Marivaux les Fausses Confidences, acte I scène 14
Commentaire de texte : Marivaux les Fausses Confidences, acte I scène 14. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tiffaine Ribot-Guyomard • 29 Mars 2022 • Commentaire de texte • 4 869 Mots (20 Pages) • 714 Vues
Texte 2 Marivaux – Les Fausses Confidences : acte I scène 14
Titrer une pièce les Fausses Confidences, est audacieux, car le titre porte en lui une ambiguïté incontestable. Une confidence est réservée à une personne de confiance, elle a tout de même comme visée initiale de confier la vérité. Mais Marivaux lui attribue un qualificatif antithétique « fausses » qui aura comme vocation de faire douter de la parole des personnages suivant qui s’exprime à qui. Ainsi, cette scène 14 de l’acte I, intervient vers la fin de l’acte. Tous les personnages de la pièce ont été présenté sur scène. Toutes les intrigues, qu’il s’agisse de la principale (Dorante qui aime Araminte et Dubois qui met en place un stratagème pour qu’Araminte épouse Dorante) puis les intrigues secondaires qui se rapportent à des questions de mariage. En effet, Monsieur Rémy, l’oncle de Dorante souhaite que son neveu épouse Marton (qui ne s’y refuse pas). Madame Argante, mère d’Araminte, souhaite qu’elle épouse le Comte pour une élévation sociale qui ferait que le conflit judiciaire qui les oppose disparaisse.
Cet extrait donne lieu à une confidence qui rejoint l’intrigue principale puisqu’il s’agit d’une confidence de Dubois à Araminte. Reste à savoir s’il s’agit d’une véritable confidence ou bien d’une fausse. Ainsi, nous pouvons nous interroger sur la nature véridique de la confidence de Dubois et quelle est l’intérêt de cette nature.
Découpage en mouvement & caractérisation :
1er mouvement : l1 à l7 « émue » : la fausse alarme de Dubois, une valorisation hyperbolique de Dorante
2e mouvement : l8 à l14 « incomparable » : la fausse confidence, une présumée folie de Dorante
3e mouvement : l15 à la fin : la vrai confidence, l’objet de l’amour de Dorante, l’aveu à Araminte
- 1er mouvement de la ligne 1 à la ligne 7 « émue » : la fausse alarme de Dubois et une valorisation hyperbolique de Dorante
- La fausse alarme de Dubois : un comique de mots
DUBOIS : Si je le connais, Madame ! Si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse ?
« Si je le connais, Madame ! Si je le connais ! » = phrases assertives se parant d’une forme exclamative. La forme exclamative ici a pour but d’insister sur le propos, montrer un sentiment ambivalent entre un début d’énervement et d’étonnement. L’exclamation permet l’insistance (utilisation de l’adverbe intensif « si ») sur le propos le faisant résonner sur la scène qui apporte un comique de mots dû à la répétition à destination du public qui lui est sur ce coup là dans la confidence de cette stratégie imaginée dans la scène 2. Cette insistance est également présente par la répétition de la même phrase, bien que dans la deuxième occurrence phrastique, l’apostrophe apposée n’est pas répétée. De plus, l’intention émotionnel mise ici serait davantage une interrogation directe, puisque la réponse est postposée par l’affirmative du « oui » qui connait une phrase juxtaposée « et il me connaît bien aussi. » qui est construite en parallélisme de construction qui vient en miroir de ces deux premières phrases répétées. On connait le même schéma S + COD + verbe connaitre au présent de l’indicatif. La troisième phrase vient en miroir puisque nous nous positionnons du point de vue de Dorante dans le jeu des pronoms. Le pronom réfléchi COD « me » renvoie à Dubois et le pronom personnel sujet « il » est anaphorique du « le » précédent qui était COD renvoyant à Dorante. On a donc ici le retour du jeu des pronoms personnels qui intervient dans les confidences sur l’intrigue principal reposant sur les trois personnages principaux (Dubois, Dorante, Araminte). Le pacte avec le spectateur étant construit, ici c’est le seul qui peut rire de la situation car il est au courant de cette ruse entre les deux hommes. Dubois ménage le suspens, apportant un côté très théâtral à ses propos.
« N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse ? » nous avons une interrogation indirect (=qui n’implique pas une réponse par oui ou par non), inversion du sujet et point d’interrogation. La phrase complexe par subordination, est de forme négative. Il est intéressant de noter que la construction de la négation n’est pas la même pour chaque verbe et ni la même valeur. Le premier verbe est une négation par système corrélatif avec fermeture de l’impulsion négative par un forclusif. (Ne paniquez pas, la leçon sur la négation va avec ce texte, vous la trouverez dans le dossier grammaire). Tandis que l’adverbe de négation ne en emploi seul dans la subordonnée est un ne explétif (il est en effet supprimable). Cet emploi explétif est un usage assez fréquent de la langue du XVIIIe. De plus, cela apporte implicitement une force négative importante. La négation de la principal ne pouvant s’étendre à la subordonnée puisque la négation ne peut porter sur l’intégralité d’une phrase, le fait de l’emploi du ne explétif montre une volonté du locuteur de supprimer toute ambiguïté en insistant sur la valeur négative de sa phrase.
ARAMINTE : Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?
« Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour » réponse à l’interrogation de Dubois. Construction impersonnelle du verbe être « il » impersonnel. Le locuteur étant différent, le jeu des pronoms personnels se modifie dans la phrase juxtaposée « tu » sujet P2 anaphorique de l’interlocuteur ici Dubois et « me » COD qui implique une P1 qu’est le locuteur. Le suspens ménagé par Dubois montre bien un intérêt pour Araminte, qui va en demander des comptes avec ses questions directes pour le coup.
« Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? » questions directes qui impliquent une réponse par oui ou par non, mais qui ne sera pas le cas car Dubois fera une envolée descriptive hyperbolique de Dorante. Dans la première question, l’emploi du conditionnel présent et du subjonctif montre une volonté de la part de la locutrice de ne pas vouloir croire est inscrire dans le réel le procès-verbal, en effet, le conditionnel et le subjonctif implique un procès-verbal dans l’irréel, l’image de la réalité est envisageable mais ne se réalise pas dans la réalité. Dans la seconde interrogation, l’emploi du système corrélatif de la négation, NE + VERBE + FORCLUSIF PAS implique que la négation porte sur la proposition et surtout que le GN.
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