Analyse du prologue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

Lecture linéaire N°1 : analyse du Prologue

Activité préparatoire : visionnage de plusieurs mises en scène du Prologue.

Voir https://www.theatre-contemporain.net/textes/Juste-la-fin-du-monde/contenus-pedagogiques/idcontent/44777 

1. 1ère mise en scène : Jouanneau choix de sobriété : T-shirt Noir, mur blanc > dépouillement qui évoque la rigueur classique.
2. 2e : Cédric Revollon : choix radical de laisser le plateau dans le noir pour souligner que Louis semble s’exprimer d’ailleurs, de plus tard, comme un narrateur a posteriori.
3. Jean-Charles Mouveaux fait le choix de mettre les autres personnages sur la scène comme dans un prologue antique (comme dans la mise en scène de R. Hossein de Antigone d’Anouilh) > réflexion : à qui s’adresse cette longue phrase ?
4. Mise en scène de F. Berreur : Louis très sûr de lui, très théâtral, cabotin, parfois presque moqueur, souriant semble totalement décalé par rapport à ce qu’il dit. Il ressemble avec son smoking au Monsieur Loyal du cirque.
5. Ecouter lecture sur l’émission France Culture :

https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/jean-luc-lagarce-1957-1995-juste-avant-la-fin-du-monde à partir de 18 minutes 30 : touchant parce que c’est l’auteur lui-même qui lit. Jeu sur le rythme et les silences.

Lecture linéaire du passage

La 1ère chose à faire avec cette interminable phrase est d’en repérer le noyau, la proposition principale + les compléments circonstanciels (CC) essentiels et on obtient :

« Plus tard, l’année d’après (…) je décidai de retourner les voir (…) pour annoncer (…) ma mort prochaine et irrémédiable (…) et (…) me donner et donner aux autres une dernière fois (…) l’illusion d’être (…) mon propre maître ».

Louis présente son projet. Deux thèmes s’entremêlent : le thème du retour du fils (cf mythe antique d’Ulysse) et celui de l’annonce d’une mort à venir (qui rattache ce Prologue à la tragédie).

La structure de la phrase fait se succéder plusieurs groupes de mots qui constituent des compléments circonstanciels :

1. Un long passage qui a valeur de CC de temps l. 1-9
2. Un CC de manière qui débute par une comparaison « comme…>aussitôt » l. 10-14
3. Un CC qui indique la cause ou l’influence qu’il refuse ou qu’il dépasse : la peur l.16-19.
4. Proposition principale, sujet verbe complément « je décidai de retourner les voir »
5. Le CC de but est développé de la l. 22 à 33. « pour annoncer… » annoncer quoi ? le COD rejeté presque 10 lignes plus loin « ma mort » crée un effet de suspens. Entre les deux s’étend un CC de manière « lentement… »
6. La conjonction de coordination « et » introduit une proposition coordonnée « et paraître… » l. 33-44 qui multiplie les verbes et indique ce que Louis veut encore « être, ou paraître », « son propre maître ».

On peut dégager 3 moments successifs dans cette tirade :

• Ligne 1-20 : introduction qui annonce sa mort prochaine et le présente très rapidement par son âge. Retour sur le passé : la certitude de sa mort semble l’avoir figé dans l’attente. Répétition de « j’attendais » et insistance sur la durée « de nombreux mois », la valeur temporelle qui domine est celle de l’imparfait, temps de la répétition.

Evocation du début d’un mouvement qui se fait « imperceptiblement », et il évoque aussi la peur, qu’il dépasse.

• Lignes 21-31 : annonce de son projet : l’irruption du passé simple marque brutalement le passage à l’action après la décision qui le remet en mouvement (cf 4 verbes qui renvoient au déplacement suivent). A nouveau, un passage (ici le CC de manière) nous donne des indications sur le personnage qui rappelle ce qu’il a toujours été « un homme posé »
• Les lignes 32-43 dessinent le rôle qu’il s’assigne : messager et l’affirmation du fait qu’il veut conserver la maîtrise de lui-même.

>En quoi peut-on dire que ce passage est lyrique? (chercher la définition de lyrisme et répondre)

Définition du lyrisme :

Expression d’un sentiment personnel > champ lex du sentiment, emploi de la 1ère pers du sing « Je », utilisation d’une ponctuation expressive qui traduit les émotions du personnage + l’utilisation fréquent de métaphores, comparaisons, anaphores.

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