Commentaire de texte : Eloge de la province de Sicile en 70 av J-C

Commentaire de texte : Eloge de la province de Sicile en 70 av J-C

Dans les In Verrem (ensembles de discours rédigés par Cicéron en 70 av J-C), Cicéron tente de discréditer Verrès (gouverneur de la Sicile de 73 à 71 av J-C) en tentant de prouver grâce aux témoignages de nombreux siciliens les nombreux vols d'œuvres d'art commis par celui-ci en Sicile durant son mandat de gouverneur.

Dans le texte étudié extrait des In Verrem, Cicéron décide de faire l'éloge de la province de Sicile dans le but de montrer la fidélité de celle-ci à Rome est ainsi de montrer à quel point les méfaits commis par Verrès à l'encontre de la Sicile sont impardonnables et préjudiciables à Rome, "Mais toutefois, avant de parler des graves dommages éprouvés par la Sicile, il me semble que j'ai à dire quelques mots du mérite de la province, de son ancienneté, de son utilité pour la République" (L 1 à 3).

Cette stratégie de faire l'éloge de la victime (ici la Sicile) plutôt que de parler directement des dommages infligés par l'accusé (ici Verrès) est classique de l'oratoire d'un avocat, Cicéron cherche ainsi à attirer l'attention sur la Sicile en la glorifiant tout en "méprisant" Verrès en ne lui accordant aucune place dans son récit.

Ce texte est une source littéraire de première importance, car c'est grâce aux In Verrem que Cicéron va ce faire reconnaître comme un grand "oratores".

Dans ce texte Cicéron montre toute l'utilité de la Sicile pour la République romaine, et invite à ce demander en quoi la Sicile en tant que province est solidement ancrée à la République romaine ?

Pour expliquer l'importance géostratégique de la Sicile au sein de l'imperium romain, Cicéron revient dans un premier temps sur le passé glorieux de la Sicile en tant que province romaine (L 1 à 31).

Puis dans un second temps Cicéron montre l'importance économique que représente la Sicile pour la République romaine (L 32 à 42)

Et enfin Cicéron évoque un aspect de la colonisation romaine en parlant des liens culturels et économiques liant les romains aux siciliens (L 43 à 61).

Tout d'abord Cicéron souligne l'ancienneté de la Sicile en tant que province romaine, "C'est elle qui, la première de toutes, a reçu ce nom de province, qui est un titre d'honneur pour notre empire" (L 7 à 8). En effet, la Sicile est une des deux premières provinces romaines qui sont crées en 227 av J-C (la deuxième étant la Corse-Sardaigne). Ainsi la transformation de la Sicile en province est ici vu comme une sorte de prémices à l'imperium romain, c'est la Sicile qui a montrée à Rome sa destinée à dominer le monde, "c'est elle qui, la première, a enseigné à nos ancêtres combien il était glorieux d'exercer notre empire sur les nations étrangères" (L 8 à 9).

Cicéron souligne également l'importance géographique que la Sicile a pu avoir par le passé notamment dans la conquête du Nord de l'Afrique et dans la lutte de Rome contre Carthage pendant les guerres puniques, "Aussi est-ce dans cette province que l'empire de nos ancêtres a trouvé une forte position pour marcher contre l'Afrique; en effet, la puissance de Carthage, qui était si grande, ne serait pas tombée aussi facilement si la Sicile n'avait fourni ses ressources pour l'approvisionnement en froment et ouvert à nos flottes le refuge de ses portes" (L 13 à 16).

Cicéron fait aussi référence à un épisode de la deuxième guerre punique (218 av J-C à 202 av J-C), durant lequel la ville de Syracuse s'allie au général carthaginois Hannibal alors même que le reste de la Sicile reste fidèle à Rome. En 212 av J-C après plus d'un an de siège Syracuse tombe aux mains des romains et de leur général Marcus Claudius Marcellus qui met la ville à sac (durant le sac de la ville le savant grec Archimède est tué). Ici clairement Cicéron a une vision subjective de l'événement et donne un point de vue biaisé, car lorsqu'il dit "quand il l'eut emporté sur les ennemis, il les épargna" (L 23), ceci est vraisemblablement faux puisque la ville est pillée est mise à sac.

Malgré cette rébellion de Syracuse, à aucun moment Cicéron ne remet en doute la loyauté de la Sicile à Rome et il considère toujours la Sicile comme une alliée indéfectible de la République romaine.

Ce sentiment de loyauté de la Sicile envers Rome est souligné par cette phrase de Cicéron "qu'il ne jugeait pas devoir faire disparaître de l'île des alliés même la ville des ennemis" (L 31), cette phrase soulignant l'épisode Syracuse comme un épiphénomène qui ne remet pas en cause l'alliance indéfectible de la province de Sicile avec la république romaine.

En soulignant ce passé "glorieux" de la province de Sicile au service de Rome, Cicéron souligne l'importance historique de la Sicile dans la constitution de l'imperium romain.

Abordons dans une deuxième partie, l'importance économique que représente la province de Sicile pour la République romaine.

L'importance économique que représente la Sicile pour la République romaine est soulignée lorsque Cicéron fait référence à l'importance sicilienne durant les guerres puniques, une importance notamment dans le secteur des matières premières, "si la Sicile n'avait fourni ses ressources pour l'approvisionnement en froment ..." (L 15 à 16).

On sait également que la Sicile a été un des principal pourvoyeurs de blé de la république romaine et ce jusqu'à la conquête de l'Egypte par Octave en 30 av J-C.

Cicéron parle également de la générosité de la Sicile envers Rome lorsque celui-ci dit "toutes les productions qu'elle pouvait tirer de son territoire nous semblaient, sinon sorties de notre sol, tout au moins déjà mises en réserve chez nous. Quant a-t-elle manqué de livrer au jour fixé le froment qu'elle nous devait ? Quand n'a-t-elle pas d'elle-même offert le froment dont elle pensait que nous avions besoin ?..." (L 32 à 36).

D'ailleurs

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