Raison et croyance
Cours : Raison et croyance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rafaël Alves • 19 Avril 2018 • Cours • 2 087 Mots (9 Pages) • 895 Vues
RAISON ET CROYANCE
Utiliser sa raison, est-ce rejeter toute croyance ?
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Le Penseur (Rodin)
INTRODUCTION
1°) Eléments de définition
La raison est la faculté (ce qui rend capable) de la vérité. Elle permet de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. Elle permet de comprendre les liens qui unissent les choses.
La raison nous permet d’obtenir des connaissances.
Cf. Texte de Cournot, p. 101. Ce texte présente ce qu’est la raison, présente en tout homme accompli.
La croyance elle, n’est pas une faculté. Elle est une manière personnelle d’adhérer à une réalité et/ou à une proposition (ceci n’est pas une définition).
2°) Problématisation de la question
DANS L’OPINION COURANTE, la croyance est moins certaine que la connaissance. Exemple : « Je sais qu’il fait beau » exprime une certitude plus forte que « Je crois qu’il fait beau. » De plus, il semble que la connaissance ait des critères de vérité extérieures à elles : l’expérience, le consensus des savants, un langage univoque.
POURTANT, nous découvrons peu à peu beaucoup de signes qu’une telle opposition n’est sans doute pas si simple.
- De nombreux scientifiques sont croyants.
- Il n’existe aucune certitude en science, elle qui progresse en démontrant que les théories précédentes étaient fausses.
- La foi (comme croyance religieuse) est souvent vécue comme une certitude qui s’approfondit dans un travail de la raison (la théologie).
Que penser alors de cette opposition ? Utiliser sa raison, est-ce rejeter toute croyance ?
3°) Annonce du plan
Dans une première partie, nous approfondirons la distinction entre la raison et la croyance (I). Cette distinction nous apparaitra alors tellement importante que nous pourrions penser qu’effectivement, l’usage de sa raison exige de rejeter toute forme de croyance (II). Pourtant, nous verrons que toute connaissance repose nécessairement sur une forme de croyance. Ce qui nous conduira à penser, dans une troisième partie, une articulation entre la raison et la croyance non superstitieuse (III).
- I / Distinguer la connaissance et la croyance
- A / Une différence dans le degré de certitude
Dans le langage courant, connaissance et croyance se distinguent par leur degré de certitude. Quand je dis « Je sais qu’il fait beau », j’exprime une certitude plus élevée que quand je dis « Je crois qu’il fait beau ».
Dans cet exemple, la différence vient de ce que, dans le premier cas, j’ai pu avoir une preuve du temps qu’il fait réellement, alors que dans le second cas, je n’ai aucune preuve tangible.
Définition : Une preuve est un élément matériel ou une démonstration logique (raisonnement dont la conclusion est nécessaire) permettant d’établir l’existence d’un phénomène ou la validité d’une proposition.
La connaissance s’appuie sur des preuves. Les sciences en sont un bon exemple, mais elles ne sont pas le seul. L’expérience peut être une preuve, la logique également.
La croyance ne peut pas s’appuyer entièrement sur des preuves. Exemple : le témoignage des autres n’est pas une preuve puisqu’il réclame ma confiance. De même qu’il n’y a pas de preuves religieuses (ce qui ne signifie pas que la foi religieuse soit contraire à la raison).
Le savoir est donc un jugement accompagné d’une certitude appuyée sur des preuves tangibles.
La croyance est un jugement qui ne peut pas s’appuyer sur des preuves tangibles.
Ici, les élèves étudient le texte de Kant, p. 105.
La croyance est un fait de notre entendement susceptible de reposer sur des principes objectifs, mais qui exige aussi des causes subjectives dans l'esprit de celui qui juge. Quand elle est valable pour chacun, en tant du moins qu'il a de la raison, son principe est objectivement suffisant et la croyance se nomme conviction. Si elle n'a son fondement que dans la nature particulière du sujet, elle se nomme persuasion.
La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement qui est uniquement dans le sujet est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n'a-t-il qu'une valeur individuelle et la croyance ne peut-elle pas se communiquer. Mais la vérité repose sur l'accord avec l'objet et, par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tout entendement doivent être d'accord. La pierre de touche grâce à laquelle nous distinguons si la croyance est une conviction ou simplement une persuasion est donc extérieure et consiste dans la possibilité de communiquer sa croyance et de la trouver valable pour la raison de tout homme, car alors il est au moins à présumer que la cause de la concordance de tous les jugements malgré la diversité des sujets entre eux reposera sur un principe commun, je veux dire l'objet, avec lequel, par conséquent, tous les sujets s'accorderont de manière à prouver par là la vérité du jugement.
KANT, Critique de la Raison Pure
1 / Quelle est l’idée principale du texte et quelles sont les étapes de l’argumentation ?
2 / Pourquoi la persuasion n’est-elle qu’une apparence ?
3 / Quels sont les deux critères qui vont permettre de distinguer la conviction de la persuasion ?
- B / Une différence dans l’objectivité
Tout jugement réclame une adhésion subjective, c'est-à-dire que celui qui le prononce pense dire quelque chose de vrai.
Cependant, dans le cas de la croyance, l’adhésion au jugement est seulement subjective, alors que dans le cas de la connaissance, l’adhésion au jugement est à la fois subjective et objective (puisqu’elle s’appuie sur des preuves).
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