Quels furent les enjeux politiques du règne de Louis XVIII ?
Dissertation : Quels furent les enjeux politiques du règne de Louis XVIII ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cirdran • 29 Octobre 2022 • Dissertation • 3 180 Mots (13 Pages) • 290 Vues
Dissertation d’Histoire Contemporaine Licence 2
Sujet : « Quels furent les enjeux politiques du règne de Louis XVIII ? »
Petit-fils du roi Louis XV, frère cadet de Louis XVI et frère aîné du futur Charles X, Louis Stanislas Xavier fut titré comte de Provence. Après avoir joué un rôle dans la chute du gouvernement et de la cour de Louis XVI, le comte de Provence prit le parti du Tiers-Etat. Peu après, alors que le pays s’embrasait, le comte de Provence fuit aux Pays-Bas autrichiens. Pas destiné à régner, le comte de Provence fut tout de même le plus légitime à monter sur le trône, après que son frère aîné, Louis XVI fut guillotiné. Le comte de Provence devint donc roi sous le nom de Louis XVIII le Désiré et prit les rênes d’un royaume agité alors en pleine mutation.
Il serait donc intéressant de se demander quels furent les enjeux politiques du règne de Louis XVIII ?
Les enjeux politiques ayant très clairement variés en fonction de l’avancée du règne, pour comprendre tout l’intérêt de la politique menée et en saisir les enjeux, il conviendra de traiter cette problématique chronologiquement. C’est pourquoi une première partie montrera que la première Restauration fut marquée par de difficiles débuts. Une deuxième partie traitera du temps de la stabilisation politique, soit entre les années 1815-1822. Enfin, la dernière partie s’attachera au temps de la réaction, courant de 1822 à 1824.
I) La Première Restauration, entre monarchie et empire : une France instable
Tout d’abord, si la Première Restauration fut courte, elle n’en demeura pas moins riche d’un point de vue politique.
En effet, la Première Restauration débuta le 5 avril 1814, après que les puissances étrangères eurent mené une guerre sans relâche jusqu’à la première chute de Napoléon, exilé peu à près sur l’Ile d’Elbe. Le peuple français était cependant divisé : tandis que certains pleuraient le départ de l’Empereur, d’autres (notamment la population parisienne), se réjouissaient et accueillirent l’envahisseur en libérateur. En effet, la lassitude de la guerre, tout comme le désir de voir cesser la levée en hommes et en impôts unirent une grande partie de la population. Les Alliés étaient également divisés sur la personne à mettre à la tête de l’Etat : les Anglais soutenaient les Bourbons tandis que les Russes tout comme les Autrichiens adoptèrent une attitude réticence à l’égard du comte de Provence. Mais le soutien d’Arthur de Wellesley, duc de Wellington, permit à Louis XVIII de monter sur le trône, marquant ainsi le début de la Première Restauration. Louis XVIII proposa, après avoir évoqué son programme lors de la déclaration de Saint-Ouen (2 mai 1814), « d’octroyer » à son peuple une constitution : la Charte.
La Charte se présentait donc comme une concession faite par le roi à ses sujets. Elle reposait sur les conceptions de monarchie de droit divin : le roi tenait son pouvoir de Dieu, de son droit héréditaire, et non du peuple (telle est la différence entre le titre de roi de France et de roi des Français). D’ailleurs, le choix du mot « charte » ne fut pas anodin. Etranger au vocabulaire de la révolution, il marqua la volonté de renouer avec le passé. En outre, fut apposé au bas de la Chartre : « et de notre règne le dix-neuvième [an] », signifiant ainsi que le roi était au pouvoir depuis 1795. Mais le premier chapitre de la Charte reprit les principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elle garantissait ainsi les droits individuels, le droit de propriété, la liberté de presse et d’expression mais également l’égalité des Français devant la loi. Enfin, la noblesse ancienne fut rétablie dans ses titres tandis que la noblesse impériale conserva les siens.
La Charte permit en outre le partage des pouvoirs entre le roi et les assemblées. Le roi détenait à présent seul le pouvoir exécutif. Il nommait ainsi les ministres, qui n’étaient responsables que devant le roi et non devant
les chambres. Le roi participait également d’après la Chartre au pouvoir législatif. Il eut d’abord, seul, l’initiative
des lois. Le roi disposait enfin du pouvoir réglementaire, qui permettait l’élaboration de règlements et
d’ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois et pour la sûreté de l’Etat. De plus, à l’instar de l’Angleterre,
la Charte adopta le bicamérisme. On trouvait ainsi la chambre des députés, élus pour cinq ans au suffrage
censitaire. Ainsi, seuls les citoyens les plus fortunés pouvaient voter. Aussi, contre la démocratie, le cens marqua
le retour du libéralisme politique et le cens fut considéré comme la digue la plus solide contre les excès du peuple.
La chambre des députés était compétente pour le vote des lois et notamment le vote de l’impôt. L’autre chambre
était la chambre des pairs. Nommés par le roi parmi le monde de la noblesse (ou dans le monde des grands
propriétaires fonciers), les pairs étaient nommés à vie et leurs charges pouvaient être héréditaires. A ces pairs
nommés, s’ajoutaient les pairs de droit, membres de la famille royale, princes de sang. Tout comme la chambre
des députés, la chambre des pairs votait les lois.
Finalement, dans un contexte agité, Louis XVIII octroya au peuple la Charte. Celle-ci s’avéra être un
compromis tant au niveau institutionnel, le pouvoir de chaque organe étant contrebalancé par un autre, qu’au
niveau politique, la monarchie étant rétablie et les acquis révolutionnaires conservés. Certes, la Chartre satisfit
les monarchistes libéraux (les doctrinaires), comme le démontra la formule du général Foy « La Charte, toute la
Charte, rien que la Charte », mais les ultras méprisèrent ce texte et souhaitèrent un retour à la monarchie absolue.
Par ailleurs, la Première Restauration s’avéra être un échec, Napoléon reprenant le pouvoir, durant les Cent Jours.
II) 1815-1822, le temps de la stabilisation politique
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