Comment le prologue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce synthétise-t-il les principaux thèmes de la pièce ?

Explication linéaire 5

Intro : Jean-Luc Lagarce est considéré comme l’un des dramaturges contemporains les plus joués en France. Sa carrière s'achève prématurément avec sa mort à l'âge de 38 ans en 1995, diagnostiqué séropositif. Initialement reconnu principalement pour ses mises en scène du répertoire classique, ce n'est qu'après son décès que ses pièces personnelles sont redécouvertes, notamment "JLFM". Cette œuvre, inspirée de sa propre condition, présente le retour du personnage de Louis chez sa famille, cherchant à leur annoncer sa mort imminente. Le prologue, ouvrant la pièce, s'inspire des tragédies grecques qui annonçaient de manière prophétique le sort tragique qui attendait les personnages. Dans une seule phrase, Louis annonce sa propre mort et sa décision de rendre visite à sa famille.

• Problématique : Comment ce prologue de Juste la fin du monde synthétise-t-il les principaux thèmes de la pièce ?

• Plan : Pour mener cette analyse linéaire, nous verrons dans une première partie l’annonce de la mort prochaine (De la première ligne jusqu'à la ligne 14 « vous détruirait aussitôt »). Puis, dans une deuxième partie, la volonté du retour (de la ligne 15 « l’année d’après » à la fin du prologue), avant de nous intéresser au désir du personnage de rester le maitre de son propre destin.

LOUIS.

[pic 1]

– Plus tard‚ l’année d’après      [pic 2]

– j’allais mourir à mon tour – [pic 3]

j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que [pic 4]

je mourrai‚ [pic 5]

l’année d’après‚

de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚

à ne plus savoir‚[pic 6]

de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚

l’année d’après

comme on ose bouger parfois‚

à peine‚

devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir[pic 7]

 faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui

 réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚ [pic 8]

l’année d’après‚

CC partielle : Ces premières lignes du prologue placent le lecteur dans une situation délicate car il apprend déjà la mort certaine et prochaine du protagoniste malgré se jeunesse. Le ton est donné par l’omniprésence du thème de la mort qui ne peut renvoyer qu’au tragique. Cela annonce une crise existentielle individuelle de la part de Louis.

Dans le deuxième mvt, Louis décide de retourner chez lui, pour annoncer à sa famille sa mort prochaine

[pic 9]

malgré tout‚

la peur‚ [pic 10]

prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚ [pic 11]

malgré tout‚

l’année d’après‚ [pic 12]

je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur

 mes traces et faire le voyage‚[pic 13]

pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision[pic 14]

– ce que je crois – [pic 15]

lentement‚ calmement‚ d’une manière posée 

– et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ? [pic 16]

pour annoncer‚ [pic 17]

dire‚

seulement dire‚ [pic 18]

ma mort prochaine et irrémédiable‚ 

CC partielle : Dans ce 2ème mvt, le personnage annonce sa décision de sortir de son immobilisme pour annoncer sa mort à sa famille avec laquelle il a une relation compliquée. Cela révèle l’intrigue de la pièce.

Dans un troisième mouvement, Louis exprime son désir de rester maitre de son propre destin[pic 19]

l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚

et paraître 

– peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en[pic 20]

 toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me

 souvenir – [pic 21]

et paraître pouvoir là encore décider‚

me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚

toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard [pic 22]

et tant pis) ‚ [pic 23]

me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion 

d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette[pic 24]

 extrémité‚ mon propre maître.

CC partielle : Dans ce troisième mouvement, Louis tente de dissimuler la réalité de sa mort imminente et d'éviter le retour chez sa famille. Cependant, sa volonté, laissant place à la réalité inévitable. Le prologue se conclut sur l’annonce d’une crise imminente au sein de sa famille

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