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Les fausses confidences Marivaux Acte I scène 2

Commentaire de texte : Les fausses confidences Marivaux Acte I scène 2. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 659 Mots (7 Pages)  •  1 293 Vues

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Introduction

  • Renouvellement du genre de la comédie au XVIII ème avec les « surprises de l’amour » de Marivaux
  • Les Fausses confidences, nouvel opus joué en 1737. Dubois, ancien valet de Dorante et nouveau d’Araminte, se propose d’aider son ancien maître dans sa conquête amoureuse d’Araminte. Plus Dubois est certain de la réussite de son projet, plus Dorante en doute.
  • Il s’agit d’analyser la mise en place du stratagème dans la scène d’exposition
  • 3 mouvements :

1.  Un portrait et un autoportrait  L.1 à 4

2.  Un valet dominateur et sûr de soi L. 5 à 20

  1. Un stratège au service des amours de son ancien maître L.21 à fin

  1. Un portrait et un autoportrait  L.1 à 4

  • Dorante brosse le portrait d’Araminte sans la nommer. Sujet des verbes être et avoir, elle est désignée par la périphrase « cette femme-ci » L.1, « veuve d’un mari » L.2 et reprise par les pronoms personnels « elle ». Cette résèrve témoigne d’une extrême discrétion alors qu’il est au domicile d’Araminte, peut-être également le langage de l’amoureux précieux, adorateur réduit au silence par sa condition.

Cette « femme-ci » est définie socialement. A la fois par la place qu’elle occupe, un « rang » L.1, le milieu dans lequel elle évolue, «liée avec tout ce qu’il y a de mieux » L.1-2, et sa richesse « veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances » L.2. Cette énumération brosse un portrait social et matériel, non moral et physique et souligne l'importance sociale d'Araminte aux yeux de Dorante.

Ce portrait est en outre valorisé par le superlatif de supériorité «mieux »  et l’adjectif « grande » L.2.  Ces mots insistent essentiellement sur une position sociale à laquelle s’ajoute une aisance financière.

  • L’autoportrait que Dorante fait de lui-même contraste avec le portrait de « la femme ». Il est construit  en écho, antithétique, et marqué par le point-virgule qui sépare nettement le portrait de l’autoportrait, L. 2 .Dorante reprend la même figure, l’énumération, les mêmes verbes être et avoir, dont le sujet, pronom personnel, « moi » L.3 le désigne. A la connotation positive s’oppose la connotation dépréciative des pronoms indéfinis de négation  « rien » et « point »  L.3 et4.
  • Dorante est conscient des obstacles qui se dressent devant lui, son projet exposé à un futur incertain « elle fera quelque attention à moi », « je l’épouserai » L.3 laisse entendre une confiance très limitée et son pessimisme.

