Qu'est-ce qui fait que Suzanne Meloche n'est pas capable de faire face à la réalité qui se présente à elle et de prendre ses responsabilités?
Dissertation : Qu'est-ce qui fait que Suzanne Meloche n'est pas capable de faire face à la réalité qui se présente à elle et de prendre ses responsabilités?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Henrie22 • 6 Juin 2017 • Dissertation • 1 759 Mots (8 Pages) • 2 479 Vues
En 1948, le droit de la femme consistait à vivre une vie de famille. Elles étaient confinées à leur foyer et leurs devoirs étaient d’effectuer les tâches ménagères ainsi que de s’occuper de l’éducation des enfants. Suzanne Meloche, grand-mère de l’auteure Anaïs Barbeau-Lavalette, a vécu son enfance dans une famille dans laquelle le droit de la femme ne dérogeait pas de la vision de cette époque. Toutefois, Suzanne prendra un chemin différent des femmes de son âge et décidera de profiter de la vie et de contredire l’image que la société donne au genre féminin en 1948. Anaïs Barbeau-Lavalette n’a jamais connu sa grand-mère. C’est pourquoi elle engagera un détecteur privé afin de reconstituer la vie de Suzanne Meloche et apprendre à la connaître à travers ces recherches. Ces trouvailles permettront à Anaïs Barbeau-Lavalette d’écrire la roman La Femme qui fuit et de le publier en 2015 avec les éditions Marchand de feuilles. Dans ce roman, nous pouvons retrouver beaucoup d’enjeu tel que le refus global, la libération individuelle et collective ainsi que l’abandon. Ce qui nous intéresse, c’est le sentiment d’abandon et de fuite auquel les personnages doivent faire face, en particulier Suzanne Meloche. Qu’est-ce qui fait que Suzanne Meloche n’est pas capable de faire face à la réalité qui se présente à elle et de prendre ses responsabilités en main ? À l’aide d’extraits du roman, nous essayerons d’éclaircir et de comprendre ce sentiment qui suit Suzanne Meloche tout au long de son existence.
Tout commence lorsque Suzanne Meloche est adolescente. En 1930, elle vit avec sa famille en Basse-ville d’Ottawa. Suzanne prend vite le goût de ne pas vouloir d’une vie normale comme ceux avec qui elle réside. À 18 ans, Suzanne fait son premier voyage à Montréal pour participer à un concours d’art oratoire. À son retour de Montréal, une partie d’elle est demeurée là-bas. Suzanne continue d’entretenir une communication avec Claude qu’elle a rencontré lors de son séjour. Après quelques temps, elle reçoit une lettre de Montréal, son acceptation au collège Marguerite-Bourgeoys. C’est suite à cette inscription au collège qu’elle quittera sa famille en sachant qu’elle ne reviendra pas.
« Tout de toi raconte un adieu. La façon dont tu poses tes yeux trop longtemps sur tes sœurs, puis tes frères. […] Puis, la froideur que tu laisses lentement se déposer entre eux et toi. Elle jaillit de toi, de source nordiques, glaciale, friable. Les liens se figent et se cristallisent : tu te découvres le pouvoir de la rupture franche. [1]»
Son départ fera naître chez elle un sentiment d’abandon. Il lui permettra d’avoir un attachement pour certaine personne qu’elle rencontrera, mais elle sera aussi capable de quitter ses gens sans le moindre remord.
Suzanne commencera à écrire de la poésie et à faire de la peinture. Elle ira souvent dans l’atelier de Marcel pour créer ses œuvres. Suzanne manque de confiance en son talent, même si ses deux amis lui disent qu’elle aussi devrait publier.
« Toi aussi, tu aimerais que tes mots brûlent le papier, tu aimerais avoir un livre qui existe sur une étagère, quelque part, avec ton nom dessus, un livre assez vivant pour déranger. Marcel te dit que tu devrais publier tes poèmes. Claude l’approuve. – Tu devrais publier ta poésie, Suzanne. [2]»
Suzanne n’est toutefois pas prête à publier. Elle est maintenant mariée à Marcel et elle lui fait lire ses poèmes. Il lui dit qu’elle devrait les montrer à Borduas, mais elle n’est pas prête à le faire, car elle veut conserver ses brouillons pour elle. Lorsque Borduas les invitera à la lecture d’une partie du refus global et qu’ils décideront de le publier, Suzanne sera enfin prête à faire lire ses œuvres à Borduas. Toutefois, le matin de la finalisation du refus global, Borduas se présente sur les lieux d’impression et Suzanne comprend que Borduas n’a pas l’intention de mettre ses poèmes dans le livret et décide de se retirer.
« Borduas est nerveux, il arpente l’appartement sans mot dire. Tu vas vers lui. Tu veux savoir. Tu l’interceptes dans son élan, te campes dans son chemin. Mais tu le déranges. Tu le sais tout de suite. Tu l’agaces et il n’aime pas ça. Il te contourne et poursuit sa marche, se dirige vers la fenêtre. Tu comprends que ça sera sa réponse. [3]»
Il prendra un certain temps avant que Suzanne Meloche publie enfin ses poèmes, mais elle le fera et le nom du recueil sera Les Aurores fulminantes de Suzanne Meloche.
Après la sortie du refus global, ceux et celle qui avaient participé à sa conception ont vu leur réputation s’écrouler. La famille de Borduas l’abandonne pour aller vivre ailleurs. Muriel s’enlève la vie lors d’une petite fête dans un appartement du centre-ville. De plus, pour eux, l’emploi de Marcel ne suffit plus à combler leur besoin. Suzanne et Marcel ont maintenant Mousse et attendent un autre enfant. Leur séjour à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville sera ardu. Borduas donnera enfin le feu vert à Suzanne d’exposer trois de ses poèmes à Montréal et Marcel peindra deux toiles pour l’occasion. Après cette exposition, Marcel sera invité à exposer ses toiles à Ottawa, et c’est à ce moment qu’il commencera tranquillement à abandonner Suzanne peu à peu pour se jeter dans l’ouvrage.
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