 3)

        La thèse de Huntington s’expose à plusieurs reproches. Dans l’article Huntington ou la culture de l’ennemi, publié le 5 mars 2003 sur espacestemps.net, une revue sur les sciences sociales, René-Eric Dagorn met en lumière les différentes reproches faites à la thèse de Huntington par différents auteurs tel que Marc Crépon ou encore Karl Jaspers. Dans un premier temps, l’auteur critique la simplicité de la thèse de Huntington. La lecture du monde et des conflits dans les relations internationales n’est pas si simple et ne peut être comprise qu’avec une seule grille de lecture comme le suppose Huntington. Il y a tellement de variables et de possibilités d’interprétations différentes que réduire l’interprétation d’un conflit à une seule grille de lecture serait faire une erreur dans l’appréhension du conflit. C’est privilégier l’explication la plus faible et laisser libre cours à l’instrumentalisation idéologiques et politiques. En effet, Huntington, dans son livre, désigne « la civilisation islamique » comme ennemi des États-Unis ce qui affirme une islamophobie qui se confirme après l’attentat du 11 septembre 2001. De plus, puisque cette thèse se base sur une définition du terme civilisation erronée, alors la thèse de Huntington perd en crédibilité selon Dagorn. Le fait que cette thèse n’admette qu’une définition du terme civilisation est aussi une critique de la part de l’auteur car le mot civilisation possède plusieurs sens et ne peut être réduit à une seule définition. Là encore, on relève une critique qui tient de la réduction. C’est en effet la plus grosse critique de l’auteur qui met ne lumière le fait que la thèse de Huntington est réductrice non seulement pour la lecture des conflits mais aussi dans sa formulation. Par ailleurs, si on s’intéresse aux différentes civilisations que Huntington a désigné, on se rend compte que ces regroupements ne sont pas cohérents puisqu’à l’intérieur même des civilisations il y a des conflits. C’est dans ce sens que cette thèse est critiquée car elle est tout simplement fausse et qu’elle induit en erreur.

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