  1. Un valet dominateur et sûr de soi     L. 5 à 20
  • Dubois rebondit sur le mot « bien » auquel il prête un sens différent. Le jeu de mots que permet l’antanaclase (« bien » L.4 matériel, quelque chose de bien L.5) transpose la valeur de son maître sur le plan physique. Son apparence « bonne mine », « tournez-vous un peu que je vous considère » L.5 et 6, « voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles » L.7 et 8 transforme un autoportrait dépréciatif en portrait éminemment mélioratif. Dubois oppose aux tournures négatives de Dorante un superlatif de supériorité à valeur hyperbolique « il n’y a point de plus grand seigneur que vous » L.7 et « toutes les dignités possibles » L.8. La seule « taille » au singulier est affectée d’un prix considérable, ce que suggère l’expression au pluriel et l’adjectif « toutes les dignités possibles ». Dubois procède donc à un renversement des valeurs qui met au premier plan l’apparence, ce qui est donné à voir, et relègue au second la position sociale et la richesse.
  • Le projet de Dubois, énoncé par un présent à valeur de futur proche « je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de Madame » L.9-10, connote une familiarité presque graveleuse, inconvenante, « Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise » L.9-10, alors que Dorante évoquait, respectueusement, le mariage « je l’épouserai ».
  • Dubois se fonde sur le physique de Dorante qui doit provoquer l’amour, « Si vous lui plaisez » L.17 pour croire au succès de son projet. Il lui prête un pouvoir de séduction que Dorante réfute par une exclamation « Quelle chimère ! » L.11, le rappel de sa condition « Elle a plus de cinquante mille livres de rentes » L.14 et son caractère « elle est extrêmement raisonnable » L.16. Les répliques de Dorante entre les lignes 14 et 16 n’ont pas de lien lexical ou grammatical avec celle de Dubois.  Dorante ne se laisse pas gagner par les arguments de son ancien valet qu’il analyse sur le plan sociétal, auquel il se conforme. Dorante objecte que le physique, la « bonne mine » ne peut faire oublier une absence de « rang ». Pour Dubois, seul le physique importe (il établit une égalité de valeur entre l’argent et l’apparence par le parallélisme de sa vive repartie « Ah ! Vous en avez bien soixante pour le moins » L.15, d’autant plus que la femme semble bien manipulable.
  • Dubois réfute les arguments de Dorante avec une confiance et une maîtrise du langage qui attestent de sa connaissance de l’humain et de son assurance. La valeur programmatique des futurs, associée à l’énumération des lignes 18-19, donne à voir au maître la chronologie des événements : « elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible qu’elle ne pourra soutenir qu’en épousant ». Dubois considère Araminte comme un objectif à atteindre sans s’attacher à ce qu’elle peut ressentir : « tant pis pour elle » L.17. Les adjectifs « honteuse » et « faible » accentués par l’adverbe intensif « si » L 18 témoignent de son indifférence. Il concentre ses efforts à contenter son maître, « tant mieux pour vous » L.17.
  • Les rapports entre maître et valet s’inversent. Dubois fait agir Dorante, au sens propre en lui demandant de « tourne[r] un peu que je vous considère encore » .L.5. « Vous », Dorante, est COD alors que « je », Dubois, est sujet. Il  agit en véritable maître en usant de formules affirmatives «Oui,  je le soutiens » L.12, péremptoires « vous m’en direz des nouvelles » L.19-20 et rassurantes « vous vous moquez »  L.6-7 .Certes il le vouvoie, alors que Dorante le tutoie, mais la volumétrie des répliques  prouve son ascendant  et sa verve persuasive. Il manie le langage avec dextérité.
  1. Un stratège au service des amours de son ancien maître L.21 à la fin
  • Dorante éprouve  le besoin de dire qu’ « il aime avec passion » la maîtresse de maison à la fois pour ramener Dubois sur le plan des sentiments et  pour lui donner à entendre l’enjeu personnel que représente la conquête d’Araminte. La « passion », au sens étymologique d’amour et souffrance, a pour conséquence de le faire « tremble[r] » L.21. Cette confidence exclamative modifie l’image que l’on pouvait avoir jusqu’ici de Dorante. Il lui confère une dimension plus humaine, plus tendre, pathétique même. Le début de la scène brossait le portrait d’un homme que l’on pouvait soupçonner de cupidité (vénalité, convoitise).
  • Dubois donne de lui-même l’image d’un conquérant. Il agit en véritable stratège, au sens étymologique de guerrier, qui « condui[t] » Dorante L.26. Il déploie d’ailleurs dans sa tirade le champ lexical de la guerre avec les mots « se rende » L.29, « embarqués » L.32. Il agit en meneur d’homme, « un peu de confiance ; vous réussirez vous dis-je », « Oh ! vous m’impatientez avec vos terreurs » L.21-22, balayant d’un dédaigneux « Eh que diantre » L.21 les objections de Dorante. Les nombreuses occurrences du  pronom personnel « je », les verbes au futur qui expriment sa volonté formelle, renforcée par son champ lexical  « charge, veux, connais, sais » brossent le portrait d’un homme de sûr de lui (il affirmait dans le deuxième mouvement que l’affaire est infaillible, absolument infaillible » L.9. Il use même d’un adage grandiloquent « Quand l’amour parle, il est le maître » L.29-30 qu’il s’approprie « et il parlera ».Ses longues phrases figurent son imagination romanesque. La phrase de la ligne 23 à 29 qui s’apparente à une logorrhée brosse le portrait d’un fanfaron qui imprime un véritable rythme à la conquête d’Araminte. La cadence est martelée, marquée par la répétition de la conjonction de coordination « et », celle des pronoms « vous » et « on » :« je vous conduis et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ». L’association de ces trois pronoms instaure un rapport de supériorité inversé qui tient Araminte pour quantité négligeable, « on », et Dorante pour un homme de qualité, « je sais votre mérite » L.26, certes, mais qu’il faut diriger : « tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous » L.33.

Ce rapport de force est également sensible par l’emploi du pronom « nous » et de l’adjectif « nos ». Ils figurent un trio et une appropriation complète du stratagème et de l’enjeu.

  • Ces éléments de langage pourraient revêtir une  tonalité sombre, Dubois s’apparentant ici à un marionnettiste manipulateur. Pourtant, son discours fait sourire. Il s’exprime avec fanfaronnade et vit véritablement son stratagème. La tirade, et la scène, s’achèvent sur une formule aussi déclamatoire que ridicule « L’Amour et moi nous ferons le reste. » qui relève de la comédie.

Conclusion

  • Une scène d’exposition qui remplit pleinement son rôle en ce qu’elle nous renseigne sur les personnages, leurs relations et le projet de conquête.
  • A l’issue de cette scène, le lecteur se pose la question du lien entre le titre de la pièce et le projet.  Il est donc dans l’attente de ce que seront les « fausses confidences » qu’il imagine distillées par Dubois.
  • Ouverture :

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