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Le personnage monstrueux est très présent au théâtre mais est-ce seulement car c’est un objet de répulsion ?

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Par   •  22 Janvier 2017  •  Dissertation  •  1 909 Mots (8 Pages)  •  10 350 Vues

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 Le personnage monstrueux est très présent au théâtre mais est-ce seulement car c’est un objet de répulsion ?

Dans de nombreux domaines tels que la littérature, le théâtre, ou encore le cinéma, le personnage monstrueux est resté un objet de fascination mais aussi de répulsion. Le terme de « monstre » compare paradoxalement le personnage monstrueux à un être inhumain, ou d’une perversion absolue. Son caractère atypique offre un contraste par rapport au héros « classique », et donne au lecteur ou au spectateur un point de vue différent par rapport à l’œuvre. En effet, le « personnage monstrueux » peut prendre plusieurs formes que nous allons détailler par la suite : une forme physique monstrueuse (aspect repoussant, effrayant, ...) ou un caractère monstrueux (perversion morale, …). Nous allons donc étudier le personnage monstrueux dans le domaine théâtral avec la problématique suivante : « en quoi le personnage monstrueux est-il considéré comme un objet de répulsion ? », en nous basant sur des œuvres mettant en scènes des personnages de ce type et en les comparants avec d’autres œuvres théâtrales.

Dans le théâtre, la monstruosité morale d’un personnage est souvent représentée physiquement sur ce dernier, même si le costume ou l’apparence varie selon la mise en scène. Le metteur en scène a en effet un large panel de choix pour représenter la monstruosité du personnage, selon l’absence ou la présence d’indications précises de l’auteur.

Nous pouvons citer des personnages monstrueux au théâtre tels que Tartuffe (Tartuffe, 1669) ou Dom Juan (Dom Juan, 1665) chez Molière, qui, par le biais de ces protagonistes, critiquait la société du XVIIe siècle. Tartuffe est un hypocrite et faux dévot d’Oronte, qui est extrêmement croyant mais ridicule et dupe, et Dom Juan est un séducteur sans scrupules, vicieux et débauché. Le caractère de base du personnage est donc peu attirant et procure un sentiment de dégoût pouvant cependant être mêlé à de la fascination.

Le metteur en scène utilise des artifices simples mais convaincants pour donner au spectateur un sentiment de répulsion envers le héros monstrueux, tels que des habits nettement plus sombres ou extrêmement élaborés (mise en scène de Mesguich en 2004), ce qui traduirait dans l’inconscient de l’assistance le sentiment que ce personnage est trouble et obscur, mais aussi hypocrite et superficiel. On peut aussi parler du rapport à l’animal dans Vu du Pont d’Arthur Miller, mis en scène de Ivo van Hove, où Eddie se fait insulter de « sale rat » par Marco, dans le sens où c’est un animal sale et répugnant, qui repousse et semble disgracieux par ce qu’il mange, son habitat. Mais aussi dans Victor F. de Mary Shelley, mis en scène par Laurent Gutmann, où un scientifique tente de créer un être humain, doté d’émotions et de toutes les caractéristiques de celui-ci, et échoue par le fait qu’il semble monstrueux, en effet, il est laid, moche, sa tête est disproportionnée et malgré l’amour que semble porter la « créature », son créateur n’en veut pas. Le masque monstrueux qui est utilisé peut aussi représenter le fait que l’on peut être malheureusement laid mais avoir un bon fond d’âme, ce qui vient aussi à questionner le spectateur : est-ce que j’aurais aimé un être comme lui, aurais-je apprécié sa compagnie ? Et ainsi montrer que le véritable monstre n’est pas celui qui paraît monstrueux, mais le contraire. Dans Richard III (William Shakespeare, mis en scène par Thomas Jolly), il y a aussi un lien entre le personnage éponyme qui est monstrueux, et ses vêtements, il a un manteau couvert de plumes et des griffes. On constate donc que la monstruosité physique est aussi affiliée à la bestialité, du fait que l’animal ne contient pas ses désirs et se laisse aller uniquement à l’instinct.

Hormis le physique et le caractère antipathique du personnage monstrueux, certains éléments peuvent contribuer à le rendre encore plus repoussant, comme son entourage par exemple, qui se rend compte (ou non) de sa vraie nature. Dans Tartuffe de Molière, Oronte, le père de famille, est le seul à ne pas se rendre compte de la nature profonde de son protégé. En effet, le reste de la famille (Mariane, la fille ; Dorine, la servante ; Valère, le promis de Mariane ; etc.) sait pertinemment qui est réellement Tartuffe et essaie de la faire comprendre au père, qui ne veut rien n’entendre, manipulé au plus haut point. A la fin de la pièce, la situation se retourne et la nature monstrueuse de Tartuffe est éclairée au grand jour, ce qui lui vaut le rejet absolu de toute la famille.

Dans Dom Juan (de Molière également), le caractère monstrueux du protagoniste est divulgué dès le début de la pièce, avant même que ce dernier n’apparaisse sur scène, ce qui crée un sentiment de curiosité et d’intrigue pour le spectateur, voulant connaître ce fameux Dom Juan dont parle avec autant de franchise Sganarelle (il s’exprime sur son maître avec sincérité, disant qu’il est un impie, un séducteur, un collectionneur de femmes, un scélérat, etc.).

Nous pouvons citer d’autres personnages monstrueux tels que Médée (Médée de Corneille, 1635), une magicienne se vengeant de Jason le père de ses enfants, en brûlant sa nouvelle épouse, en tuant ses propres enfants, et en poussant ce dernier au suicide. Mais qu’est ce qui l’a poussé à se venger au départ ? En examinant les raisons qui l’ont poussée à commettre ses crimes (Jason a trompé Médée sans éprouver ni regrets ni remords, alors qu’ils avaient auparavant perpétué ensemble des interdits, ce qui avait pour effet de grandement renforcer leur complicité), ce qu’elle a fait nous semble presque légitime et on se dit que quiconque aurait pu être à sa place, ainsi le spectateur est tourmenté et se demande s’il n’aurait pas fait la même chose, voire pire.

Dans Lucrèce Borgia

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