Médias et opinion publique en France dans les grandes crises politiques depuis l'affaire Dreyfus
Cours : Médias et opinion publique en France dans les grandes crises politiques depuis l'affaire Dreyfus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar x x • 2 Janvier 2016 • Cours • 1 490 Mots (6 Pages) • 1 412 Vues
La vie politique ne se limite pas aux élections. Dans un régime démocratique, elle suppose que les citoyens soient capables de s'informer des affaires publiques, d'en débattre et de se forger leur opinion. Cet ensemble de débats et de positions s'appelle l'opinion publique. Or il n'y a pas d'opinion publique sans médias. Les médias sont l'ensemble des moyens par lesquels l'information est diffusée dans la société (presse écrite, radio, TV, internet). Ils jouent un rôle essentiel au sein de la société démocratique, qu'ils aident à façonner, convaincre, voire manipuler. C’est au travers de crises politiques que se révèlent les relations complexes nouées entre médias, opinion et pouvoir.
Une crise politique est une période de tension politique et de mobilisation publique au cours de laquelle le système de gouvernement est l'objet d'une remise en cause.
Comment les médias participent-ils à la formation et à l’expression de l’opinion publique durant les grandes crises politiques qui ont secoué la France depuis l’affaire Dreyfus ?
En 1881, la IIIème République promulgue une grande loi sur la liberté de la presse, qui accorde le droit à la presse de publier ce qu'elle veut, à l'exception de propos diffamatoires ou provocateurs.
A partir de cette loi, les médias et l'opinion publique prennent une importance déterminante dans la vie politique française. La presse est libre, elle contribue à influencer l'opinion qui détermine le vote des citoyens. Il devient donc essentiel pour les hommes politiques de connaître l'état de l'opinion publique, et d'essayer de l'influencer. Les médias deviennent également un terrain d'affrontement pour les idéologies politiques opposées, notamment dans les moments de crise.
La plus grande crise survenue entre la loi de 1881 et la Première Guerre mondiale est l'affaire Dreyfus. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé d'espionner l'armée pour le compte de l'Allemagne. Par la suite il s'avère que Dreyfus a été accusé à tort pour protéger le vrai coupable, un autre officier. Mais cette révélation de l'innocence de Dreyfus divise profondément le pays. Une partie de l'opinion publique estime qu'il faut innocenter Dreyfus et punir ce qui l'ont accusé à tort (ce sont les dreyfusards). Mais pour une autre partie de l'opinion (les antidreyfusards), il ne faut pas innocenter Dreyfus, car cela ternirait l'honneur de l'armée. Par ailleurs Dreyfus est juif, et l'opinion antidreyfusarde est très souvent antisémite. Ainsi l'affaire divise littéralement la population, qui se passionne pour cette question. Or cet engouement est permis par l'évolution de la presse. Non seulement cette dernière est libre depuis 1881, mais la fin du XIXème siècle voit également apparaître la presse de masse, une presse à fort tirage, et à bon marché. Or les journaux de l'époque vont prendre parti pour ou contre Dreyfus. Ils ne sont pas neutres, c'est ce qu'on appelle la presse d'opinion. Le clivage entre presse dreyfusarde et presse antidreyfusarde recouvre en partie le clivage gauche-droite, mais il y a en réalité de nombreuses exceptions. Les articles de la presse antidreyfusarde sont particulièrement violent, les attaques antisémites y sont nombreuses. C'est finalement la presse dreyfusarde qui joue le rôle déterminant dans l'évolution de l'affaire Dreyfus. En effet, en 1898, l'écrivain et journaliste Émile Zola publie en 1898 dans le journal ''L'aurore'' l'article ''J'accuse'', dans lequel il s'en prend directement aux hauts responsables de l'armée française et les accuse ouvertement d'avoir condamné Dreyfus à tort. Le comportement courageux de Zola lors de l'affaire Dreyfus symbolise le renouveau des intellectuels en France. Désormais, grâce à la presse de masse, ils peuvent toucher un public bien plus large et intervenir en politique. Dreyfus est enfin innocenté en 1906.
Mais la liberté de la presse n'est valable qu'en temps de paix, et pendant la première guerre mondiale, la presse est censurée par le gouvernement. Le pouvoir a alors peur qu'une information libre ne provoque de l'opposition à la guerre, voire ne donne des renseignements à l'ennemi.
Une partie des journaux, par nationalisme, participe activement à la propagande du gouvernement, présentant la guerre sous un visage idéalisé, et attribue toutes les fautes à l'ennemi allemand. La population donne à cette propagande le nom de ''bourrage de crâne''.
Dans l'entre-deux-guerre, la presse est redevenue libre, et elle reste le principal média qui forme l'opinion publique française. Le 6 février 1934, à la suite d'un scandale financier, la presse d'extrême droite appelle à manifester contre la République dans un rassemblement. Cette manifestation tourne à l'affrontement avec la police, causant plusieurs morts. Du coup, la presse d'extrême
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