L’Ethiopie d’Abiy Ahmed, entre réforme et violence
Cours : L’Ethiopie d’Abiy Ahmed, entre réforme et violence. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar osboooos • 12 Avril 2022 • Cours • 3 697 Mots (15 Pages) • 294 Vues
Oscar ECS2
MAURIN
L’Ethiopie d’Abiy Ahmed, entre réforme et violence.
Introduction :
L’Ethiopie est l’un des quatre pays a formé ce que l’on appelle la corne de l’Afrique. Il partage des frontières avec 6 pays dont le Soudan, le Soudan-Du-Sud, Djibouti, l’Erythrée, la Somalie et avec le Kenya. Cette région de l’Afrique occupe le devant de la scène internationale depuis quelques décennies maintenant en raison des conflits armées prolongées, des graves problèmes alimentaires qui ont sévi dans la région, mais aussi à cause des déplacements massifs de populations. La grande famine de 2011 illustre bien cette attention que porte la scène internationale à cette région. En effet, en 2011 les conséquences de « la plus grande sécheresse depuis 60 ans » sont lourdes, ce ne sont pas moins d’1,6 milliards de dollars qui sont débloqués par l’Organisation des Nations Unis (ONU) afin de venir en aide aux pays les plus touchés, dont environ 400 millions pour l’Ethiopie. Le pays n’est donc pas auto-suffisant en produit alimentaire, le pays détient, pourtant, des terres fertiles, notamment dans l’Ouest du pays, dans la région de Gambela et est riche en eau puisque de nombreux cours d’eau traverse le pays, dont, notamment, le Nil Bleu. Le territoire est vaste, si vaste que le pays est le dixième le plus vaste d’Afrique avec 1 127 127 millions de km^2 (ce qui correspond à la France et à l’Espagne réunit). Addis-Abeba compte 108 millions d’habitant, la deuxième plus grosse démographie du continent. Une population aussi nombreuse que variée comme en atteste les 80 ethnies différentes présentes dans le pays. Les oromo sont les plus représentés avec 40% de la population, suivie des Amarha et des Tigréens. Cette diversité se retrouve aussi dans les langues parlées puisque l’on dénombre 5 langues utilisées : amharique, l’anglais, l’arabe, l’omoro et le tigrinya. Mais aussi dans les religions pratiquées puisque l’on retrouve des chrétiens, des orthodoxes notamment (représente 40%), mais aussi des musulmans (représente 33,9%).
L’Ethiopie est aujourd’hui une république fédérale composée de 10 régions et de 2 villes-régions (Addis-Abeba et Amhara). Les frontières de ces régions ont été déterminées en fonction des différentes ethnies. Jusqu’en 2018, la minorité tigréenne était l’ethnie la plus représentée au sein du gouvernement. L’Ethiopie a été victime de nombreux tensions et conflits ethnique depuis 1991, que ce soit entre les ethnies des différentes régions qui composent la fédération, qu’entre le pays et l’Erythrée par exemple.
Abiy Ahmed arrive au pouvoir le 2 Avril 2018. Il commença la politique dès 1980 en rejoignant l’Organisation démocratique des peuples d’Omoro. Cette organisation fait partie des quatre organisations formant le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE). En 1990, Abiy Ahmed se joint à la lutte armée contre le régime de la République démocratique populaire d’Ethiopie, qui était une junte militaire contrôlant le pays depuis 1974, aussi appelé le derg. Il devient ensuite militaire et gravit les échelons pour atteindre finalement un poste d’officier supérieur, lieutenant-colonel. Eduqué, il détient des diplômes d’université d’Angleterre et des Etats-Unis en cybersécurité. C’est ainsi qu’il créait en 2008, l’Agence National de sécurité des réseaux d’informations en Ethiopie, agence dont il prendra la tête jusqu’en 2010. Bien qu’engagé depuis les années 80, sa carrière politique va réellement démarrer en 2015 avec un bref passage au ministère des sciences et des technologies qui se termina dès 2016. C’est ainsi que le 27 Mars 2018, il fût nommé à la tête de la coalition détenant le pouvoir depuis 1991, le FDRPE. Etant donné que le 15 février Haile Mariam Dessalegn présentait sa démission du poste de premier ministre, la logique a été respecté et c’est Abiy Ahmed qui lui succéda le 2 avril 2018. Avec sa venue au pouvoir, c’est la première fois que l’ethnie Omoro, pourtant la majoritaire du pays, est représentée à la tête du pouvoir. A son arrivée, l’Ethiopie fait donc face à de nombreuses difficultés : économiques (un idh de 0,4 ce qui place le pays au 211em rang) mais aussi politique, notamment vis-à-vis de la sécurité puisque le pays est toujours en proie à des tensions internes (la jeunesse réclame du changement), entre ethnies, et externe, en particulier avec l’Erythrée. L’arrivée au pouvoir de Abiy Ahmed est donc attendue et porteuse d’espoir, le plus jeune dirigeant d’Afrique (42 ans) doit donc faire vite et bien afin de soulager un peuple en constante demande de changement depuis 3 ans.
