Texte 8 : Avènement de Michel I (811)

Rémi Favre L3                            Texte 8 : Avènement de Michel I (811) :

        Les chroniqueurs de l’époque contemporaine au règne de Michel I Rhangabé s’accordent pour décrire un empereur « complètement honnête et équitable mais incapable de gérer les choses ». C’est notamment grâce à l’oeuvre de Théophane le Confesseur, Chronographie qu’ils ont pu faire cette description.

        Chronographie est une source historiographique d’époque, une chronique rédigée entre 810 et 815. Elle est composée de deux parties, une concernant les faits et événements donnés en ordre chronologique et l’autre concernant les tables chronologiques spécifiant les différentes années (année du monde, année chrétienne, année du règne de l’empereur byzantin, année du règne des souverains perses et arabes mais aussi du pape et des patriarches). Pour l’année du monde, on remontait à 5392 ans entre la création du monde et la naissance de Jésus Christ ainsi, en l’an 811, nous sommes à l’année 6304 du monde. Elle prolonge la Chronique Universelle de Georges le Syncelle qui se termine en 284 avec Dioclétien pour aller jusqu’à la chute de Michel I Rhangabé en 813.

Théophane le Confesseur (759 – 818) est un aristocrate, un moine, un théologien et un chroniqueur byzantin. Né d’une famille iconodule, il prend par la suite, une part active à la lutte contre les iconoclastes sous Léon V. Il avait défendu les images lors du concile de Nicée II en 787 d’où le titre de « Confesseur » qu’on lui a donné à sa canonisation. Etant donné qu’il a rédigé son œuvre Chronologie en cinq ans, celle ci reste inexacte et manque de sens critique par manque de temps de la part de l’auteur. Cependant, l’oeuvre de Théophane le Confesseur domine la chronologie byzantine, elle relève de faits démontrés et non pas de son opinion personnelle même si Théophane et Michel I sont tous deux des iconodoules.

Avec Chronographie, Théophane le Confesseur relate des faits contemporains à son existence, ayant existé sous le règne de Michel I Rhangabé. Il rédige Chronographie sous les règnes de Nicéphore I, Staurakios, Michel I et Léon V l’Arménien alors que les menaces extérieures deviennent de plus en plus sérieuses et que l’empire byzantin doit faire face aux invasions des Arabes et des Bulgares.

La mort de Constantin V en 775 marque une pause dans la période iconoclaste byzantine, période durant laquelle les empereurs byzantins interdisaient le culte des icones et ordonnaient la destruction des images représentant le Christ ou les saints. Le concile de Nicée II de 787 convoqué par l’impératrice byzantine Irène impose la fabrication et le culte des images religieuses tout en annulant les décisions prises lors du concile iconoclaste de Hiéréia de 754. L’Empire reste alors iconodoule jusqu’en 815 avec Léon V sur le trône byzantin. Sous le règne de Nicéphore I, les byzantins font face aux Bulgares dirigés par Krum. Alors que la menace du califat abasside s’éloigne, Nicéphore I se concentre sur l’Occident et tente de soumettre les Bulgares. Les byzantins avaient déjà été défaits au siège de Serdica au printemps 809 et ils subissent une nouvelle grande défaite en Juillet 811 à la bataille de Pliska où Nicéphore I perd la vie et où son fils Staurakios est gravement blessé dans le dos. Par l’initiative du patriarche Nicéphore, Michel I Rhangabé est annoncé sur le trône de l’Empire à la place de Staurakios et de sa femme Théophanô.

         Dans l’extrait de Chronographie, Théophane le Confesseur décrit les trois premiers mois de l’investiture de Michel I Rhangabé à Constantinople. Ce dernier prend la place de Staurakios, son beau-frère, sous l’impulsion du patriarche Nicéphore. On découvre un empereur très pieux et orthodoxe qui doit agir rapidement face à la menace bulgare qui entoure l’Empire en cherchant à restaurer la paix dans l’empire, avec Occident et entre les iconodoules et les iconoclastes. Il revient notamment sur la politique sanguinaire de Nicéphore et assure sa descendance sur le trône byzantin alors que Staurakios succombe à ses blessures.

Cet extrait nous permet d’en savoir plus sur la période succédant la mort de Nicéphore I et sur le tournant que prend la politique byzantine sous Michel I alors que la menace bulgare est omniprésente dans l’empire.

• D’après Chronographie, comment est présenté Michel I lors de son arrivée au pouvoir dans un contexte de tensions suite à la défaite de Pliska en 811 ? 

        Pour commencer, il sera important de parler de l’arrivée soudaine et réussie de Michel I au pouvoir, mettant fin à la politique de Nicéphore I, annonçant le départ de Staurakios et la manière dont il garantit sa succession au cas où il serait amené à ne plus être en mesure de diriger l’empire. Michel I est présenté en tant qu’empereur pieux et orthodoxe dans Chronographie et nous montrerons dans une seconde partie que ces termes attribués à l’empereur sont justifiables par les signes révélés de la chrétienté au sein de la chronique, les dons faits à l’Église et la cérémonie du couronnement impérial byzantin. Enfin, nous verrons que Michel avait la volonté d’assurer la paix dans son empire avec la recherche d’une entente en Occident avec Charlemagne et le pape de Rome, la menace Bulgare et la nécessité d’unifier les byzantins et l’apaisement des tensions entre Théodore de Stoudios et le patriarche Nicéphore qui prenaient partis tous deux du côté de l’iconodulie pour Théodore de Stoudios et du côté de l’iconoclasme pour Nicéphore.

        Le 26 Juillet 811, Nicéphore I meurt au combat face aux Bulgares lors de la bataille de Pliska et Staurakios qui lui succède en tant qu’empereur a été gravement blessé au dos ainsi, Michel I se hisse au rang d’empereur et récupère l’empire byzantin tel que Nicéphore I l’avait laissé. Avec la chronique de Théophane le Confesseur, on voit bien que Michel I ne compte pas poursuivre la politique de Nicéphore I et souhaite le montrer rapidement aux byzantins : « l’avarice démesurée de Nicéphore, qui fut la cause de sa vie misérable, fut effacée. » (l.19,20). Dans sa chronique, Théophane caractérise Nicéphore I comme un empereur avare, tyrannique mais également hérétique bien qu’il ait été un excellent administrateur.

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