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APP Service EPR (IFSI)

Étude de cas : APP Service EPR (IFSI). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Novembre 2015  •  Étude de cas  •  1 991 Mots (8 Pages)  •  2 464 Vues

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1. Contexte

Je suis en stage dans une clinique de la région parisienne dans une service prenant ne charge des patient en état pauci relationnel et en état végétatif chronique (Service EVC/EPR). Le service accueille en ce moment 14 patients avec une capacité d’accueil de 16 lits. Il est divisé en deux secteurs de prie en charge. Le personnel journalier se compose de 2 infirmières pour chaque secteur et de 6 aides soignants. Chaque intervention au lit du patient s’effectue en binôme.

Madame N a 33 ans, elle a été admise en 2012 en réanimation suite a une anoxie cérébrale post infarctus du myocarde sur une hypokaliémie secondaire a des vomissements fréquents. Elle a ensuite été transférée dans le service EVC/EPR dans le cadre d’un état pauci relationnel avec une encéphalopathie. C’est une patiente spastique avec une amplitude de mouvement quasiment nulle. Elle n’a pas de réel code de communication, et celle ci se limite aux expressions faciales et aux sons, sans réponses oui/non aux sollicitations. Cependant madame N est assez expressive quant à ce que nous avons interprété comme de la douleur, de la peur, ou de la tristesse.

Il est près de 15h, l’infirmière et moi même nous rendons dans la chambre de madame N afin de procéder au change de la protection, à la prévention d’escarre et à la réinstallation de madame N.

2. Situation ou activité réalisée

L’infirmière et moi entrons dans la chambre. Madame N est calme et son visage est sans expression particulière, comme à l’habitude. Nous préparons le matériel dont nous avons besoin pour effectuer les soins puis nous commençons à retirer tous les coussins de positionnement. Dans cette démarche nous mobilisons madame N mais celle ci est coopérante et calme et semble non algique. Une fois les coussins retirés nous procédons au changement de la protection et à la prévention d’escarre. Cela se passe bien, sans imprévu, et madame N est restée calme et inexpressive. Le soin terminé nous la réinstallons. Nous remettons de façon rituelle tous les coussins : ceux pour surélever ses avants bras, celui pour maintenir sa tête, celui pour garder sa jambe droite dans l’axe et celui pour surélever ses talons. Dans cette suite rituelle, nous remettons ensuite le drap, dernière étape de la réinstallation. Madame N, gémit, se tord, et pleure. Je cherche ce qui pourrait ne pas aller dans son installation ou ce qui pourrait lui avoir fait mal. Ne trouvant rien d’anormal, je suis surprise et reste stoïque ne sachant que faire. L’infirmière cherche elle aussi instantanément des yeux ce qui pourrait lui causer du mal ou de l’inconfort. Ne trouvant rien elle essaie de la calmer par des paroles et demande ce qu’elle a, comme elle l’aurait fait avec un enfant. Elle lui caresse le front et la joue et dit d’une voix douce des paroles telles que « eh ben alors, on a un gros chagrin ». Cela semble l’apaiser. Madame N se calme. Pendant ce temps je suis restée immobile, muette et intérieurement bouleversée. Je fais de mon mieux pour cacher mes émotions et cela fonctionne. L’infirmière qui m’encadre ne remarque rien. Quand nous quittons la chambre, madame N est apaisée et nous continuons les soins dans les chambres suivantes.

Cette situation m’a bouleversée émotionnellement et je ne communiquerai à ce sujet que l’hors du groupe de parole 3 jours plus tard.

3. Observation et étonnements

En quoi une situation relationnelle avec un patient qui nous touche émotionnellement peut être préjudiciable pour le soin aux patients et nous même ?

4. Analyse

Les progrès de la réanimation ont permis une amélioration du pronostic des patients traumatisés crâniens graves et des cérébro-lésés divers (anoxie cérébrale d’origine diverse, arrêt cardiorespiratoire, tentative de suicide etc.). Cependant certains de ces patients restent dans un état séquellaire grave, appelé état végétatif chronique (EVC). Il se caractérise par l’absence de manifestation de vie relationnelle. Lorsqu’il existe une réponse à la stimulation et une communication même minimale, on parle d’état pauci-relationnel (EPR). C’est un environnement de travail qui amène certaines interrogations sur les bonnes pratiques, en effet « Le soin envers ces patients est toujours le lieu de questionnements, d’incertitudes. L’un des aspects dégagés est celui de l’utilisation d’un nouveau type de langage, celui du corps. Il est décrit comme un savoir, acquis progressivement, il est basé sur une observation minutieuse, une attention, une vigilance, non dénuées parfois d’interprétations et de projections. »1

Dans cette situation de soin, je me suis sentie décontenancée et inutile. J’ai eu le sentiment d’être une novice dans la gestion des émotions des patients et de me trouver devant une telle situation pour la première fois. En effet je n’était pas préparée à cet environnement et ne connaissais pas les particularités de la prise en charge des patients EVC/EPR, telles que les codes de communication et la gestion de la souffrance morale. J’ai tout d’abord été surprise car je ne trouvais pas de raison directe à la réaction de la patiente. Ensuite, je n’ai pas réussi à réajuster mon comportement dans une posture relationnelle soignante car je me suis projetée et laissée envahir par les émotions. Selon un article de la Revue Soin «La maîtrise des affects au cours de l’interaction soignant-soigné est assurée par des modalités spécifiques d’entrée et de sortie de cette interaction, par une mise à distance des différents sens à laquelle la protocolisation des soins contribue étroitement. [...] Lorsque les mesures préventives mises en place sont insuffisantes, la gestion émotionnelle est mise en échec et se traduit par une contamination symbolique. Celle-ci apparaît sous la forme d’un mimétisme symptomatologique: des infirmières éprouvent alors des symptômes similaires à ceux ressentis par les patients de leur service. »2

Je ne savais pas quoi faire. J’aurais voulu entrer dans un soin relationnel mais je ne savais pas comment. J’ai laissé l’infirmière rassurer la patiente parce que je sentais que n’importe quelle intervention de ma part serait inappropriée et inefficace. Je n’ai pas su trouver la juste distance relationnelle qui m’aurait permise d’être à la fois professionnelle et émotionnelle. Selon Florence Michon cadre de santé, « Il ne s’agit pas de se “ blinder “, ni de se constituer une “ carapace “ mais d’être soi. [...] Les émotions “ servent de moteur à nos comportements et elles sont essentielles

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