Jean BODIN Les six livres de la République (1576), Livre I, chapitre VIII, Lyon, 1579
Commentaire de texte : Jean BODIN Les six livres de la République (1576), Livre I, chapitre VIII, Lyon, 1579. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Baptiste Dufaure • 3 Octobre 2017 • Commentaire de texte • 2 459 Mots (10 Pages) • 1 808 Vues
Commentaire de texte
BOSSUET, Politique tirée de l’écriture sainte, liv. III
« Nous ne dominerons points sur vous, ni moi, ni mon fils, mais le seigneur dominera sur vous. C’est lui qui établit les rois », répondit Gédéon, juge d’Israël au XIème siècle avant Jésus Christ à son peuple qui venait de le reconnaître lui et sa descendance, comme seul souverain.
Ce texte est un extrait de « La politique tirée des propres paroles de l’Ecriture Sainte », du Livre III de cette œuvre qui est un des trois ouvrages de Jacques Bénigne BOSSUET destiné à l’éducation du Dauphin de la couronne française.
Dans « La Politique tirée des propres paroles de l’Ecriture sainte » œuvre posthume puisque publiée en 1709, BOSSUET affirme de manière constante son souci d’ordre et d’unité. C’est pourquoi il convient de démontrer aux sujets la nécessité de l’obéissance, qui domine l’ensemble de son œuvre. Pour BOSSUET, la monarchie est la forme de gouvernement la plus naturelle et l’autorité royale est sacrée, absolue et soumise à la raison du prince. Celui-ci nous expose la théorie de BOSSUET concernant la monarchie de droit divin en basant son argumentation sur les « Ecritures Saintes » pour nous exposer les raisons de la sacralité de la royauté
Théoricien majeur de l’absolutisme, Jacques Bénigne BOSSUET (1627-1704) présente une pensée politique caractérisée par le respect de la tradition et l’abandon à la Providence. L’histoire et la politique sont pour lui des corollaires de la foi. Toutefois il n’a jamais cherché à présenter une théorie politique d’ensemble. Ses œuvres politiques lui ont été inspirées, soit par les nécessités de la polémique contre les protestants, soit par des soucis pédagogiques.
BOSSUET fut évêque de Condom jusqu’en 1671, date où il quitta se poste pour celui de précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV, monarque absolu jusqu’en 1679. En 1681 il fut nommé évêque de Meaux jusqu’à sa mort. Le recours à la religion permet à l’auteur de justifier un régime monarchique de droit divin. En effet, Louis XIV, seul véritable monarque absolu de l’histoire de France est loin de l’image donné par les écritures saintes du roi chrétien, simple ministre de Dieu tel que Bossuet le concevait.
En effet durant la période où vécu Bossuet, la France connaît un régime absolutiste parfait, celui de Louis XIV, le « roi soleil ». Le roi de France ne se sent plus l’obligation de se référer à l’autorité de Rome comme avaient pu le faire Charlemagne ou St Louis plus tôt. Le roi, Louis XIV est l’un des premiers rois à imposer un pouvoir exécutif et législatif aussi fort. Il sera, avec Colbert, à l’origine de plusieurs ordonnances de codification. Ce détachement s’opère aussi par l’épanouissement de l’Eglise gallicane, notamment défendu par Bossuet qui fût l’auteur de « la déclaration sur l’Eglise gallicane » en 1682, il sera même prédicateur et directeur de l’assemblée du clergé de France. Cependant même si le roi place la religion sous son autorité il n’en conteste pas la légitimité du pape.
Le Royaume de France est passé d’une monarchie divine à une monarchie absolue de droit divin, d’une soumission de l’Etat à l’Eglise à une soumission de l’Eglise à l’Etat. Cependant Louis XIV, comme ces prédécesseurs, cherche une unité par la foi. Il persécute les protestants et interdit leur religion par l’édit de Fontainebleau en 1685. Alors que Bossuet désapprouve l’idée d’absolutisme royal incarné par le « Roi Soleil », il ne prend pas le risque d’attaquer ce pouvoir et ce roi duquel il est très proche de par son statut de précepteur. En effet Louis XIV persécute aussi les catholiques qui s’opposent à son pouvoir absolu, par exemple les jansénistes.
De quelle manière Bossuet justifie-t-il, par l’interprétation et l’utilisation des Ecritures saintes, la sacralité de l’autorité et de la personne du roi afin que le peuple accepte son assujettissement ?
BOSSUET avec un raisonnement logique explique ce en quoi l’autorité royale et sacrée, mais aussi que la personne des rois est sacrée (I), ce qui lui permet d’en déduire ce en quoi le peuple doit respect et obéissance au roi.
I Sacralisation de l’autorité royale et de la personne des rois
Au travers des deux premières propositions, BOSSUET explique ce en quoi les rois sont autorisés à régner pour en arriver à expliquer ce pourquoi la personne des rois est sacrée.
- « L’autorité royale est sacrée »
BOSSUET place au cœur de la légitimation du pouvoir royal la religion, il prône une monarchie absolue de droit divin. Dans ce livre III de « Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte », il se consacre à une légitimation du pouvoir royal par la religion alors que dans le livre suivant il précise ce que en quoi l’autorité royale est absolue.
Dans un premier temps BOSSUET explique ce en quoi cette autorité royale est sacrée. BOSSUET dès la première phrase de sa première proposition, fait une comparaison entre Rois et ministres « Dieu établit les Rois comme ses ministres » ce qui peut sembler quelque peu péjoratif pour les Rois puisque le sens premier de ministre est serviteur de son origine latine « minister ». Les Rois pour BOSSUET ne seraient qu’une sorte d’intermédiaire entre les peuples et Dieu « …et règne par eux sur les peuples ». De ce fait, comme Dieu établit les Rois, ceux-ci ont toute légitimité pour exercer leur pouvoir, puisque leur pouvoir vient de Dieu il ne peut pas être remis en cause.
BOSSUET tend à faire une distinction entre les ministres et les lieutenants « Les princes agissent donc comme ministres de Dieu, et ses lieutenants sur la terre » alors que lieutenant tire aussi son étymologie du latin « minister ». Il faut penser ce mot d’un sens militaire, dans le sens où les Rois ont un pouvoir de commandement. BOSSUET au travers de son ouvrage ne se limite pas uniquement au royaume de France, puisqu’il parle de « Rois » mais aussi de la « terre », puis il parle aussi de « peuples », ce qui signifie qu’il sacralise l’autorité royale de chaque roi, pas uniquement celle du roi du royaume de France.
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