La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette
Commentaire de texte : La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar florianejoane • 8 Mai 2024 • Commentaire de texte • 1 882 Mots (8 Pages) • 109 Vues
La Princesse de Clèves
De Madame de La Fayette
Marie-Magdëlaine Pioche de La Vergne née en 1634 et morte en 1693, entre dans l'aristocratie grâce à son mariage avec le comte de la Fayette. Elle devient comtesse de La Fayette. Ce nouveau statut social lui permet de tenir un salon où elle invite intellectuels et écrivains. Elle développe ainsi une grande amitié avec le duc de La Rochefoucauld, un des maîtres du classicisme.
En 1678 elle publia anonymement La Princesse de Clèves écrit en collaboration La Rochefoucauld. Son nom n’apparaîtra sur le livre que cent ans après sa première parution. C’est une œuvre considérée comme le premier roman d’analyse psychologique. Elle décrit une passion destructrice entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours.
Le passage que nous allons étudier se situe au début du roman, l'héroïne est présentée à la cour d'Henri II pour la première fois. Le lecteur la découvre également. Son portrait s'inspire du roman héroïque et de la préciosité mais relève du roman psychologique par l'importance accordée au portrait moral et surtout à l'analyse à laquelle se livre Mme de la Fayette pour expliquer les vertus dont est dotée son héroïne.
Il s'agit d'étudier comment, à travers le portrait de Mlle de Chartres, Mme de Lafayette prépare-t-elle le lecteur à la suite du roman.
I – UN PORTRAIT ELOGIEUX DE MLLE DE CHARTRES
(De « il parût alors une beauté à la cour » à « une des plus grandes héritières de France« )
A – Un effet d’attente (l’art du portrait)
Les premières phrases de l’extrait créent un effet d’attente.
Madame de la Fayette ne révèle en effet pas tout de suite le nom de l’héroïne du roman. Le lecteur la découvre à travers le regard intrigué et admiratif des courtisans. Tout est mis en œuvre pour retarder son apparition et susciter l’intérêt :
- la formule impersonnelle ( « Il parut alors une beauté à la cour« ) qui donne à cet extrait la tournure d’un conte de fée.
- l’article indéfini « un » (« une beauté« , « une beauté parfaite« ) qui prolonge le mystère sur son identité.
- la convergence de tous les regards vers l’héroïne : « qui attira les yeux de tout le monde« , « elle donna de l’admiration« .
- afin de faire durer l’attente, Madame de la Fayette ménage une pause dans le récit pour revenir sur le passé et l’éducation de la jeune fille.
L’héroïne n’est pas nommée directement dans cet extrait (« Elle était de la même maison que le vidame de Chartres »).
Madame de la Fayette met ainsi son héroïne en valeur, dévoilant petit à petit ses multiples qualités.
B – Mlle de Chartres : un modèle de perfection
1) Le portait physique : une beauté parfaite
La Princesse de Clèves est présentée comme un modèle de perfection.
- Elle est désignée la première fois par une métonymie (« une beauté » ) qui la consacre d’emblée comme une incarnation de la beauté.
On relève des hyperboles et des superlatifs : « une beauté parfaite« , « attira les yeux de tous le monde« , « admiration » caractéristiques du registre épidictique (=relatif à l’éloge)
Il faut noter que le portrait de Mlle de Chartres demeure abstrait : aucune précision n’est donnée quant à ses traits. Sa beauté est davantage suggérée que décrite : « une beauté parfaite ».
Ainsi, ce portrait physique reste très stéréotypé et vague, il ne permet pas de la singulariser puisque toutes les héroïnes de roman héroïque présentent ces caractéristiques. Ce portrait est encore très éloigné de la précision des romans réalistes au XIXème siècle.
2) Le portait social : une fine fleure de l’aristocratie
- Mlle de Chartres apparaît d’autant plus exceptionnelle et distinguée qu’elle se fait remarquer dans un lieu d’exception : la cour. Elle « attira les yeux de tout le monde […] dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes » .
- Son statut social, également exceptionnel, fait d’elle une personne distinguée. On apprend qu’elle est de la même maison que le vidame de Chartres et « une des plus grandes héritières de France« , « un des plus grands partis qu’il y eût en France« . (superlatifs)
3) Le portait moral : un modèle de vertu
Le narrateur s'attache davantage à construire le portrait moral du personnage, ce qui fait entrer l'œuvre dans la catégorie du roman psychologique.
En effet, pour aider le lecteur à saisir le personnage, Mme de la Fayette effectue une analepse : le passé de Mlle de Chartres nous permet de comprendre sa personnalité.
- Elle a été élevée par sa mère dans un milieu féminin étant donné que « son père était mort jeune ».
- Elle a passé son enfance éloignée de la vie de cour et des aventures amoureuses comme suggère l'expression « elle avait passé plusieurs année sans revenir à la cour ». Mme de Chartres a entièrement dédié cette absence à l'éducation de sa fille, éducation non seulement consacrée à cultiver son esprit mais aussi sa vertu pour la préparer à la vie de cour comme nous le montrent les expressions « à cultiver son esprit et sa beauté » et « elle songea aussi à lui donner de la vertu et à lui rendre aimable ». Tout cela permet d'expliquer l'admiration et la surprise des personnes de la cour devant Mlle de Chartres et permet au lecteur de saisir sa personnalité.
Ainsi, Mme de la Fayette fait de son héroïne une incarnation de la perfection en lui dotant d'une beauté exceptionnelle propre aux héroïnes de roman héroïque, en soulignant son appartenance à la haute noblesse et en insistant sur sa vertu.
La surenchère de procédés hyperboliques, l’abstraction du portrait et l’art de la suggestion participent à l’idéalisation de La Princesse de Clèves. Il s’agit d’une idéalisation propre au roman héroïque.
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