C’est donc une première pour l’histoire moderne du pays, un Omoro est à la tête du gouvernement. Un « prudent espoir » titre Libération le 28 Mars 2018. En effet les attentes sont nombreuses, tant le pays fût secoué pendant 3 ans par de massives contestations partout dans le pays, et notamment en région Oromya.Abiy Ahmed prend les commandes d’un pays divisé et en proie à la violence, comme en atteste la mise en place de l’état d’urgence mi-février 2018, le deuxième en moins de 2 ans.
Une arrivée au pouvoir marquée donc par une forte attente et des tensions permanentes qui ébranlent le pays. Ce fût en novembre-décembre 2015 qu’un mouvement de contestation populaire commença. En effet, quelques mois plus tôt des officiels se rendirent à 80km au sud-ouest de Addis-Abeba, la capitale, pour étudier la réquisition de terres dans le cadre d’un projet industriel. Ces terres se situe en Oromia, la plus vaste région d’Ethiopie. Ce projet est rejeté en bloque par les habitants de la région car celui-ci signifie aussi l’expulsion des terres d’habitants locaux. S’en suit un projet d’extension de la capitale, un projet qui n’a évidemment pas plu à la population locale. À la suite de ces deux projets, la réponse de la population locale ne tarda pas et des manifestations casi quotidienne secouèrent la région. Ces manifestations vont être réprimées de manière violente par les forces de l’ordre. Ainsi, d’après Human Rights Watch (HRW), le 17 décembre, soit quelques semaines après le début des mouvements sociaux, le bilan s’élevait déjà à une 70aines de morts. Le gouvernement, qui décrit les manifestants comme des terroristes, est accusé d’avoir ordonné de tirer à balle réelle sur les manifestants. Néanmoins, l’Ethiopie doit aussi faire face à des tensions entre régions. C’est le cas entre les régions d’Oromia et de Somalie. C’est un vieux contentieux, la frontière entre ces deux régions est le thêatre de tensions en raison d’un désaccord sur la délimitation de celle-c. Au cœur de l’enjeu se trouve les terres et les ressources qu’elles possèdent, notamment de l’eau. C’est le 12 septembre que les Oromo protestent dans 4 villes de la région, ils dénoncent les incursions meurtrière et impunies d’un groupe paramilitaire de la région de Somalie. Manifestations qui seront réprimées causant de nombreux morts (entre 10 et 50 morts selon les sources), ravivant ainsi les tensions entre les deux ethnies. Cet évènement va ainsi provoquer le déplacement de nombreuses personnes (plus d’1 millions) qui fuient les conflits et l’épuration ethnique qu’entreprennent les deux régions. La région Amhara a elle aussi été le théâtre de sévère répression puisqu’en aout 2017 des mouvements sociaux ont éclaté dans la région, ces mouvements ont été réprimés faisant 30 morts à Bahar Dar (la capitale de la région) selon Amnesty internationale. Néanmoins les mouvements dans cette région sont différents et se manifeste plus à travers des boycotts de produit étatique ou de grève.
...