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Marivaux - Les Fausses Confidences, acte I, scène 14

Commentaire de texte : Marivaux - Les Fausses Confidences, acte I, scène 14. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2024  •  Commentaire de texte  •  2 342 Mots (10 Pages)  •  156 Vues

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Les Fausses Confidences, acte II scène 13

Introduction

Marivaux est un écrivain et dramaturge français du XVIIIème siècle. C’est un auteur progressiste qui accompagne l’essor des Lumières, en interrogeant la hiérarchie sociale et ses injustices, le rapport maître-valet. Il est connu pour ses intrigues amoureuses sophistiquées, où les personnages découvrent, au terme d’un long cheminement, le sentiment amoureux qu’ils ignoraient en eux. Ses comédies sont à la croisée de la Comedia dell’arte burlesque et d’un théâtre galant et psychologique. A travers des dialogues complexes, Marivaux explore le labyrinthe des sentiments, leur instabilité et les ambiguïtés du langage.  

Les Fausses Confidences est une comédie en prose et en trois actes. Cette pièce expose comment Dubois, passé au service d’une riche veuve, manipule les divers personnages, de façon à rendre inéluctable le mariage de son ancien maître Dorante, désargenté, avec sa maîtresse Araminte.

Étonnamment, l’honnête Araminte va se livrer au jeu de la manipulation de son intendant, après avoir subi elle-même la fausse confidence de Dubois (Acte I, sc. 14), dont elle demeure toujours la dupe. Cet aveu, l’amour fou que lui vouerait Dorante, la flatte et va la piquer : elle va elle-même développer un stratagème pour satisfaire son amour-propre afin de confirmer être désirée.

Situation du passage

Araminte a décidée de faire avouer Dorante afin d’obtenir un prétexte pour le renvoyer. En fait, elle souhaite obtenir pour elle-même l’aveu amoureux de Dorante. Araminte devient ainsi l’instigatrice d’un projet épistolaire permettant de mesurer l’intensité des sentiments amoureux de Dorante à son endroit.

On assiste donc ici à une scène de théâtre dans le théâtre : Araminte metteuse en scène d’une saynète, avec Dorante dans le rôle de dépositaire qui se sert de son discours troublé, entre le lyrique et le pathétique s’oppose Araminte, fine polémique qui se sert de son discours comme d’une arme pour pousser Dorante à la dernière extrémité, avec un sang-froid apparent.

Extrait de l’acte II scène 13 étudié 

ARAMINTE, d’un air délibéré.

− Il n’y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu’il faut sur cette table.


DORANTE. – Eh ! pour qui, Madame ?


ARAMINTE. − Pour le Comte, qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (
Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh ! vous n’allez pas à la table ? À quoi rêvez-vous ?


DORANTE,
 toujours distrait. − Oui, Madame.


ARAMINTE, à part, pendant qu’il se place. − Il ne sait ce qu’il fait ; voyons si cela continuera.


DORANTE, 
à part, cherchant du papier. − Ah ! Dubois m’a trompé !


ARAMINTE, 
poursuivant. − Êtes-vous prêt à écrire ?


DORANTE. − Madame, je ne trouve point de papier.


ARAMINTE,
 allant elle−même. − Vous n’en trouvez point ! En voilà devant vous.


DORANTE. − Il est vrai.


ARAMINTE. − Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr… Avez-vous écrit ?


DORANTE. − Comment, Madame ?


ARAMINTE. − Vous ne m’écoutez donc pas ? Votre mariage est sûr ; Madame veut

que je vous l’écrive, et vous attend pour vous le dire. (À part.) Il souffre, mais il ne dit mot ; est-ce qu’il ne parlera pas ? N’attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d’un procès douteux.


DORANTE. − Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame : douteux, il ne l’est point.
ARAMINTE. − N’importe, achevez. Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu’elle rend à votre mérite la détermine.


DORANTE, 
à part. − Ciel ! je suis perdu. (Haut.) Mais, Madame, vous n’aviez aucune inclination pour lui.


ARAMINTE. − Achevez, vous dis-je… Qu’elle rend à votre mérite la détermine… Je crois que la main vous tremble ! vous paraissez changé. Qu’est−ce que cela signifie ? Vous trouvez-vous mal ?


DORANTE. − Je ne me trouve pas bien, Madame.


ARAMINTE. − Quoi ! si subitement ! cela est singulier. Pliez la lettre et mettez : À Monsieur le Comte Dorimont. Vous direz à Dubois qu’il la lui porte. (
À part.) Le cœur me bat ! (À Dorante.) Voilà qui est écrit tout de travers ! Cette adresse-là n’est presque pas lisible. (À part.) Il n’y a pas encore là de quoi le convaincre.


DORANTE, 
à part. − Ne serait-ce point aussi pour m’éprouver ? Dubois ne m’a averti de rien.

Problématique 

Dans quel mesure la mise en scène d’une « fausse confidence » peut-elle susciter « une vraie confidence » ?

Ou Comment décrypter la vraie confidence du faux dans le vraie de la fausse confidence ?

Annonce de plan

        1er mvt : La mise en œuvre du théâtre dans le théâtre (lignes 34-47)

  1. Araminte metteuse en scène de l’écriture d’une lettre (l. 42-47)
  2. A. rencontre des difficultés inattendues dans sa direction d’acteur (l.42-47)

2e mvt : L’épreuve (lignes 48-62) ou la rédaction de la lettre

  1. Un mise en scène de plus en plus mensongère (l. 48-55)
  2. La contre-argumentation de D. rend A. impitoyable (l. 56_62°

        3e mvt : La mise en échec du stratagème (lignes 63-fin)

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