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Jean Bodin - les six livres de la République, livre II, chapitre V

Fiche de lecture : Jean Bodin - les six livres de la République, livre II, chapitre V. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2017  •  Fiche de lecture  •  3 147 Mots (13 Pages)  •  1 584 Vues

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Jehan Bodin,

Les six livres de la République, Livre II, Chapitre V.

I.  Biographie de l'auteur et présentation de ses principales œuvres.

        

Né vers 1530, Jehan Bodin provient de la bourgeoisie provinciale d'Angers. En plus d'étudier le droit, il se forge une culture hétéroclite étudiant aussi bien l'Histoire, la géographie, les langues anciennes et modernes (l'hébreu, le latin, le grec ancien auxquelles il faut rajouter l'italien, l'allemand et l'espagnol), il s’attelle également aux mathématiques, à la physique et à la science des astres. Érudit polyglotte, il rentre dans les ordres des Carmes à Paris, mais les quitte assez rapidement selon les registres de l'époque. Son œuvre, à son image, est assez hétérogène et découle à la fois de ses recherches mais également des ses expériences. Professionnellement, Bodin est actif dans la politique de son temps. En plus d'être un avocat d'affaire, il défend avec ardeur les intérêts de son roi. Il prend part, entre autres, aux états-généraux de Blois en 1576 durant lesquelles il se déclare pour la tolérance des cultes. On lui a souvent reproché une trop grande promiscuité avec les huguenots et les juifs, comportement que l'on peut imputer à son érudition plus qu'à une quelconque dissidence religieuse. Rigoureux et précis, il offre ainsi un panèle d’œuvres touchant des domaines aussi divers que la juridiction, l'économie, la société, ou encore la démonomanie.

En 1566, il publie un ouvrage intitulé  Methodus ad facilem historiarum cognitione ou La méthode pour étudier l'Histoire facilement. Celui-ci, avec Les six livres de la République (1577), forment un ensemble cohérent, complémentaire : l'un traite de la pratique et interprète les différentes juridictions, le second les théorise et les prescrit. Procédé comparable à Aristote qui, avant d'écrire sa Politique, rédigea sa Constitution aux Athéniens. En 1578, il publie un autre ouvrage juridique : Iuris universi distributio, qui traite du droit romain et de la réflexion autour de l'essence du droit. Un ouvrage notamment est publié en 1568 : Réponses aux paradoxes de M. de Malestroict touchant l'enrichissement de toutes choses et le moyen d'y remédier. Traité économique qui recèle d'idées modernes dans un contexte historique d'accroissement des ressources européennes dû, entre autres, aux richesses importées du Nouveau-Monde. Par souci d'exhaustivité, citons De la démonomanie des sorciers (1580), qui promeut la chasse aux sorcières, Apologie ou réponse pour la République de Bodin (1581), et enfin, deux œuvres plus tardives : L'amphithéâtre de la nature (1595), et le Universae naturae theatrum (1596). Bodin n'est pas un auteur prolixe et il est difficile de lui conférer une nature d'écrivain. Son style, lourd et ampoulé est aux antipodes du style incisif de son contemporain Machiavel. Nonobstant le fait qu'il soit considéré unanimement comme le père de la souveraineté moderne, il n'en reste pas moins que son œuvre ne s'est pas popularisée dans la postérité, à l'instar, par exemple, du Prince de Machiavel. Son piètre talent d'écrivain en est très certainement une des principales raisons. Son apport novateur et unique pour l'époque dans les domaines de la juridiction, de l'économie, de la philosophie ou encore de la théorisation de la souveraineté et de l’État en fait un pilier des sciences-sociales modernes. Son avant-gardisme a cependant ses limites à en suivre sa défense de la chasse aux sorcières.

II.        Les six livres de la République.

Afin de comprendre les fondements et enjeux politico-juridiques de cet ouvrage, il est essentiel d'analyser le contexte historique particulier dans lequel ce dernier s'inscrit. Publié en 1576, c'est à dire quatre ans seulement après la Saint-Bathélémy, la guerre de religions divise le royaume de France. Le juriste protestant François Hotman, rassemblé autour de Calvin à Genève, publie à l'attention de la France un pamphlet : la Franco-Gallia, qui remet en cause le pouvoir royal, absolu et donc tyrannique, invoquant, de facto, la légitimé du tyrannicide. Face à cela, un parti, les Politiques, dirigés par le chancelier Michel de l'Hôpital, défend le pouvoir royal, et justifie cette position en décrivant la souveraineté comme étant indépendante et détachée des querelles religieuses, prônant ainsi une sorte de sécularisation. En conséquence, Jehan Bodin, membre des politiques, va publier un monument de sciences-politiques: Les six livres de la République. Rigoureux, exhaustif, moralement dur mais juste et précis, il étaye, argumente, prescrit et proscrit, et, ce faisant, contrecarre toute revendication monarchomaque. Sa méthode, au sens étymologique, c'est à dire le chemin sur lequel il s'appuie, est celle de l'Histoire, ancienne et contemporaine, qu'il puise dans son érudition, comme nous l'avons vu, complète et qui lui fournit des supports sûrs pour ses longues argumentations juridiques et politiques.  

La République est ici apparentée à la res publica antique. Les six livres au sujet de la république réfléchit et analyse donc toutes les différentes sortes de l’État, afin de trouver la forme la plus congruente possible. Subdivisé en 42 chapitres, l'ouvrage massif a de quoi rebuter le plus enthousiaste des lecteurs : « Tout y est...Et plus que tout ! », « La famille, la puissance maritale, la puissance paternelle, l'esclavage, le citoyen, le sujet, l'étranger, le protégé, les traités et alliances, le prince tributaire, feudataire, souverain, la souveraineté et ses vraies marques, les diverses sortes de République : monarchie tyrannique, monarchie seigneuriale, monarchie royale, l'état aristocratique, l'état populaire ; le Sénat ,les officiers, commissaires, magistrats, les corps, collèges, états et communautés ; les finances et les monnaies ; les peines ; la justice distributive ; commutative  et harmonique ; la naissance, accroissement état florissant, décadence et ruine des Républiques ; les changements ou les révolutions des Républiques et les moyens de les prévoir ou d'y remédier ; la façon d’accommoder la forme de la République à la diversité des Hommes, et le moyen de connaître le naturel des peuples »[1]. Un ouvrage exhaustif de forme, mais de fond également. Une idée émergente et récurrente est extraite de l'ouvrage: la souveraineté. C'est dans ce livre que, pour la première fois, un auteur va décrire et penser l’État et sa souveraineté. Aristote pensait la cité grecque, Bodin réfléchit et pense l’État moderne. Non seulement pour contrer les monarchomaques, comme vu plus haut, mais également pour poser les bases d'une société qui émerge d'un monde féodale décentralisé et largement basé sur la suzeraineté. C'est de cette souveraineté dont il est principalement question dans l'extrait ci-présent.

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