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Commentaire De Texte Sur Le décret De Tégée

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Par   •  1 Mai 2014  •  1 987 Mots (8 Pages)  •  2 252 Vues

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Alexandre III, dit le Grand, fut roi de Macédoine de 336 à 323 avant J.-C. et est célèbre pour son appétit de conquêtes qui lui a permit de conquérir un immense empire allant de la Grèce à l’Inde. Grâce à ses conquêtes, il développa fortement la culture grecque en dehors de ses frontières.

Ce document est tiré des Recherches sur le dialecte arcadien de l’historien Laurent Dubois daté de 1986. C’est un extrait d’un décret promulgué par la cité de Tégée, apportant des modifications sur le diagramma (règlement) appelé « rescrit de Suse », publié ultérieurement par Alexandre le Grand en 324 avant J.-C. qui traite de la réintégration de toutes les personnes qui avaient été exilées depuis des générations, et de la restitution de leurs terres et de leurs biens. Ce décret vise un certain nombre de points qui étaient contestés dans le règlement d’Alexandre, dont les cités avaient fait part à l’administration royale. Celle-ci avait autorisé la modification de certaines clauses qui lui furent envoyées et qui furent adoptées par le texte ici gravé. Il présente ainsi les mesures prises pour le retour des exilés dans la cité.

En 324, Alexandre arrive à Suse en Perse, qu’il a soumit en 331, successivement à Persépolis et Pasargades, la dernière capitale perse. A Suse, il organise de grandes noces en mariant ses soldats avec des femmes perses et épouse lui même une fille de Darius III, roi de Perse de 336 à 330. Par ces grandes noces, Alexandre cherche à symboliser l’union entre Perses et Grecs qu’il souhaite atteindre pour diriger son Empire. La même année, il prend plusieurs mesures politiques telles que la volonté d’intégrer de jeunes Perses à son armée et l’ordre d’être considéré comme un dieu par son peuple.

En quoi ce décret s’inscrit-il dans la volonté d’Alexandre d’utiliser la question des bannis afin de montrer son autorité et renforcer son empire ?

Nous allons dans un premier temps nous intéresser aux clauses du règlement et aux difficultés rencontrées par la cité de Tégée à appliquer ces règles. Puis nous verrons que le contexte dans lequel fut rédigé ce décret explique les intentions d’Alexandre quant à sa personne et son empire.

Dés le début du document, et à plusieurs reprises au fil du texte, il nous est expliqué que ce décret apporte des modifications au diagramma d’Alexandre (l.2 « que soit gravé ce que la cité a apporté comme modifications aux clauses du règlement qui étaient contestées »), le diagramma étant une décision prise généralement par un roi hellénistique qui impose alors certaines mesures à une cité qui doit les appliquer, que celle-ci l’ait sollicité ou non. Ceci veut dire que le règlement d’Alexandre était matière à contestation et que malgré l’autorité du roi, ce désaccord a tout de même poussé la cité à modifier certaines clauses contestées du règlement.

Ainsi, ce texte traite du retour des bannis dans la cité et de leurs droits. Il est dès lors clair que ce retour apporte certaines difficultés, les bannis récupérant ce qu’ils avaient perdu avant leur exil. La première clause de ce règlement est que la cité se doit de restituer aux bannis « l’héritage paternel [et maternel] dont l’exil les avait privés » (l.4). En effet, au moment du bannissement, les biens des condamnés étaient confisqués par l’Etat et vendus au profit du trésor public. On peut ainsi voir une première difficulté à gérer par une cité, car cet héritage dont il est question a dans nombreux cas déjà été distribué à d’autres ou n’est plus restituable, selon la durée de l’exil de la personne concernée. Les citoyens détenant précédemment les biens des bannis s’en voyaient alors privés et il est alors compréhensible que tous n’étaient pas d’accord avec cette décision. Il en était de même pour les maisons promises aux bannis à leur retour dans une cité. En effet, le règlement stipulait « que chacun en ai une » (l.9) et que « s’il y a un jardin attenant à la maison, que le banni n’en prenne pas d’autre ». Cela étant dit, si la maison obtenue par un banni n’avait pas de jardin, on promettait aux exilés qu’ils avaient le droit de prendre le jardin en face de leur maison. Ici encore, il s’agit de prendre à des citoyens grecques vivant dans une maison avec jardin pour le donner aux bannis. De nos jours, cela paraitrait improbable de prendre à des personnes un territoire qui leur appartient parfois depuis plusieurs décennies pour le donner à d’autres, à de nouveaux arrivants, aux bannis. Les citoyens grecs concernés ne faisaient alors que subir l’arrivée des bannis et avaient l’impression qu’on les vole sans qu’ils n’aient leur mot à dire. La question de la restitution des biens risquait d’être la cause des plus graves conflits, mais ceci est passé sous silence dans ce texte. On ne parle que des clauses et des règles à appliquer, sans parler de la difficulté de certaines règles. De plus, le règlement stipule que la cité « ne rembourse ni aux bannis, ni aux citoyens », ce qui encore une fois porte atteinte à la liberté de ces citoyens qui restent impuissants face à ce genre de décision.

De plus, les bannis ayant raté de nombreux panégyries pendant leur exil, le décret de Tégée leur donne la possibilité d’ « introduire leur action en revendication » (l. 20). Les panégyries étaient, dans l’Antiquité, des rassemblements du peuple d’une cité, ou de la totalité des Grecs, dans un sanctuaire afin d’honorer les Dieux. Lors du retour des bannis, les cités doivent se concerter et trouver une décision par elles même. C’est une des rares fois où l’autorité du roi n’est pas complète, dans le sens qu’il ne laissait que très peu de place aux institutions politiques. Il en est de même pour le « tribunal étranger » (l.19) qui siège pendant 60 jours pour résoudre les différends qui surviendraient lors de l’estimation des biens immobiliers perdus lors de l’exil des bannis et destinés à leur être remboursés par indemnisation. Le « tribunal étranger » leur laisse ainsi 60 jours pour régler les discordes,

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