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Commentaire - Jean Bodin (Les VI livres de la république)

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Par   •  7 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  3 169 Mots (13 Pages)  •  2 066 Vues

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Commentaire de texte

Jean Bodin, Six livres de la République (1576)

Jean Jaurès, un homme politique français disait : « La république c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté ». Cette phrase prononcée au XIXème siècle montre bien que le problème de la souveraineté a toujours fait réfléchir les auteurs de doctrine juridique, que ce soit les hommes politiques ou les écrivains. Sur le point de la liberté de croyance, Jaurès et Bodin se seraient certainement entendu puisque vivant à l’époque des guerres de religion, la religion personnelle de Bodin n’est pourtant pas très assurée. Mais, ils ne se seraient jamais accordés sur la détention de la souveraineté par le peuple. En effet, pour Jean Bodin comme pour Jacques-Bénigne Bossuet, qui sont deux théoriciens de la doctrine absolutiste, la souveraineté ne doit être exercée par un seul, sous peine de voir la désagrégation de l’Etat dans laquelle cette souveraineté est exercée. La vie et la personnalité de Jean Bodin nous sont mal connues. Né à Angers en 1530, il est avant tout un juriste souvent consulté sur des questions de droit public, mais aussi un économiste. Après un passage chez les Carmes, puis des études de droit à Toulouse, il devient avocat à Paris et se fait remarquer aux Etats de Blois en 1576, comme député du Vermandois. Devenu conseiller du duc d’Alençon, il voyage avec lui, en particulier en Angleterre et aux pays-bas. Il achève sa vie pourvu d’un office de procureur à Laon où il adhère, par prudence, à la Ligue. Il y meurt en 1596. Ce n’est pas tant cette carrière politique de Jean Bodin qui fait que l’on parle encore de lui aujourd’hui. Jean Bodin est plus un homme de lecture qu’un homme d’action. Sa curiosité universelle le pousse à s’intéresser notamment au droit, à la philosophie et à l’histoire. Il s’intéresse aussi surtout au concept de la souveraineté, qui est le « caractère suprême d’une puissance qui n’est soumise à aucune autre » dixit Gérard Cornu au XXIème siècle dans son vocabulaire juridique. Jean Bodin, qui a écrit le texte qu’il nous est proposé de commenter, donnera une définition assez peu éloignée de celle de Cornu. Le texte en question est un exposé sur la nature de la République, extrait des Six livres de la République. Cette oeuvre est la plus connue de Jean Bodin, elle fut écrite en 1576. Dans les années 1450, la féodalité est vaincue par la royauté, le Roi redevient le seul souverain de la puissance suprême. De plus, le XVème siècle et le XVIème siècles sont le théâtre d’importantes guerres de religion, apparaissent alors de vives critiques concernant la monarchie absolue. Il va alors s’agir de renforcer l’autorité royale, affaiblie par les guerres. Cette mission sera celle de la doctrine, avec Jean Bodin en tête de file. Dans ce texte, Jean Bodin tente de définir la souveraineté et la rend nécessaire. Il est donc aisé de comprendre tout l’intérêt du texte à cette époque-là où les théoriciens de la doctrine vont se charger de renforcer l’autorité royale. La problématique générale de ce texte sera donc de savoir quelle est la définition de Jean Bodin sur la souveraineté. Nous verrons que Jean Bodin dégage deux grandes composantes de la souveraineté que sont le caractère absolu, perpétuel et indivisible de la souveraineté (I) et que cette puissance est néanmoins conditionné par quelques principes supérieurs sur le Roi (II).

I- Les indispensables critères de la monarchie absolue

Pour Bodin, le concept de la monarchie absolue va de pair avec le concept de la souveraineté. Les principes de la souveraineté sont à la base de l’Etat, donc de la monarchie absolue, puisque la souveraineté est la puissance suprême. Tout d’abord, un élément indispensable à l’exercice de la souveraineté est la puissance absolue (A). Nous verrons ensuite le pouvoir législatif qui s’exerce sur cette République (B).

A. Le Roi comme titulaire d’une puissance absolue

Pour Bodin, la puissance souveraine, la souveraineté, apparait comme l’essentiel. Absolue et perpétuelle, elle est la force d’union et de cohésion de la communauté politique, elle caractérise le pouvoir d’Etat qui doit être permanent dans la mesure où il est continu et limité dans le temps et aussi absolu parce que c’est à lui qu’appartient le dernier ressort. L’auteur, dans le premier paragraphe de son ouvrage commence par indiquer la première caractéristique de la souveraineté selon lui. Il nous décrit ainsi la souveraineté comme « la puissance absolue [...] de la République ». Pour Jean Bodin, ce caractère absolu s’explique notamment par le fait que l’empereur « ne soient aucunement sujets au commandement d’autrui ». La souveraineté doit ensuite être une puissance perpétuelle. L’enjeu de cette perpétuité est la continuité de l’Etat, elle doit donc être irrévocable. Si la souveraineté venait à s’interrompre, l’Etat serait interrompu à son tour. Un siècle plus tard, Louis XIV, qui était le Roi lors de l’apogée de la monarchie absolue, sur son lit de mort a dit : « Je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours ». Ensuite, il y a une opposition entre la perpétuité de la souveraineté à l’idée que le prince puisse n’en être que « dépositaire » et en opposant son caractère absolu à toute possibilité de partage. « Ceux-là qui sont souverains ne soient aucunement sujets aux commandements d’autrui ». Dans cette phrase, on voit l’apparition d’un troisième critère : la souveraineté est indivisible. La souveraineté ne peut pas être partagée, une seule personne doit en être titulaire. Bodin refuse tous les régimes politiques de coexercice de la souveraineté. En effet, qui dit partage de la souveraineté dit alliances et surtout risques de divergences donc risques de faiblesse de l’autorité titulaire de la souveraineté, et à terme risque de faiblesse de l’Etat. Bodin refuse également l’oligarchie, l’aristocratie et la démocratie. Ainsi, il refuse le régime politique dans lequel ce sont tous les membres du peuple qui se partagent l’exercice de la souveraineté. A contrario, Bodin préfère la monarchie comme régime politique, il érige en modèle le gouvernement d’un seul, d’où sa célèbre citation « Nul ne peut être souverain en nulle république qu’un seul ». Finalement, le meilleur moyen de garantir l’intérêt de la Res Publica, c’est qu’il n’y en ait qu’un qui assume les intérêts de tous.

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