Analyse du prologue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

                Objet d’étude : Le théâtre du XVII au XXI siècle

                     Œuvre : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

                     Parcours associé : Crise personnelle, crise familiale

        TEXTE 1 : Prologue en entier

                LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après

                – j’allais mourir à mon tour –

                j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚

        4        l’année d’après‚

                de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚

                de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚

                l’année d’après‚

        8        comme on ose bouger parfois‚

                à peine‚

                devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre                 un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚

        12        l’année d’après‚

                malgré tout‚

                la peur‚

                prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚

        16        malgré tout‚

                l’année d’après‚

                je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le                 voyage‚

        20        pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision

                – ce que je crois –

                lentement‚ calmement‚ d’une manière posée

                – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours         24        été un homme posé ?‚

                pour annoncer‚

                dire‚

                seulement dire‚

        28        ma mort prochaine et irrémédiable‚

                l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚

                et paraître

                – peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis         32        le plus loin que j’ose me souvenir –

                et paraître pouvoir là encore décider‚

                me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là                 encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚

        36        me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-                même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître.

ANALYSE

Structure narrative:

Le prologue s'ouvre sur une voix solitaire, celle de Louis, le protagoniste, qui s'adresse au lecteur de manière introspective. C'est un moment de grande tension émotionnelle où Louis partage ses pensées les plus intimes alors qu'il se prépare mentalement à annoncer sa mort imminente à sa famille. La structure fragmentée du texte reflète l'état d'esprit désorganisé et tourmenté de Louis. Chaque ligne semble être un fragment de sa conscience en proie à l'angoisse.

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