Lagarce le prologue juste la fin du monde
Commentaire de texte : Lagarce le prologue juste la fin du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sirine_le_c • 22 Mars 2022 • Commentaire de texte • 2 325 Mots (10 Pages) • 1 332 Vues
JUSTE LA FIN DU MONDE - prologue
Préalable:
1. Définir le prologue au théâtre
Le prologue (du grec προ (pro) : avant, et λóγος (logos) : discours) est la première partie d’une œuvre littéraire ou la première scène d’une œuvre dramatique, faisant office de préface, d’introduction ou de préambule, et servant à situer les personnages et l’action de l’œuvre en exposant divers points essentiels à connaître pour l’intelligence de la scène. Le prologue est hérité de la tragédie antique.
2. Constater que tout le prologue de JFM est constitué d'une phrase unique.
Essayer de restituer le cœur de la phrase en supprimant les répétitions et les compléments inessentiels.
“Plus tard l'année d'après je décidai de retourner les voir pour annoncer ma mort prochaine et irrémédiable, et me donner et donner aux autres une dernière fois l'illusion d'être responsable de moi-même”
3. Définir l’écriture particulière de Lagarce, et le verset.
Le verset en poésie est une forme d'écriture située entre le vers et le paragraphe tendant souvent vers la prose.
Formellement, le verset peut être considéré comme un vers libre, c'est-à-dire un vers sans métrique définie ; toutefois, le retour à la ligne, est pratiqué de manière non arbitraire : le blanc du texte définit un sens particulier, ainsi qu'un souffle, un rythme du texte.
Lire le début de la scène et tâcher de comprendre comment progresse la phrase chez Lagarce:
l. 1: lance un CC temps qui ouvre une phrase
dès la l. 2 interruption par une phrase en incise car une pensée fait irruption
l. 3: deuxième interruption du propos par une référence au présent de l’énonciation
l. 4 répétition de la l. 1 “l’année d’après” car le personnage essaie de reprendre le fil de sa phrase
Lorsqu’on écrit, on construit le propos, la phrase davantage qu’on ne le fait à l’oral: dans une conversation, le propos est souvent discontinu, on ne finit pas toujours nos phrases, on passe d’un thème à un autre, on se répète, on se corrige… C’est cette réalité du langage que transcrit l’écriture de Lagarce. En même temps, cette écriture est très poétique.
→ préparer une fiche avec le vocabulaire nécessaire pour analyser le texte de Lagarce:
verset
une épanorthose: Figure de pensée qui consiste à revenir sur ce que l'on vient d'affirmer, soit pour le nuancer, l'affaiblir et même le rétracter, soit au contraire pour le réexposer avec plus d'énergie.
Explication linéaire
Introduction
- Présentation de l’auteur et de son œuvre :
Jean-Luc Lagarce (1957-1995) est un dramaturge, comédien, metteur en scène, directeur de troupe contemporain. Il a fondé une troupe de théâtre amateur puis professionnelle, le théâtre de la Roulotte et connaît ses premiers succès d’auteur et de metteur en scène en adaptant des pièces classiques et ses propres textes. Il fonde aussi une maison d’édition Les Solitaires intempestifs avec son ami et collaborateur François Berreur. Malgré sa séropositivité découverte en 1988, il poursuit frénétiquement ses activités théâtrales. Il meurt en pleines répétitions théâtrales, après avoir achevé un dernier texte dramatique, Le Pays lointain. Depuis sa disparition, l’œuvre littéraire de Lagarce connaît un succès public et critique grandissant. De nombreuses mises en scène de ses textes reconnus sont réalisées et c’est l’auteur contemporain le plus joué actuellement en France.
- Présentation et enjeux de la scène :
La pièce Juste la fin du monde est écrite par Lagarce à Berlin. C’est le 1 er de ses textes à avoir été refusé par tous les comités de lecture et il ne sera jamais joué de son vivant. Après sa mort, la pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 2008. C’est un huis-clos familial qui met en scène 5 personnages d’une même famille. Le protagoniste, Louis, explique dans un monologue sa décision de retourner chez lui, après une longue absence, pour annoncer à ses proches sa « mort prochaine et irrémédiable ». La tirade qui ouvre cette pièce, est écrite sous forme de versets poétiques, et prononcée d’un même souffle (la scène ne comporte qu’un seul point, à la fin). C’est une approche déstabilisante pour le lecteur et le spectateur, qui savent d’emblée à quoi s’en tenir : Louis va mourir et doit le révéler à sa famille.
• Lecture expressive
• Projet de lecture:
En quoi ce monologue est-il tragique?
• Annonce des mouvements du texte :
➢ Du début de la scène à la ligne 15 (« survivre ») : la mort inéluctable et le destin implacable de Louis / l’entrée dans la tragédie
➢ De la ligne 18 (« malgré tout ») à la ligne 28 (« l’unique messager ») : la décision de retourner dans sa famille pour annoncer sa mort prochaine / l’enjeu central de la pièce ?
➢ De la ligne 29 (« et paraître ») jusqu’à la fin de la scène : le combat pour rester maître de son destin, entre théâtralité et ironie tragique
1er Mouvement (lignes 1 à 17) : la mort inéluctable de Louis
La mort inexorable du protagoniste est révélée d’emblée au spectateur dans un brouillage temporel énigmatique et déstabilisant. On le constate en effet dès la première ligne dans les 2 indications temporelles juxtaposées (« plus tard, l’année d’après »). Louis, le protagoniste énonce une prolepse en annonçant des faits futurs. Cette tonalité prophétique rappelle la tragédie grecque où le chœur antique annonçait souvent de façon énigmatique ce qui allait se passer. Ici c’est sa propre mort qu’annonce le personnage à la ligne 2. On observe aussi un flottement dans le temps, un brouillage temporel avec l’emploi de l’imparfait « j’allais mourir » qui situe le futur par rapport au passé. Le spectateur est placé dans l’incertitude et peut se demander si Louis n’est pas déjà mort et qu’il s’agissait d’une voix d’outre- tombe.
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