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Pourquoi philosopher dans le monde actuel ?

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Par   •  28 Novembre 2019  •  Discours  •  1 991 Mots (8 Pages)  •  668 Vues

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COMMUNICATION A LA JOURNEE MONDIALE DE LA PHILOSOPHIE A L’ISPSH DON BOSCO. JEUDI LE 21 NOVEMBRE 2019

Thème général : l’importance de la philosophie aujourd’hui

Sujet de la communication : Pourquoi philosopher dans le monde actuel ?

Grandes lignes de l’exposé

  • Origine de cette curieuse question

Il nous a semblé édifiant de commencer par l’origine de cette curieuse question. Il est en effet curieux de voir plus d’une personne, demander pourquoi philosopher, et plus précisément, pourquoi le faire dans le monde actuel ? C’est curieux de voir que la question se pose moins, ou même ne se pose pas eu égard aux autres domaines tels la musique, l’industrie, l’architecture, l’économie, etc. On n’aurait pas tort de dire que la cible habituelle est la philosophie. Pourquoi donc ? Ce qui nous apparait comme justificatif est le fait que ces domaines (la musique, l’architecture, etc.) représentent des postures humaines fondamentales ; les plaisirs radicaux. Or les préjugés sur lesquels se greffent les conceptions de la philosophie ne lui reconnaissent pas à cette fonction. C’est donc une interrogation sur l’étrangeté de sa place. Quelle utilité a-t-elle pour occuper cette place ? Pourquoi en faire mention aujourd’hui encore ?

Avant d’y arriver, il faut dire qu’l n’est pas nouveau de se demander quel serait le rôle de la philosophie ? C’est un problème aussi ancien que les premiers pas de la philosophie elle-même. Qu’il nous souvienne les descriptions faites des anciens, comme on a l’habitude de les nommer. Les anecdotes ne manquent pas pour dire l’étrangeté de la vie des philosophes. (Thalès ; description de Socrate par Aristophane dans les nuées). On ne tarde point à les traiter de personnes se perdant dans les nuées ou ne savant quoi faire de leur temps. Le philosophe est quelque peu vu comme un homme peu sérieux (plaisantin), un marginal et même dans certains cas de grande exagération, de fou.

        Partant de ces clichés, on en conclue très souvent que la philosophie n’est que pure spéculation, un discours creux n’ayant crise sur la réalité, un discours vain et sans fond. Il est même de formules pour dire que les préoccupations vitales sont différentes des éléments philosophiques. Et même, elles doivent passer avant qu’on ne s’attarde à philosopher. Cette formule courante : « primum vivere deinde philosophare » le prouve assez bien à notre sens. Aussi, Karl Marx (2000) dans sa thèse de Feuerbach, dans son Idéologie allemande écrivait : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières, il s’agit plutôt de le transformer ». Ceci pour dire que la philosophie doit se montrer constructive. Elle doit contribuer à transformer le monde au lieu de se déployer dans les discours sans fondement pratique. Doit-on cependant se laisser entraîner par ces conceptions on ne peut plus inachevées ? Il serait convenable de recourir au vrai sens de la philosophie. Il nous permettra de justifier son bienfondé eu égard au tableau du monde actuel que nous présenterons dans la suite de notre démarche.

  • Sens de la philosophie

Le problème crucial auquel est confrontée la philosophie, pour tout philosophe aussi grand et renommé soit-il, c’est le sens qu’on lui attribue. Ceci parce que cette définition n’est pas aisée à trouver et encore moins la rendre unanime. Cette dynamique se trouve au cœur de la discipline. À Ferdinand Alquié (1971) de dire : « le propre de la philosophie c’est de s’interroger sur elle-même ». En fait, il serait difficile de trouver une définition toute faite de la philosophie. Toutefois, partons de ce que nous offrent habituellement nos manuels.

        Le nom de philosophie, suivant les données historiques et épistémologiques, dérive de deux termes Grecs -c’est un nom composé : philo-Sophie- signifiant respectivement aimer (philein) et sagesse (sophia). Il aurait été forgé par Pythagore, le célèbre mathématicien grec (du VIe siècle av. J.C.) qui refusait justement de se dire sage. Il estime que la sagesse, la connaissance parfaite sont du ressort de Dieu, car l’homme en tant qu’être mortel ne peut prétendre tout connaître. C’est en cela que l’appellation ami de la sagesse lui paraît plus adéquate. Ainsi, l’homme ne peut se réclamer sage ; il ne possède pas le savoir, il ne peut que tendre vers lui ; il ne peut que rechercher perpétuellement le savoir. La philosophie n’est pas la sagesse elle-même, mais le désir de celle-ci. Ceci donne sens à ce que dit Platon (2006) : « Qui possède le savoir ne philosophe point ». Dès lors, la philosophie n’est pas un savoir uni en formules définitives et intangibles. Elle n’est pas un système clos, achevé, mais bien au contraire un projet, un horizon sans cesse fuyant à la recherche infinie de la vérité selon les termes de Paulin Hountondji.

        De fait, faire de la philosophie, c’est être en route puisqu’en philosophie les questions sont à bien des égards plus essentielles que les réponses ; et chaque réponse devient une nouvelle question (Jaspers, 2002). En philosophie, il n’y a pas de vérité de même ordre qu’un théorème mathématique ou une loi en physique. Depuis l’antiquité, des systèmes de philosophie se succèdent, mais on ne peut accorder à aucun d’eux une suprématie ou un honneur particulier. Les systèmes s’emploient à se réfuter les uns les autres. Il convient de dire donc que la discipline philosophique est à refaire à chaque fois que l’on s’attèle à son étude. Ceci expliquerait sans nul doute le relativisme des vérités philosophiques. C’est depuis son origine que la philosophie est confrontée à cette situation. Elle est interne en son entreprise. La réfutation des idées ou si l’on veut des vérités est sans cesse constante en cette discipline. Mais il faut noter que toutes les philosophies se valent.

        En définitive, la philosophie apparaît comme un désir, l’amour de connaître, de savoir. Dès lors, la conscience philosophique est moins une conscience heureuse satisfaite de la possession d’un savoir absolu ou immuable. Ce n’est non plus une conscience malheureuse en conflit avec de tortures d’un scepticisme irrémédiable. Cela va sans dire que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude même, pour parler comme Bertrand Russel. C’est bien parce qu’on n’est jamais sûr de quelque chose qu’on philosophe. L’attitude philosophique exige une remise en cause ou en question de tout ce qui semble aller de soi, les évidences et les aptitudes.

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