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Commentaire discours Bismark : "Par le fer et par le sang"

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Par   •  4 Décembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 873 Mots (8 Pages)  •  2 878 Vues

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Commentaire, Bismarck « par le fer et par le sang »

« La force prime le droit », dira Bismarck, célèbre pour sa politique d’austérité menée, en tout premier lieu, sur la Prusse de la fin du XIXe siècle.

En 1861, Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, est obligé d’abdiquer à cause de troubles mentaux, seulement 11 ans après l’échec de sa tentative d’unification de l’Allemagne.  Son frère Guillaume va reprendre le trône et le flambeau de l’unité nationale. Pour l’assister dans sa tâche, Guillaume Ier, roi de Prusse, nommera Otto von Bismarck ministre-président le 23 septembre 1862, soit le chef du gouvernement, qui deviendra l’un de ses plus fidèles serviteur.

C’est donc quelques jours après être entré en fonction que Bismarck tient son fameux discours qui nous est proposé, communément appelé « par le fer et par le sang ». Il s’agit du compte-rendu de son tout premier discours officiel, tenu le 30 septembre 1862 devant la commission du budget de la Chambre prussienne des députés. Bismarck y annonce notamment son projet de réformation de l’armée, au cœur d’un véritable conflit institutionnel.

Ainsi, il est possible de se demander en quoi Bismarck dresse un tableau du système politique prussien et de ses limites en 1862, tout en proposant, au travers de sa réforme de l’armée, un véritable programme politique.

Il s’agira d’étudier le conflit constitutionnel qui éclate dès 1862, puis d’analyser les limites du libéralisme prussien énoncées par Bismarck, pour enfin s’intéresser à la nécessité de créer une armée permanente.

Dans ce document, il est question de la Chambre prussienne des députés, et de « la Couronne » (ligne 3), en tant que protagonistes premiers du conflit constitutionnel qui a eu lieu en Prusse dès 1862. Dans cette perspective, il serait donc intéressant d’étudier l’état du système institutionnel prussien à cette époque.

En 1849, la Prusse se dote d’une nouvelle Constitution : celle-ci met en place une monarchie constitutionnelle bicamérale. En effet, deux Chambres sont constituées : la Chambre haute, soit la Chambre des seigneurs, et la Chambre basse, des représentants de Prusse. La première est donc constituée de la vieille noblesse prussienne, ou de membres directement nommés directement par le roi. Son rôle est de participer au processus législatif, tout comme la Chambre basse, mais elle possède un droit de véto sur les décisions de cette dernière.

La seconde en revanche se compose de citoyens élus de manière indirecte : c’est de cette Chambre dont il est question dans le texte. Elle participe au processus législatif mais elle n’a pas l’initiative des lois, prérogatives du roi et de son gouvernement. Toutefois, elle dispose d’un certain contrôle sur le budget de l’Etat, comme évoqué dans le texte. Ainsi, la Chambre basse constitue le premier moyen de contestation du pouvoir.

Or, en 1862, un conflit oppose la Couronne aux représentants du peuple prussien, conflit qui va se cristalliser autour de la question du Budget. Comme le stipule le texte aux lignes 1 à 3, « Il veut bien approuver le budget pour 1862 […] un mésusage des droits constitutionnels peut venir de toutes les parties, qui conduirait ensuite à une réaction de l’autre côté », puis à la ligne 5 « Elle [la Couronne] pourrait même rejeter les suppressions dans le budget ».

Ici, Bismarck cherche à faire financer un projet de loi visant à réformer l’armée prussienne. La Chambre basse s’oppose farouchement à ce projet, et c’est donc un conflit aux enjeux constitutionnels plus que budgétaires qui se joue : effectivement, la Chambre basse cherche à imposer sa vision de ces prérogatives constitutionnelles, c’est-à-dire un contrôle étendu du budget de l’Etat, face à un ministre-président œuvrant dans le but d’affirmer l’autorité de son roi, Guillaume Ier, arrivé un an plus tôt au pouvoir.

Aux lignes 5 et 6, Bismarck évoque la difficulté de « mettre une limite » à l’étendue du pouvoir de la Couronne : la Constitution ne prévoit rien pour régler un différend entre les différents acteurs constitutionnels. Ainsi, Bismarck propose une solution en développant la théorie du « vide constitutionnel », la Lückentheorie : si un tel cas de figure se présente, ce sera alors au roi de trancher puisque c’est la continuité de l’Etat qui fait loi, le roi étant celui qui a octroyé de la constitution en Prusse. De ce fait, Bismarck, alors nommé ministre-président, se fait le délégué du pouvoir royal et s’approprie la primauté face au parlement en cas de conflit. Il rappelle à la Chambre des représentants qu’elle n’existe que grâce au roi, et qu’elle sera toujours subordonnée à sa volonté : « La Couronne par exemple peut dissoudre une douzaine de fois à la suite », lignes 3 à 4.

Ainsi, dans son discours, Bismarck évoque le conflit constitutionnel qui a opposé la Chambre des députés à la Couronne prussienne en 1862. Par ailleurs, il va utiliser comme prétexte ces tensions pour exposer les limites du libéralisme prussien.

Pour Bismarck, le peuple prussien ne peut se soumettre à une constitution. Selon lui, « la grande indépendance de l’individu rend difficile en Prusse de gouverner avec la Constitution ; il en est autrement avec la France, où manque cette indépendance individuelle […] nous sommes peut-être trop « cultivés » pour supporter une constitution » (lignes 11 à 14). Bismarck reproche aux députés leur libéralisme, qui les déconnecterait du reste du peuple : celui-ci n’aurait pas besoin d’une constitution. Le libéralisme est un courant politique préoccupé par la protection de la liberté, au travers des droits des individus, de la liberté politique ou encore de la liberté de croyance.

Par ailleurs, Bismarck évoque aux lignes 16 et 17 qu’il y a « à la campagne, […] une foule d’existences catilinaires ». L’adjectif « catilinaire » renvoie à Catilina, un homme politique romain qui s’est opposé, au cours du Ier siècle avant JC, à la République romaine qu’il a tenté de renversé. Ainsi, Bismarck dit aux députés que le peuple ne souhaite ni une Constitution ni un Parlement.

Dans son discours, Bismarck critique un autre aspect de la société, à savoir la presse, aux lignes 21 et 22 « L’opinion publique change, la presse n’est pas l’opinion publique ; on sait comment la presse s’élève contre ». Durant toute cette période de troubles constitutionnels, Bismarck sera très régulièrement critiqué dans la presse, et il passera un certain nombre de temps dans les tribunaux pour régler les procès qu’il intente : il poursuit en effet la presse en justice pour diffamation. Bismarck gagne la plupart de ses procès, cependant les condamnations (principalement des amendes) sont trop faibles pour dissuader les journaux. Pour pallier à cela, Bismarck songe à appliquer le même système de censure qu’en France sous le Second Empire.

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