La Princesse de Clèves, Mme de la Fayette
Dissertation : La Princesse de Clèves, Mme de la Fayette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Julie47000 • 25 Février 2020 • Dissertation • 2 471 Mots (10 Pages) • 1 297 Vues
Le xviie siècle est un siècle majeur pour la langue et la littérature française en particulier pour les œuvres du théâtre classique avec les comédies de Molière et les tragédies de Corneille et Racine, ou pour la poésie avec Malherbe. Mais si le classicisme s’impose dans la seconde moitié du siècle sous le règne de Louis XIV, les chefs-d’œuvre qu’il a produits ne doivent pas éclipser d’autres genres comme les textes des moralistes et des fabulistes (Jean de La Fontaine) et le genre du roman qui s’invente au cours de cette période avec les romans précieux, les histoires comiques et les premiers romans psychologiques comme la Princesse de Clèves.
A partir de ce roman, nous verrons que le but du romancier peut effectivement être de sortir de l’anectotique pour une dimension tragique.
Nous verrons d’abord que la misérable aventure dans la Princesse de clève prend une dimension tragique, puis qu’en parallèle cela reste une histoire d’exception et enfin en quoi ce roman est un roman d’un autre genre, c’est à dire psychologique.
Nous pouvons parler de misérables lorsque des personnages ou individus sont confrontés à des situations qui les obligent à renoncer leur amour. Ces aventures misérables peuvent effectivement prendre une dimension tragique.
La Princesse de Clèves raconte, les amours impossibles d’une femme mariée, Mlle de Chartres, et du plus bel homme de la Cour, le duc de Nemours. Ce n’est cependant ni la morale ni les convenances qui créent l’obstacle essentiel à la finalisation de cet amour, mais bien le conflit intérieur qui se joue chez Mlle de Chartres entre l’inconstance naturelle et inévitable des sentiments et le désir de vivre un amour parfait dans une fidélité absolue à l’être aimé. En effet, même une fois veuve, la princesse de Clèves se refusera à épouser l’homme qu’elle aime. Elle ne peut aimer celui qu’elle aime, ce qui est relève du registre pathétique. Cette dimension pathétique peut être retrouvée chez le personnage de Cécile de Volange des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, puisqu’elle aspire à se marier dès sa sortie du couvent, mais ce n’est pas le cas, elle devra attendre et sombrer dans la solitude enfermée toute la journée dans sa chambre, sans pouvoir découvrir ce qu’est le sentiment amoureux. Sa naïveté l’amènera à penser qu’un mariage arrangé est ce qu’il y a de bien pour elle, mais elle ne connaîtra pas ce qu’est l’amour, puisqu’il est question du mariage qui est le parcours obligatoire d’une fille qui sort du couvent. Cela devient une obsession pour elle, elle est emprisonnée dans cette morale, qui l’empêchera d’aimer réellement. Un tel bonheur, pour être atteint, nécessite un « art du bien se comporter » : il a un seul visage, la quiétude, qui consiste en premier lieu à savoir se tenir éloigné de tout facteur de trouble. Le tragique et le pathétique expriment la souffrance d'êtres confrontés à des situations extrêmes. Ils usent tous deux d'un language expressif propre à traduire et à faire partager des sentiments intenses. Mais si le pathétique éveille la compassion en insistant sur les manifestations de l'émotion, le tragique se distingue par l'importance qu'il accorde aux puissances supérieures qui accablent l'homme en niant sa liberté. Dans l’Antiquité, les tragédies étaient liées au culte du dieu Dionysos. Les thèmes sont pris dans les légendes de la Grèce. Ils montrent l’Homme aux prises avec des forces qui le dépassent: la nature, les dieux, les autres hommes ou l’hérédité. Des héros comme Oedipe ou Oreste incarnent les problèmes de la responsabilité de l’Homme face à la fatalité, de sa révolte ou de sa soumission à la volonté des dieux. Nous pouvons retrouver ces forces divines chez Agamemnon dans la célèbre pièce Iphigénie où lui, est victime d’une décision qui le dépasse, victime des dieux qui parlent à travers la bouche de Calchas. Il doit « céder » et se résigner à ce que les dieux oppriment l’innocence. Mais de quelle faute est-il coupable ? Racine se refuse à faire du sacrifice d’Iphigénie la conséquence explicite d’une faute antérieure. Agamemnon n’est coupable de rien : il ne fait qu’éprouver une « pitié sacrilège »pour sa fille. « Sacrilège » car en prenant pitié de sa fille, il contrevient à l’ordre des dieux. Agamemnon est donc cet autre Abraham , dont les dieux cherchent simplement à éprouver la piété. Il se dessine par conséquent comme l’archétype du héros tragique : celui qui conduit à commettre un crime de par son statut de roi, il est un héros ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocent . Il est le jouet d’un destin auquel il doit se soumettre. À l’époque de Madame de Lafayette, le jansénisme exerçait une influence très importante sur le milieu littéraire. Le dogme fondamental manifeste la rupture radicale entre l’homme et Dieu, parce que l’homme s’est préféré à Dieu. Cet homme dominé par l’amour-propre est devenu son propre Dieu. À la recherche d’une vérité qui n’existe pas en dehors de Dieu, l’homme vit d’illusion et d’égoïsme. Comme aucun sentiment n’est authentique, l’amour et la passion ne sont que des imitations tragiques du seul amour véritable – celui de Dieu. Dans La Princesse de Clèves on peut noter les traces de cette influence janséniste . Une des marques dans l’œuvre de Madame de Lafayette en est l’incapacité de Madame de Clèves à exprimer ses problèmes ainsi qu’à les affronter. Elle ne combat pas l’amour, mais elle le cache à la cour, de même qu’il ne s’agit pas d’avoir été indigne envers son mari, mais d’avoir paru indigne au duc de Nemours. Cela reflète tout à fait la fatalité de la situation du personnage de Madame de Clèves car étant mariée à cet homme, elle est également la victime de son destin, son mariage qu’elle n’a pas forcément désirer ou envier est une force qui l’a depasse. C’est ce qui donne une dimension tragique au roman, puisque une fois mariée, compte tenu de la morale elle ne peut se permettre de rendre un amour passionnel réel, sinon elle tombrait dans l’immoralité. Sa rencontre avec Nemmours est tardive, cela l’empêchera de vivre cet amour qu’elle ressent pour lui : elle est mariée. Son mari et son mariage peuvent tout à fait être aussociés aux dieux grecs, qui sont des forces infranchissables.
Le roman de Madame de Lafayette renvoi à l’histoire d’une aventure misérable et tragique mais reste tout de même une histoire d’exception. Tout d’abord, en se remettant dans le contexte, nous rappelons que le roman de La Fayette s’ouvre
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