Malade Imaginaire analyse lineaire
Commentaire de texte : Malade Imaginaire analyse lineaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ISAURE.DUFAU • 27 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 756 Mots (8 Pages) • 1 424 Vues
Analyse linéaire
Introduction
Au XVIIe siècle, le théâtre classique est très codifié. En effet, les comédies répondent à des règles précises tout, comme les tragédies. Les deux genres ne peuvent se mélanger et les dramaturges doivent choisir l'un ou l'autre des exercices théâtraux. Le Malade imaginaire est une pièce de Molière publiée en 1673, dans laquelle Argan veut marier sa fille, Angélique, à un médecin pour assurer ses vieux jours. Cependant, Cléante et Angélique s'aiment d'un amour impossible et tentent de faire désespéramment comprendre au père que c'est ensemble qu'ils veulent se marier. Dans la scène 5 de l'acte II, Cléante se fait passer pour le professeur de musique d'Angélique et ils en profitent pour chanter un extrait d'opéra, inventé de toutes pièces, pour Argan dans le but de lui faire comprendre leur amour. Cependant, Argan qui reste au second degré écoute la pièce simplement, la critique et ne comprend pas le message subliminal qu'essayent de lui envoyer Angélique et son amant
La question qui va guider mon analyse est Comment Cléante parvient-il à se déclarer en dépit des contraintes voulue par l’intrigue ?
Nous décrirons la façon dont il commence par évoquer un récit pastoral parodique avant de décrire une effusion lyrique et l’expression de la passion et de dramatiser son état amoureux dans l’espoir de la révélation de sentiments réciproques
Un récit fictif qui sert de prétexte à la déclaration d'amour
Cléante s’introduit en se faisant passer pour un autre. Il est l’opposé de Thomas Diafoirus. Celui-ci est très instruit mais dépourvu de spontanéité ; il est guidé par son père tandis que Cléante est guidé par ses passions, sa spontanéité et son charisme. C’est ainsi qu’il va déployer un stratagème pour exprimer ses sentiments dans la dernière occasion qu’il lui reste. Il réussit donc à tromper ingénieusement avec la mise en place de ce récit en public. Cette intelligence est innée et non le fruit d’un apprentissage. La tirade débute par une didascalie par laquelle Molière annonce ce qui va suivre, donc une pastorale fictive, ici Molière se moque du fait que ce genre n’a rien de réaliste. Il utilise la parodie des pastorales du XVIIème siècle, en s’appuyant sur les stéréotypes de ce genre. Le récit est donc une scène inventée par Cléante, d'abord racontée l’imparfait et au passé simple : « fut tiré de son attention » est une action de premier plan qui prépare un élément modificateur. (Quelque chose va se produire). Dès le départ, les protagonistes sont mis en scène : un berger, une bergère et un « brutal » personnage grossier présenté par l'adjectif qualificatif qui décrit son trait de caractère. La présence du brutal n'est qu'un prétexte. Ce personnage va disparaître dans la suite de l'histoire. L’élément modificateur a lieu avec les deux verbes « se retourner » et « voir » qui font basculer le récit au présent de narration. Ce présent indique à quel point le narrateur est en train de vivre ce qu'il raconte. Il rend l'histoire encore plus vivante et proche du spectateur ou du lecteur de la pièce qui se met dans une situation d'attente (suspens). Les connecteurs de temps « d'abord » et « après » laissent deviner une action structurée et raisonnable du berger. Le présent de vérité générale « à qui tous les hommes doivent rendre hommage » renforce la justesse de son intervention. Ainsi, avant de voir la bergère, le berger intervient uniquement en raison de sa grandeur d'âme et au nom du respect des valeurs auxquelles il croit. Le récit a ici une triple destination : une première avec Argan, Thomas Diafoirus et son père ; une deuxième avec Angélique puis enfin une dernière avec le public.
Ici, la présence d'une mise en abîme théâtrale est évidente. En effet, la scène théâtrale présente dans l'extrait est celle d'une comédie et l’on retrouve dans celle-ci une mise en abîme : Les deux personnages, Angélique et Cléante, interprètent une scène d’opéra tragique. Les personnages de théâtre incarnent eux-mêmes des personnages d'Opéra. (Différents noms, caractères, situations.) La mise en abîme est ici incarnée par Cléante et Angélique qui deviennent Tircis et Phillis. Le seul personnage étant en dehors de cette mise en abîme est Argan qui rappelle constamment, par les injonctions qu'il utilise, que c'est une mise en abîme, que l’on n’a donc pas changer d'intrigue et que l'on reste dans celle du Malade Imaginaire. « Argan : Ouais ! Je ne croyais pas que ma fille fût si habiles que de chanter ainsi à livre ouvert, sans hésiter. » v.34-35. « Argan : (...) Ah ! Ah ! Où sont donc les paroles que vous avez dites ? (...) » Le spectateur est le seul à avoir une vue d’ensemble du théâtre dans le théâtre.
v.81.
2.Un coup de foudre suivi d'une déclaration d'amour (où : une description de la bergère comme prétexte à la déclaration d'amour)
La vue de la bergère déclenche un coup de foudre qui change le comportement du berger, le faisant sortir de son état de raison. Description de la beauté de la bergère se fait par des hyperboles « deux plus beaux yeux qu’il n’eût jamais vus » et « les plus belles du monde ». (Qu'il eût vus est au plus que parfait du subjonctif) On trouve une occurrence (répétition) des termes de la beauté : « beaux yeux, les plus belles, si belles. L’emploi du discours direct anime le récit. • L'antithèse « humain » et « barbare » et la succession des phrases exclamatives et interrogatives ainsi que l'interjection « hélas ! » montrent que le berger est en proie à un trouble profond qu'il ne peut contrôler. Un champ lexical relatif à l'éveil amoureux avec une gradation et l'emploi de l'adverbe d'intensité « si » : si aimable, aimable bergère, si charmante, si tendre, si passionnée. « si passionnée que.... » la succession des qualificatifs avec l'adverbe d'intensité prépare une proposition subordonnée de conséquence: le berger ne peut que succomber au charme de la bergère. Ce n'est plus la raison qui l'anime, il est en proie à un coup de foudre. « Chaque mot », « chaque regard » : les deux adjectifs indéfinis insistent sur l'effet produit par la bergère sur le berger. « Un trait plein de flamme » : métaphore et l'hyperbole pour montrer l’ampleur de l'amour. L'agitation du berger continue avec les phrases interrogatives qui se succèdent : « est-ce quelque chose qui... ? que ne voudrait-on pas faire... ? quels services, à quels dangers… ? L’exagération « un seul moment » insiste sur toutes les actions que pourrait accomplir le berger pour attirer l'attention de la bergère. Toute la déclaration d'amour se continue sur un ton hyperbolique : l'adjectif indéfini « tout » (le spectacle) qui a une valeur de totalité contraste avec l'adjectif indéfini « aucune »(l'attention) et avec l'adverbe « trop » court relatif au spectacle dont à la fin va le séparer de l'être aimé. Le point culminant de l'hyperbole se produit avec l'expression « un amour de plusieurs années » et avec le superlatif « de plus violent ». De la sorte, cette description hyperbolique de l’amour naissant qui, déjà a envahi tout l'être du berger prépare la mise en scène de la souffrance qu'il va décrire pour pousser Angélique à se déclarer aussi.
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