Malade Imaginaire analyse lineaire
Commentaire de texte : Malade Imaginaire analyse lineaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ISAURE.DUFAU • 26 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 1 448 Mots (6 Pages) • 475 Vues
Introduction
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière est l’un des auteurs de comédies les plus reconnus et les plus joués. Ses pièces font la synthèse de la farce populaire et de la comédie de mœurs pour fonder un nouveau type de comédie, caractérisé par sa complexité et sa virtuosité inédites. Son œuvre théâtrale dénonce l’excès des passions et les risques qu’elles infligent à la famille et à la société. Avec le musicien Lully, il crée aussi le genre de la comédie-ballet dont fait partie Le Malade imaginaire : ce nouveau genre offre un spectacle total qui mêle art dramatique, chant et danse. Le Malade imaginaire met en scène un hypocondriaque et tyrannique père de famille qui veut forcer sa fille à se marier à un médecin charlatan, ce qui soulève la colère et la résistance de sa famille. Dans la scène 3 de l’acte III, Bérarde entend raisonner son frère afin qu’il abandonne le projet de mariage.
(LECTURE EXPRESSIVE)
Nous verrons comment cette longue confrontation entre Argan et Béralde oppose deux visions excessives de la science médicale : une sacralisation et une satire de la médecine.
Dans une première partie, de « Mais raisonnons un peu, mon frère » de la scène à « des promesse pour des effets », Béralde considère que la médecine n’est qu’une vaine croyance.
Dans une deuxième partie, de « Mais enfin » à « leurs maladies », Béralde considère que les médecins sont eux-mêmes victimes de la dangereuse inefficacité de leur art.
I – Béralde considère que la médecine n’est qu’une vaine croyance
Argan pose alors le cœur du débat : « Mais raisonnons un peu, mon frère. Vous ne croyez donc point à la médecine ? »
L’emploi surprenant du verbe « raisonner » chez ce colérique témoigne de sa volonté de réfléchir.
Cette question permet à Molière de mettre en scène un véritable débat sur la médecine.
Béralde répond qu’en effet il ne croit pas en la médecine, qui serait inutile.
Cela choque Argan, qui s’exclame et interroge : « vous ne tenez pas véritable une chose établie par tout le monde, et que tous les siècles ont révérée ? »
Les hyperboles totalisantes « tout le monde », « tous les siècles » révèlent qu’Argan croit à la médecine parce qu’elle est perçue positivement par la doxa, l‘opinion dominante.
L’adjectif « véritable » souligne que pour Argan, la vérité correspond à l’opinion partagée par le plus grand nombre.
Or Béralde, lui, s’éloigne de la doxa et adopte une posture de philosophe : « à regarder les choses en philosophe ».
Le champ lexical de la folie récuse toute vertu à la médecine : « folies », « momeries », « ridicule ».
Béralde est un personnage empirique, qui se fonde sur son sens de l’observation comme le souligne les verbes liés à la vue : « regarder », « je ne vois point », « je ne vois rien ».
Si Argan a une confiance aveugle à l’égard des médecins, Béralde oppose au contraire une défiance absolue.
Les deux frères se définissent donc par un même défaut : l’incapacité à penser la nuance.
La critique de Béralde est en effet excessive et radicale comme le souligne les négations totales, les hyperboles et les superlatifs : « je ne vois point de plus plaisante momerie », « je ne vois rien de plus ridicule ».
Béralde prétend néanmoins étayer son opinion par un argument rationnel : « par la raison (…) que ».
Au présent de vérité générale, il rappelle que la nature est un mystère devant lequel l’homme devrait faire preuve d’humilité : « les ressorts de notre machine sont des mystères », « la nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose. »
Argan n’a de cesse de questionner son frère afin qu’il étaye son opinion : « Les médecins ne savent donc rien, à votre compte ? »
Ces questions permettent d’approfondir le débat qui ressemblent à un discours philosophique de type socratique. Argan est bien un personnage complexe et versatile, qui sait raisonner.
Béralde reconnaît aux médecins un savoir, mais qui n’est pas médical : « Ils savent la plupart de fort belles humanités ».
L’énumération de verbes à l’infinitif rend compte d’un savoir abstrait et impersonnel : « parler un beau latin », « nommer en grec » , « les définir, les diviser » .
Mais cette virtuosité langagière et taxinomique* (*de classification) cache en réalité leur incapacité à guérir.
Pour Béralde, le médecin est un comédien qui joue une pièce de théâtre.
Il « donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets. ». Ces parallélismes présentent le médecin comme un magicien qui transforme son discours en remède.
Leurs paroles savantes que Béralde ramène à « un pompeux galimatias » et « un spécieux babil » sont utilisés comme des formules magiques pour impressionner les patients.
II – Les médecins sont eux-mêmes victimes de la dangerosité de leur art
(De « Mais enfin, mon frère, il y a des gens aussi sages » à « ferait à lui-même. »)
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