Est-ce que la lucidité est une entrave au bonheur ?

« Je me suis quelquefois proposé un doute : savoir s’il vaut mieux être gai ou content, en imaginant les biens qu’on possède être plus grands et plus estimables qu’ils ne sont, et ignorant ou ne s’arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d’avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu’on devienne plus triste. » Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 octobre 1645. Ainsi, être réaliste à propos de la vraie valeur des choses, sans entretenir aucune illusions à leur sujet, ne nous plongerait-t-il pas dans une immense tristesse ?

L’être humain est, par définition, un être de pensée, un être réfléchi et lucide. Un être qui pense dans le temps aussi bien que dans l’espace et qui se pose des questions continuellement. Ainsi depuis toujours, l'Homme a mené sa vie de telle sorte qu'il soit le plus heureux possible. C'est ce qui le fait agir, avancer, progresser. Dès sa naissance, il cherche à satisfaire ses besoins et ses désirs afin d'atteindre l'apogée de l’existence : le bonheur. Depuis plusieurs années, le bonheur est devenu un thème universel. En effet, beaucoup d'écrivains et philosophes, tels qu'Aristote ou Voltaire, ont réfléchi à la conception du bonheur. La lucidité, elle, est un état d’une personne qui est en pleine possession de ses facultés intellectuelles, qui manifeste de la perspicacité, de la clairvoyance, de l’objectivité dans la vision des choses. Ainsi, faudrait alors que l'homme se rende compte de certaines réalités afin de pouvoir atteindre ce bonheur, mais en faisant cela, il prendrait aussi conscience de réalités difficiles comme la misère ou la tristesse, ce qui nous mène à se poser des questions très épineuses : Est-il mieux de vivre dans l'illusion ou la lucidité ? Peut-on vraiment être heureux dans la lucidité ? Ou alors, faut-il rester ignorant pour pouvoir atteindre le bonheur ? En définitive, qui du naïf ou du clairvoyant est le plus à même de combler ses principaux désirs ? Nous débuterons par examiner les effets néfastes de la lucidité, puis dans un second temps nous aborderons ses bienfaits et enfin, nous verrons que la lucidité est la condition nécessaire, mais non suffisante du bonheur.

Pour certaine personne le bonheur est déjà passé, c’est le souvenir d’une enfance sans soucis, sans véritable conscience et donc sans lucidité. Les enfants seraient-ils donc les seuls à pouvoir jouir d’un véritable bonheur parce qu’ils ne se soucient pas du monde qui les entoure ? Pour exemple, le mythe du Père noël a été un réel vecteur de bonheur chez une grande majorité des enfants, cependant, ceci n’aurait pu voir le jour sans leur crudilité ( opposé à la lucidité). Donc, croire sans s’interroger peut permettre d’être heureux en un certain sens. « Trente secondes de réflexion, une seconde de lucidité, et on découvre que vivre est épouvantable. Alors, il s'agit de nourrir quelques illusions, afin que l'âme ne se dessèche pas ». Cette citation de Jean-François Somcynsky nous montre que parfois, il est préférable pour l'homme de rester dans l'illusion, pour qu'il ne se rende pas compte de la réalité qui l'entoure. Quelqu’un de naïf, dit-on, est quelqu’un d’heureux, on dit également que « bien heureux est celui qui ne s’embarrasse pas des artifices de la pensée » et cela peut-être considéré comme la stricte vérité, car le bonheur

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