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Est-ce naturel de vivre en société ?

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Par   •  4 Mai 2018  •  Dissertation  •  2 336 Mots (10 Pages)  •  982 Vues

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Homo homini lupus est, « L’homme est un loup pour l’homme » d’après Plaute. Aujourd’hui, dans un monde où guerres et conflits sévissent, on peut en effet dire que l’homme constitue le pire ennemi de sa propre espèce. Pourquoi vivre ensemble si, fatalement, des conflits éclateront ?

Le sujet posé est le suivant : Est-il naturel de vivre en société ?

On prendra comme définition de naturel ce qui s’oppose à culturel, tout ce qui n’a pas été modifié par l’Homme, ce qui est voulu, ce qui a été prévu par la Nature ; ce qui est naturel, c’est ce qui est conforme à l’ordre normal des choses (Larousse). Qu’est-ce qu’une société ? C’est un ensemble d’êtres humains vivant en groupe organisé, tout groupe social formé de personnes qui se réunissent autour d’intérêts communs, liés par des liens familiaux te économiques ainsi que par des valeurs partagées.

De manière générale, on remarque que les relations humaines sont souvent sources de conflits : jalousie, violences, manipulation, compétition malsaine, vengeance, etc. ; pour autant, les Hommes cohabitent et vivent en société. Ici apparaît un premier paradoxe concernant l’Homme et la société. Aussi, à la lumière des relations conflictuelles que les Hommes entretiennent entre eux, on peut légitimement se demander si l’Homme est fait pour vivre en société dans un premier temps. De plus, la société étant par définition un groupe organisé, laisse entendre que c’est une notion construite, artificielle et donc non naturelle.

Finalement, est-ce la nature profonde de l’Homme que de vivre en société ou n’est-ce pas au contraire un phénomène qui relève de la culture, un phénomène construit, pas prévu et donc est-ce que l’homme va à encontre de la Nature et de sa nature en vivant en société ? Si la vie en société apparaît comme le seul mode de vie possible pour l’Homme car historiquement on ne se souvient que de celui-ci (I), cela ne signifie pas que sa nature profonde est de vivre en collectivité, car la société reste un phénomène construit (II) ; de fait, l’Homme a besoin de la société pour accomplir pleinement son humanité (III).

Au premier abord, il apparaît évident, il est dans l’opinion courante que les Hommes vivent en société, et que c’est ‘normal’, naturel, comme les choses doivent être. Cela se voit d’abord à travers le fait que naturellement, par ‘instinct’ (si on peut employer le terme), les hommes s’attachent aux femmes et inversement pour former des familles, ils s’installent et créent par conséquent des mini sociétés. De plus, un autre aspect qui prouve que nous sommes des êtres sociables, faits pour vivre en société, est le caractère social de tous nos affects. En effet, tous les affects que nous pouvons ressentir montrent que nous sommes des êtres naturellement sociables : l’amour, l’amitié, la pitié, la compassion, l’empathie mais aussi la déception, la tristesse, la colère, la vengeance, etc. Ces sentiments et ces émotions reflètent le caractère social de l’Homme, dans le sens où ils reflètent la pluralité d’affects qu’il peut ressentir après avoir interagi avec l’autre.

Par ailleurs, dans Politiques, I, Aristote déclare que « L’homme est un animal politique », donc un animal qui vit dans la cité, qui est l’équivalent de la société (la politique étant l’art d’organiser la cité). Il explique que le fait d’être politique constitue l’essence de l’homme, que la cité fait notre humanité. C’est le langage qui est le signe que l’homme est politique car il sert à débattre, à discuter, à communiquer à propos de notions propres à l’homme et à la vie en communauté comme le bien ou le mal et amène à la création de mœurs, d’une morale. Dans le même ouvrage, Aristote dit aussi que « Celui qui qui vit hors de la cité (société), naturellement bien sûr et non par le hasard de circonstances, est soit un être dégradé, soit un être surhumain ». Notons que les Grecs considéraient les bergers, les chasseurs, en somme toutes les personnes qui vivaient en dehors de la cité, non pas comme des Hommes mais comme des hommes bêtes, des sauvages, pas comme des hommes civilisés. Effectivement, ce que dit Aristote fait sens si l’on prend l’exemple du jeune garçon dans le film L’Enfant sauvage, film réalisé par François Truffaut. En effet, l’enfant est recueilli vers l’âge de onze ans alors qu’il a toujours vécu dans la forêt. L'enfant sauvage semble être sourd et muet, l’enfant se comporte comme un animal et semble réticent à l’apprentissage. Un docteur pense que ce qui apparaît comme un retard mental est le résultat de l'absence de contact avec les hommes. Il va lui apprendre le quotidien d'une vie d'enfant civilisé et le faire émerger de sa primitive animalité en lui enseignant ce qu'est le langage. Ici, l’enfant a vécu en dehors de la société et on comprend mieux le fait que vivre en marge de la société occulte notre humanité dans ce cas. De même, on peut prendre comme exemple l’histoire de Robinson Crusoé (contée par Daniel Defoe dans le livre au titre éponyme). Après avoir été le seul survivant d’un naufrage, il se retrouve seul sur une île déserte et doit confronter la solitude absolue, il sombre dans la folie et retrouve son humanité qu’après s’être organisé en conséquence et reconstitue une routine propre à la vie en société (calendrier, tâches, travail, etc.). En outre, l’Homme a besoin de la société : l’homme est dépourvu de qualités naturelles contrairement aux autres animaux, comme le fait remarquer Hume. Il a donc plus de besoins mais moins de moyens pour les assouvir. C’est pour pallier cette infériorité, cette faiblesse naturelle que l’homme vit en société : la vie en commun permet aux individus de regrouper leurs forces pour se défendre contre les attaques et pour réaliser à plusieurs ce qu’un seul ne saurait entreprendre. Elle permet aussi d’accroître l’efficacité du travail mais génère aussi de nouveaux besoins. Se dessine alors une communauté d’échanges, où chacun participe à la satisfaction des besoins de tous (Platon). Ainsi, les Hommes, pour leur propre survie, ont tendance à se rapprocher les uns des autres, et cette tendance est naturelle.

Cependant, cela ne veut pas nécessairement dire que l’Homme vit naturellement en société, que sa nature profonde est de vivre en collectivité et non seul.

La conception d’homme naturellement sociable, (car l’Homme est un animal politique) d’Aristote est remise en cause par l’hypothèse du contrat émise par les philosophes de l’état de nature, qui supposent que la société a été constituée

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